313 : Edit de Milan … le temps de la paix

Il y a mille sept cents ans, l’empereur Constantin proclamait « l’Edit de Milan » afin de mettre fin aux persécutions religieuses ; ce fut un grand tournant historique.

 Deux siècles et demi de persécutions

Répondant à la mission que Jésus leur avait confiée, « allez et de toutes les nations faites des disciples », ses apôtres sont partis dès le premier siècle porter la Bonne Nouvelle aux quatre coins de l’Empire romain, alors à son apogée ; il s’étendait tout autour de la Méditerranée comprenant aussi la France, une grande partie de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Europe centrale. Partant de Jérusalem, les apôtres établissaient des communautés chrétiennes, foyers de la nouvelle religion : ainsi Antioche (Turquie) où pour la première fois ils furent appelés « chrétiens », Corinthe (Grèce) et Ephèse (Turquie), Alexandrie (Egypte) et Rome, pour ne nommer que les plus importantes. Très tôt, là où elles se fixaient, ces communautés devaient affronter des persécutions. Il faut avoir en tête que la religion païenne était facteur d’unité autour de l’empereur considéré comme dieu sur terre et honoré comme tel ; or les chrétiens refusaient de sacrifier aux dieux de la religion officielle. Quant aux juifs, eux-mêmes souvent persécutés, ils voyaient d’un mauvais œil ces « dissidents », leur reprochant d’abandonner certaines de leurs pratiques comme la circoncision, au profit de nouveaux rites.

Durant deux siècles et demi, de 64 à 311, les chrétiens furent sporadiquement pourchassés et bien souvent martyrisés comme les saints Pierre et Paul à Rome sous l’empereur Néron (64-68). Le propos ici n’est pas de faire la liste des persécuteurs et des victimes des empereurs qui ont déclenché ces persécutions, mais de rendre compte du climat qui régnait alors dans l’Empire romain avant l’arrivée de Constantin. Il y eut pourtant des tentatives d’apaisement comme «  l’édit de tolérance » de l’empereur Gallien en 260, mais cela n’arrêta pas la plus violente persécution déclenchée par Dioclétien et Maximien (303-305) avec destruction des lieux de culte, confiscation des livres et objets, obligation de sacrifier aux dieux sous peine de mort.

Constantin, empereur de 306 à 337

Des rivalités politiques ont facilité l’ascension de Constantin qui, le 28 octobre 312, au pont Milvius, près de Rome remporta la victoire sur son concurrent Maxence. Il n’était pas chrétien, mais selon la tradition il eut un songe la veille de la bataille : Jésus lui apparut lui montrant un chrisme, symbole du christianisme et lui déclara « in hoc signo vinces », par ce signe tu vaincras. Le lendemain une croix se montra dans le ciel…et Constantin écrasa son rival ! Dès lors, il fit mettre le chrisme sur son étendard, son casque et sa monnaie, mais surtout il donna aux chrétiens la liberté de culte dans tout l’Empire et restitua les biens confisqués ; cette décision est restée dans l’histoire sous le nom « d’Edit de Milan ». Il accorda aux églises l’exemption fiscale et en fit construire de nombreuses dont cinq basiliques parmi lesquelles Saint Pierre de Rome.

Par sa volonté, le christianisme cesse d’être un culte marginal toléré, parfois interdit pour devenir une religion protégée, de plus en plus associée au pouvoir. Constantin convoque en 325 le Concile de Nicée (Turquie), premier concile œcuménique et participe au débat théologique mais pour autant ne renonce pas à son titre de « pontifex maximus », grand prêtre païen et sera baptisé sur son lit de mort pour obtenir le pardon définitif de ses péchés dont de nombreux crimes. Avec lui, le temps devient chrétien : une semaine de sept jours dont le dernier « diedominica », jour du Seigneur est chômé ; c’était aussi le « jour du soleil » que les anglais ont conservé : « Sunday ».

L’œuvre de Constantin est considérable, celle en faveur des chrétiens entra, dit on, dans son désir de l’unité de son empire. Il est inscrit au calendrier byzantin le 22 mai, date de sa mort le jour de la Pentecôte 337.

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