LE PERUGIN, « L’inventeur » d’une nouvelle manière de peindre

PietroVanucci, plus connu sous le nom de « Le Pérugin » a vu le jour vers 1448 dans une petite ville proche de Pérugia (Pérouse en français) dans la province d’Ombrie, c’est d’ailleurs à ce lieu de naissance qu’il doit son surnom. Très jeune, il ressent une grande attirance pour la peinture ; aussi, dès l’âge de 9 ans, il entre en formation dans l’atelier de Benedetto Bonfigli, puis dans celui de Niccolo da Foligno. Par la suite, c’est à Pérouse même puis à Arezzo auprès du célèbre Piero della Francesca qu’il peaufinera sa formation. A une date indéterminée, sans doute vers 1470, il part pour Florence, alors capitale de la Renaissance italienne, où il rejoint « le maître » Andrea Verrocchio, qui a formé presque tous les grands artistes de cette époque dont Léonard de Vinci que le Pérugin a côtoyé pendant quelques années.

En 1478, il est demandé par le pape Sixte IV à Rome ; il participe à la réalisation de nombreuses fresques de la chapelle Sixtine en compagnie de Botticelli et Ghirlandaio. Il est en particulier l’auteur du « Christ remettant les clés à Saint Pierre », une œuvre très caractéristique de son style ; il y peint également « Le voyage de Moïse » et « Le baptême du Christ ». Ces peintures représentent des scènes composées de nombreux personnages dans un paysage idyllique et reflètent parfaitement la très grande sensibilité de l’artiste. C’est sans doute dans ce domaine qu’il est novateur : une très grande pureté, un bel équilibre dans la composition et des couleurs claires qui donnent à ses peintures une vraie belle lumière. C’est quand il revient à Florence, où il a reçu le titre de « Citoyen d’honneur », qu’on lui donne le surnom qui lui restera « Il Perugino » ; il est alors très célèbre et sera, dans les années 1490-1510, sans doute le peintre le plus recherché en Italie. Il se marie en1494 avec la très belle Chiara Fancelli, fille d’un architecte célèbre ; le visage angélique et parfait de son épouse lui servira de modèle pour certaines reproductions de la Vierge.

 Le Pérugin a-t-il inspiré Raphaël ?

Il ouvre alors deux ateliers, l’un à Florence l’autre à Pérouse. On pense que l’un d’eux accueillera celui qui deviendra Raphaël, un grand artiste à qui il va transmettre sa très grande douceur ; il va aussi se montrer très prolifique et curieusement, alors qu’il n’est pas très croyant, il réalise de très nombreuses scènes religieuses : toiles, retables, fresques,… et certains ne manquent pas de le décrire comme « très attiré par l’argent… ». Il est vrai que durant sa carrière il a amassé de grandes richesses, acheté des maisons à Florence et à Pérouse. A la fin de sa vie, en particulier pendant les quinze dernières années, il se montre réfractaire aux nouveautés et on lui reproche sa tendance à reproduire toujours les mêmes motifs. Il meurt en 1523, sans doute de la peste, dans un hameau proche de Florence, Fontignano, où il participait à la décoration de l’église paroissiale.

Il laisse derrière lui de nombreuses œuvres (1) et beaucoup voient en lui le vrai inspirateur de Raphaël ; c’est très possible car, non seulement il semble avéré que le peintre natif d’Urbino (pas très éloignée de Pérouse) a été l’élève du Pérugin, mais celui-ci avait aussi des contacts avec son père Giovanno Santi. Il a réalisé avec lui la décoration de l’église Santa Maria delle Grazie à Fano. Raphaël a-t-il passé cinq ans dans l’atelier du maître, comme l’exigeaient les règles de la corporation de l’époque ? Personne ne peut l’affirmer, mais il suffit de contempler le « Mariage de la Vierge » réalisé par l’élève, exposé à Milan et celui du maître qui se trouve au musée de Caen, pour n’en pas douter. C’est en tous les cas le thème de l’exposition présentée au musée Jacquemart-André (2) où vous pourrez voir des œuvres comparées des deux grands artistes.

  1. Il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour admirer quelques-unes de ces œuvres, certaines d’entre elles sont exposées au musée du Louvre à Paris bien sûr, mais aussi aux musées des Beaux-Arts de Rouen et de Caen.

  2. Exposition « Le Pérugin, maître de Raphaël ? » au Musée Jacquemart-André, 158 Bd Haussmann, 75008 Paris (400 m de la place de l’Etoile), ouvert tous les jours y compris les jours fériés de 10 heures à 18 heures, jusqu’au 19 janvier 2015 Nocturnes les lundis et samedis jusqu’à 20 h 30 en période d’exposition.

     

     

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