ANNICK RIOU, directrice du campus de formation des professions de santé et des métiers d’aide à la personne de Bècheville

Vous avez sans doute entendu parler de ce centre de formation nouvellement installé sur le site de Bècheville, au milieu d’un magnifique parc boisé de soixante-dix hectares. Afin de mieux connaître les métiers auxquels il prépare, tous porteurs d’avenir pour les étudiants et les différentes voies qui y conduisent, nous vous invitons à rencontrer sa directrice…

 Bonjour Mme Riou, merci de recevoir « Les Echos ». Avant de parler de ce fameux Campus, pouvez-vous nous décrire votre parcours, existe-t-il une voie « royale » pour devenir directrice d’un tel centre ?

Une voie royale, oh non, certainement pas ; pour ma part, il s’agit surtout d’évènements, plutôt favorables, qui se sont succédé. Après mes études d’infirmière au centre hospitalier de Poissy, j’ai d’abord travaillé au centre cardiologique d’Evecquemont, je connaissais déjà cet établissement dans lequel j’avais effectué plusieurs jobs d’été en tant qu’aide-soignante. Puis après une coupure de quelques années, pendant lesquelles j’ai élevé mes enfants, j’ai dirigé les soins dans une clinique de Seine et Marne ; cette responsabilité était difficilement conciliable avec la vie familiale, je me suis alors dirigée vers la formation et ai enseigné dans un institut de formation en soins infirmiers pendant six ans. De retour dans la région et après avoir suivi une formation de cadre de santé, j’ai alors travaillé dans un établissement pour personnes âgées à Magnanville, j’y suis restée six ans. Enfin, après un court passage à la maison de retraite de Triel, j’ai rejoint le Centre Hospitalier Intercommunal de Meulan Les Mureaux (CHIMM) en 2006.

Vous êtes-vous alors tout de suite impliquée dans la création de ce Campus ?

Compte-tenu de mes expériences au milieu des personnes âgées, j’ai d’abord eu la responsabilité du pôle personnes âgées et soins de suite réadaptation (il existe localement deux établissements dans ce secteur, le centre de long séjour Brigitte Gros et la résidence Châtelain-Guillet), mais le directeur, coordonnateur général des soins, m’avait fait confiance en me délégant la mission d’assurer le lien entre la direction des soins et la formation.

L’idée de l’équipe dirigeante du CHIMM était de redynamiser le site de Bècheville et d’utiliser les bâtiments vides de l’ancien hôpital départemental psychiatrique de ce lieu. Le CHIMM avait à l’époque débuté le programme de reconstruction de ses bâtiments d’hospitalisation pour la psychiatrie et le SSR (Soins de suite et de rééducation) et émis l’hypothèse de la création sur le site d’un campus dédié aux professions de la rééducation fonctionnelle. Comme j’ai toujours été intéressée par la formation, depuis mes débuts à la clinique d’Evecquemont j’ai toujours eu une activité dans ce domaine, tout en gérant le pôle personnes âgées, j’ai proposé, en partenariat avec le conseil général et la mairie de Mureaux, le projet de réhabilitation d’un bâtiment en appartement pédagogique afin de former les auxiliaires et assistants de vie aux familles. C’est le début de ce projet qui, à partir de 2007, prenait corps. Enfin, en décembre 2008, après avoir suivi une formation de neuf mois à l’école des hautes études en santé publique (EHSP), établissement de Rennes qui forme les directeurs de soins, j’ai pris la responsabilité de ce campus.

Comment a été créé ce centre, aviez-vous des partenaires pour vous épauler ?

Le Campus de formation des professions de santé et des métiers d’aide à la personne du CHIMM est destiné à la fois aux formations sanitaires portées par le CHIMM et à celles pour l’aide à la personne et ce d’autant plus que, dans le cadre de l’opération d’intérêt national (OIN) qui prévoit et gère les investissements dans notre secteur Seine-aval, la zone des Mureaux avait été choisie pour développer les professions dans ces domaines.

Ce projet est donc celui du CHIMM ; mais en partenariat avec le centre d’initiative des métiers d’aide à la personne des Mureaux (CIMAP) et du Conseil régional, qui finance nos formations, et enfin de l’Etablissement Public d’Aménagement du Mantois Seine-Aval (EPAMSA). Nous sommes aussi partenaires de l’Université de Versailles St Quentin-en-Yvelines (UVSQ) qui assure la partie universitaire des formations.

Alors, racontez-nous, comment êtes-vous passée des deux écoles, celles d’aide-soignante et d’infirmière, à toutes les formations qui sont proposées actuellement ?

Nous avons d’abord commencé par regrouper ces deux écoles pour créer un vrai « pôle formation ». Ceci permettait aussi d’intégrer la formation continue car, et c’est une spécificité du CHIMM, la formation dans son ensemble dépend de la direction des soins et non, comme c’est souvent le cas, du département des ressources humaines. Par la suite tout s’est enchainé rapidement. Dès 2008 tous les dossiers de demande d’agrément étaient déposés et en 2010, nous avons pu augmenter la capacité d’accueil de l’école d’aide-soignante qui est passée de vingt-cinq à quarante places et créer une section d’apprentissage de vingt-cinq places.

Puis, comme le centre de rééducation des Sept Lieux était déjà en projet, nous savions que nous allions avoir besoin de personnel spécialisé dans ce domaine. En 2011, nous avons reçu l’agrément qui nous a permis d’ouvrir une formation d’ergothérapeute, elle reçoit trente étudiants et une école de psychomotricien de vingt-cinq places. La même année a été ouverte une formation d’aide médico-psychologique (AMP) par notre partenaire BUC RESSOURCES. Enfin en 2012, a été créée la section qui préparait au métier d’éducateur de jeunes enfants. Pour compléter notre « catalogue », nous avons maintenant en projet de proposer des formations de masseur-kinésithérapeute et d’orthophoniste. C’est donc une palette quasi complète de formations aux métiers liés à la santé et à l’aide à la personne qui sera offerte aux étudiants ; tout cela est réalisé en partenariat avec le CIMAP des Mureaux qui joue un rôle important dans notre secteur. Cet organisme, devenu association en 2012, a transféré son siège social sur le site de Bècheville et assure, tout au long de l’année, des formations aux métiers d’aide à la personne.

