Comprendre pour croire, croire pour comprendre

Notre vie de foi est faite de questionnements. On cherche à tout vouloir démontrer. Nous entendons fréquemment ces questions auxquelles, assez souvent, nous avons du mal à répondre : « Si ton Dieu existe, prouve-le ? » « Si Dieu n’existe pas alors pourquoi m’embêter à réfléchir à ce propos ? » « Si ton Dieu existe alors pourquoi tant de misère, de haine et de souffrance, pourquoi les maladies, … ? »

Si l’on cherche à démontrer l’existence de Dieu par l’explication des problèmes que l’humanité rencontre, sans les comprendre nous-mêmes, il est certain que nous n’y arriverons pas. Pour nous chrétiens, Dieu ne se démontre pas car Dieu n’est pas de même nature que l’homme. Il est infini et chercher à le démontrer, c’est vouloir l’enfermer dans un carcan qui n’aura de limites que celles de l’homme et de sa propre pensée. Même si Dieu a pris notre condition humaine en la personne de Jésus il reste malgré tout au-dessus de l’homme. L’homme n’est pas Dieu même si Dieu l’appelle à partager sa divinité au-delà de la mort.

Un scientifique de mes relations me disait un jour :

  • 0, 1, 2, 3… = la vie,
  • Euclide … = l’existence,
  • Cantor … = pourquoi,
  • i = √-1 … = Dieu.

Les matheux comprendront, moi absolument pas ; quoiqu’il en soit, Dieu n’est pas une formule mathématique. Les maths ne concernent que le monde matériel dans lequel nous vivons, alors comprendre pour croire ? Jésus lui-même dit qu’il n’est pas du monde (Jn 17, 14). Reconnaissons que la tâche est impossible. Nous ne sommes pas obligés de comprendre pour croire. La foi du charbonnier peut très bien avoir plus de valeur que celle de celui qui prétend tout savoir et parfois mieux que les autres… Jean Gabin, dans une de ses dernières chansons, disait : « je sais, je sais, je sais… » et arrivé vieil homme de conclure : « je sais que je ne sais rien ! ». C’est la réalité de la sagesse de celui qui a longtemps vécu et qui regarde sa vie et le monde dans lequel il a évolué. Avec lucidité et humilité, il comprend et il mesure mieux ses limites.

L’orgueil de l’homme n’est-il pas de tout démontrer et, en conséquence, de tout dominer y compris Dieu ? Rappelons-nous les paroles du Christ (Jn 20, 27) qui nous dit encore aujourd’hui : « bienheureux ceux qui croient sans avoir vu ». L’apôtre Thomas, à qui il s’adressait, voulait comprendre. Il voulait une démonstration pour croire en la résurrection de Jésus.

Tout le monde n’a pas la capacité de voir ou de comprendre, c’est là où notre foi prend le relais, avoir confiance et croire en l’évangile de Jésus. C’est par la pratique de la prière, les sacrements, la lecture de la parole de Dieu que notre foi grandit et qu’elle nous aide à comprendre ce que Dieu veut bien nous faire comprendre. Restons humbles, tout comprendre de Dieu n’est pas à notre portée, il faut être Dieu pour comprendre Dieu.

Aimer son prochain, rejeter la haine et être artisan de paix c’est déjà avoir une petite connaissance de ce qu’est Dieu. Croire en la résurrection de Jésus et à notre propre résurrection au-delà de la mort, c’est notre foi et notre espérance de chrétiens qui transfigureront nos vies.