325 ans de la congrégation des sœurs de Saint-Paul de Chartres

Comme nous vous l’avions annoncé dans notre article du mois de juin, consacré aux 325 ans de la congrégation, nous allons vous parler de la présence des sœurs dans notre secteur, arrivées en 1724 à Meulan.

C’est en effet cette année-là que furent envoyées sœur Françoise Landé et sœur Louise Meunier au service de l’Hôtel-Dieu qui remontait à la plus haute antiquité (8ème siècle). En 1736, l’école de jeunes filles créée en 1680 par la compagnie de Saint-Vincent de Paul, est confiée à sœur Elisabeth Passard. Le 22 octobre 1810, monsieur Dutartre, maire de Meulan, écrivait à la mère Josseaume, supérieure de la congrégation, pour lui annoncer la mort de sœur Françoise Lobez directrice depuis vingt ans. Cette lettre officielle nous apprend également que l’Hôtel-Dieu de Meulan a traversé la tourmente et qu’en 1810, la supérieure de ce temps-là, celle qui avait sauvé la maison des pauvres et des malades, venait tout juste de rendre l’âme le 17 octobre. La sœur Louise Mallet prendra sa place à la tête de la direction de l’Hôtel-Dieu et la sœur Mélanie Jourdain continuera les petites écoles.

Sœur Rosalie Dubois entrait à son tour dans le repos éternel dans sa 74ème année étant en fonction à l’Hospice depuis quatorze ans. Elle a eu des obsèques solennelles et tous les habitants lui ont témoigné leur respect et leur regret. Sœur Lydie Meunier, l’une des compagnes de la défunte, fut nommée supérieure en 1850. En 1852, la municipalité annexera un Asile (première école maternelle) aux écoles communales et une quatrième sœur en sera chargée. Après 1852, les sœurs de Saint-Paul de Chartres vont mettre en place un pensionnat-externat qui comptait 40 élèves et 150 externes, Sœur sainte Angèle Vigot lui donnera vie pendant quarante et un ans. Elle avait fait sur sa fortune personnelle construire effectivement un beau pensionnat et sur ce terrain, le curé doyen l’abbé Asseline, à qui ses paroissiens en huit jours de temps avaient remis 40 000 francs, avait préparé un Asile et une Ecole Libre. Le 11 août 1880, monsieur Jazon, maire, notifia à la petite communauté « la décision meurtrière de la liberté des pères de famille et de l’instruction chrétienne ». L’école laïque venait de naître et les sœurs de Saint-Paul de Chartres furent remerciées de la plus honteuse des façons. Ainsi fermait-on une école ouverte en 1736, respectée en 1793 et qui, en 1880, ne pouvait plus remplir son rôle au grand désarroi des habitants qui ne voulurent ni laisser partir les religieuses, ni laisser les enfants sans instruction chrétienne, ni voir abandonner une trentaine de pauvres orphelines sans ressource qui ne sauraient où se réfugier. Le 28 avril 1884, sœur Angèle rendit son âme à Dieu et sœur Palmyre d’Anglas maintiendra pendant dix-neuf ans ses œuvres redevenues florissantes. En effet, le 17 août 1887, le nouveau doyen l’abbé Poulain s’adressant à ses écolières confirmera les traditions solides de l’institut religieux de Meulan. Grâce à sa bonne éducation, le pensionnat de Meulan permit à mademoiselle Louise Dumoulin, en 1886, d’être reçue seconde sur quatre mille concurrentes au brevet d’institutrices et ceci, grâce à sœur Maria Adélaide Clavé, sa chère maîtresse. On cultivait dans cette école les beaux-arts, le dessin, la belle musique et bien d’autres matières encore.

Mais que se passait-il à l’Hospice Hôtel-Dieu de Meulan pendant ce temps ?

En 1889, les hospitalières fêtaient les noces d’or de leur vénérée sœur Emmanuel Girouard. Après douze ans de service à l’hôpital de Dreux, elle avait été envoyée à Meulan en qualité de supérieure et y était restée depuis trente-neuf ans. Mais le 1er octobre 1892, la laïcisation de l’Hospice est effective. C’est ainsi que les sœurs hospitalières de l’hospice Hôtel-Dieu Saint Antoine, après près de deux siècles au service des malades et des indigents de la ville, trouvèrent refuge dans la maison hospitalière Berson 20 rue de Beauvais, fondée par l’abbé Poulain, curé doyen de Meulan, suite à la donation testamentaire d’Eugène Berson. Elles y vivront la même vie religieuse et soigneront les vieillards et les malades que les familles voudront bien leur confier.

Difficile d’évoquer toutes les sœurs qui se sont succédé sur la période plus récente à Meulan, mais je citerai les deux dernières directrices :

  • sœur Marie-Joseph arrivée en 1977 qui assura la direction de l’école Saint-Paul, puis Mercier-saint Paul jusqu’en 1992, ayant contribué au succès des différentes étapes : ouverture des classes maternelles au 72 rue Gambetta, regroupement de l’école au 70-72 rue Gambetta grâce à la construction d’un bâtiment ;
  • sœur Marie arrivée à Meulan une première fois en 1966, reviendra en 1993 pour prendre la responsabilité de la Maison Berson jusqu’à sa fermeture en 2008.

Les locaux anciens rendaient difficiles et coûteux les travaux de remise aux nouvelles normes de ce type d’établissement. La présence des sœurs aurait pu s’arrêter là mais grâce à la ténacité du père Stéphane Loiseau, curé de Meulan, à la décision de la mère supérieure et au soutien des paroissiens, la petite communauté de quatre sœurs s’installe à Vaux le 1er septembre 2008 et continue de participer activement à la vie paroissiale.

Elles perpétuent ainsi la présence historique des sœurs de Saint-Paul de Chartres à Meulan et dans la région où elles ont longtemps été engagées auprès des malades à l’hôpital, auprès des personnes âgées à la maison Berson, devenue médiathèque, et dans l’établissement catholique d’enseignement Mercier-Saint-Paul où elles sont toujours actives. Leur mission, dans la discrétion, s’articule principalement autour des jeunes et des enfants, de l’éveil à la foi, des jeunes de l’aumônerie, des jeunes catéchumènes, de la participation à la liturgie, de la pastorale de la santé, du MCR et d’une présence au presbytère. Avec foi et confiance, elles poursuivent leur route tracée par Celui qui les a appelées.

Mesurons la chance et le bonheur de bénéficier de la présence des sœurs dans notre secteur depuis près de trois siècles.

Yves Maretheu