Quels sont actuellement vos effectifs ?

Cinq cent sept étudiants ont fait la rentrée cette année, ce n’est pas rien, et sans compter les élèves du CIMAP.

Comment sont répartis ces étudiants, est-ce qu’ils viennent de la région ?

Cela dépend beaucoup des formations. En ce qui concerne les aides-soignantes et les AMP, elles (la population étudiante est presque 100% féminine) sont presque toutes recrutées dans notre secteur, pour les éducateurs de jeunes enfants et les infirmières, 80 à 90 % sont issus de la région Ile de France, pour les étudiants ergothérapeutes et psychomotriciens, ce taux passe à 50%. Nous avons à leur disposition une trentaine de chambres sur le campus, elles sont bien sûr très recherchées. Les autres trouvent assez facilement à se loger chez l’habitant et, pour les accueillir, deux résidences étudiantes sont à l’étude, l’une à Meulan-en-Yvelines, l’autre aux Mureaux. Nous avons aussi recours au parc locatif privé.

 Opération portes ouvertes du campus

le 8 février 2014

Si nous devions aider nos jeunes lecteurs dans leur orientation, existe-t-il un moyen de connaître les filières qui conduisent à ces métiers?

La meilleure solution est de venir aux portes ouvertes du campus, qui auront lieu le 8 février 2014 ; nous sommes aussi présents sur tous les forums de lycée et manifestations à l’attention des jeunes comme « Bouge ton avenir ».

Toujours dans le but de venir en aide à nos jeunes lecteurs, pouvez-vous nous indiquer les conditions d’admission à ces formations ?

Les niveaux requis sont différents suivant la filière choisie, mais dans tous les cas il faut avoir 17 ans révolus. Pour devenir ergothérapeute ou psychomotricien, il est nécessaire d’avoir un Bac S ; c’est sur ce programme qu’est articulé le concours qui a lieu au mois de mai. Nous avions l’an dernier cinq cent soixante-neuf candidats pour les vingt-cinq places disponibles en psychomotricité et deux cent dix-huit pour les trente proposées en ergothérapie. Pour les infirmières, il faut aussi avoir satisfait aux épreuves du Bac et ensuite réussir les épreuves de sélection, d’abord écrites puis orales. Pour ces trois formations, qui ont l’avantage de préparer à des professions qui peuvent être pratiquées en secteur libéral, il existe, d’octobre à mars, une préparation aux concours ; elle est faite en partenariat avec les lycées des Mureaux, Vaucanson et François Villon ; les inscriptions sont ouvertes en janvier.

En ce qui concerne la formation d’aide-soignante, aucun niveau n’est requis, il convient tout de même de satisfaire à des épreuves de sélection sous forme d’écrit et d’oral ; cependant, certains diplômes dispensent d’écrit. Pour les AMP, le recrutement, après un examen écrit et oral, est ouvert à tous. Enfin, pour les éducateurs de jeunes enfants, la formation est de trois ans après le Bac. Pour ce diplôme, les inscriptions ont lieu en novembre : les étudiants intéressés doivent donc faire vite.

Il faut ajouter que toutes ces formations se concrétisent en fin de cycle par un emploi. Le secteur de la santé et de l’aide à la personne est loin d’être saturé et tous nos élèves trouvent un employeur en quittant le campus ; c’est un paramètre qui me semble très important à souligner.

Comment se passe la vie sur le campus ?

On peut dire que c’est bien animé, nos étudiants font preuve de beaucoup de dynamisme, ils ont d’ailleurs créé plusieurs associations dans un but solidaire. L’une d’entre elles a un projet avec le Burkina Fasso qui s’appelle « Donner la vie sans mourir ». Il s’agit d’installer là bas un dispensaire qui va permettre de faire baisser la mortalité infantile, très importante dans ce pays. Dans un premier temps, ils vont réaliser l’aménagement de cet établissement puis ensuite assurer la formation sur le site. Une autre association a récolté des vêtements, ses adhérents projettent maintenant de les expédier en Roumanie. Tous ces projets sont audacieux.

Avant de nous quitter, pouvez-vous nous parler de l’avenir de ce campus ?

Ce centre est encore très jeune, nous sommes en pleine croissance. En ce qui concerne le court terme, comme je vous l’ai dit, l’avenir se dessine sous forme de nouvelles formations offertes aux kinésithérapeutes et aux orthophonistes. Un de nos objectifs est aussi de développer toutes les disciplines pour faire travailler ensemble tous les métiers liés à la santé et à l’aide à la personne. Nous sommes aussi dans une période « d’universitarisation » de toutes les formations post baccalauréat dans le cadre de l’harmonisation européenne et en vue de leur donner la place qu’elles méritent dans le milieu universitaire. Enfin, mais c’est sans doute un peu fou, nous souhaitons que notre campus devienne un centre de formation reconnu comme d’excellence au niveau régional.

Merci beaucoup Mme Riou pour toutes ces explications, bravo pour votre engagement dans cette voie de formation dans un secteur dont nous avons tous très besoin. Nos lecteurs, et particulièrement les plus jeunes d’entre eux, vont maintenant mieux connaître toutes les possibilités offertes dans votre campus…

                                                                      (Propos recueillis par Jannick Denouël)

 

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