Et pour vous, qui suis-je ?

Il y a deux mille ans, un homme s’est levé et a commencé à parler en public. Sa parole était différente de celle prononcée par les grands prêtres et les docteurs de la loi de son pays, Israël. Son enseignement et ses actes étaient stupéfiants.

Tout le monde s’interrogeait : mais qui est cet homme pour nous parler ainsi ? Jésus était son nom, un nom bien commun à cette époque. Sa foi était celle de son peuple, une foi en un Dieu unique ; et Jésus de dire contre toute attente que Dieu est un Père qui nous aime d’un Amour absolu, inconditionnel, que cet Amour est donné à l’humanité toute entière, et non pas uniquement au peuple élu au temps d’Abraham.

Mais qui es-tu Jésus pour nous parler ainsi ? Un jour, Jésus, tu es allé retrouver ton cousin Jean le Baptiste sur les bords du Jourdain. Bien que troublé de te voir venir à lui, il accepte de te baptiser. Et voilà que du ciel une lumière, telle une colombe, descend sur toi et une voix d’en haut a dit : « C’est toi mon Fils le bien aimé, tu as toute ma faveur ».

Mais qui es-tu donc, Jésus, pour que l’on parle ainsi de toi ? Etrange encore, lorsque tu fus conduit dans le désert pour y jeûner. Le démon te tente et toi autoritaire, tu lui ordonnes : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ». Tenter Jésus serait-ce tenter Dieu ?

Mais qui es-tu Jésus, toi le fils de Joseph le charpentier, toi l’enfant de Marie ? Quand tu enseignes les foules, c’est avec autorité en disant : « on vous a dit que… et bien moi, je vous dis que… », C’est tellement fort que même les prêtres et les docteurs de la loi s’en offusquent. Comment peux-tu parler ainsi et de quel droit, de quelle autorité ? Comment ne pas être troublé ?

Mais alors qui es-tu Jésus, toi le Galiléen ? Les notables établis te prennent pour un illuminé, un blasphémateur, un possédé du démon. C’est bizarre car tu chasses les démons, tu ne peux donc en être un, les loups ne se dévorent pas entre eux. Si tu guéris les malades, si tu fais le bien et si tu nous invites à faire comme toi, cela ne peut pas être au nom du mal, bien au contraire. Tout ce qui est bon ne peut qu’être du côté de Dieu source de tout bien.

Mais alors qui es-tu Jésus ? Tu as un groupe d’amis, des disciples qui te suivent partout, ils sont témoins de tout ce que tu dis et de tout ce que tu fais. Un jour contre toute attente, tu t’adresses à eux « et pour vous qui suis-je ? ». Comme si tu ne le savais pas toi-même !

Peut-être était-ce pour tester leur foi. Ton compagnon, Pierre l’impulsif, te répond du tac au tac : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » et toi tu le confirmes.

Un autre jour sur la montagne, une chose extraordinaire se produit. Tu es transfiguré et voilà que tu parles avec Moïse et Elie et à nouveau cette voix venue du ciel qui redit « celui-ci est mon fils, le bien aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le ».

Alors là Jésus, plus de doute, plus d’interrogation, tu es le Fils de Dieu, c’est le Père qui le dit et tes apôtres t’ont reconnu ainsi. Si tu es venu de Dieu il faut que l’on te fasse roi pour gouverner Israël, car Dieu est roi d’Israël. Le Messie annoncé éloignera les ennemis et libérera le pays de l’occupation romaine ! Mais quand c’est sur le point de se faire, tu te dérobes et tu refuses tout pouvoir terrestre.

Mais que veux-tu Jésus ? Reconnu Divin, tu refuses la place qui te revient de droit à la tête d’Israël ? Là, tes amis ont du mal à te comprendre ! Puis vient le temps où tu parles de toi. Tu t’expliques en disant : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ; je suis le bon pasteur ; je suis la lumière du monde ; mon royaume n’est pas de ce monde ». Alors là, c’est trop fort ; comment dans un corps humain avec ses limites peux-tu être notre Dieu infini ?

Mais qui es-tu Jésus fils de David ? Et toi tu rajoutes des paroles troublantes : « Tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous le faites ». Mais alors qui est mon voisin et moi, qui suis-je pour lui ? Depuis deux mille ans, Jésus, tu nous interpelles sans cesse, avec la même question : « Et pour vous qui suis-je ? ».

Face à tous ces témoignages, face à toutes tes paroles, face à tant d’Amour donné, aujourd’hui, on peut se demander : mais pour toi Jésus qui suis-je, pour que tu t’intéresses à moi ?