Lucile Gibon, présidente de l’association Éveil Enfance

Quoi de plus normal pour ce numéro « spécial enfance », que de rencontrer les responsables d’une association qui œuvre tout au long de l’année auprès des enfants, nous vous invitons donc à faire mieux connaissance avec « Eveil Enfance » ; nous avons rencontré pour cela sa présidente, Lucile Gibon.

Bonjour Lucile, votre association va bientôt avoir vingt ans, comment est-elle née ?

Effectivement Eveil Enfance aura vingt ans en mars de l’année prochaine ; elle a été créée par le Secours Catholique d’une part et l’Enseignement Catholique des Yvelines d’autre part avec pour modèle une association du même genre qui existait à Mantes-la-Jolie, dans la cité du Val Fourré et qui apportait de bons résultats. Une première antenne a donc été ouverte aux Mureaux, dans le quartier de la Vigne Blanche, rue des Giroflées. Plusieurs personnes ont été à l’initiative de cette première réalisation ; on peut citer Pierre Richard, à cette époque directeur du collège Mercier-Saint Paul de Meulan, Christian Carpentier, l’ancien président que j’ai remplacé il y a deux ans, et Jean-Marie Delabre. D’autres personnes sont venues par la suite renforcer notre équipe : Louis Abecassis et Clara Forestier.

Nous n’avons longtemps eu qu’une seule structure, mais il y a une telle demande que nous en avons inauguré une deuxième au mois de mai de cette année : il s’agit de l’antenne Jean Jaurès.

Comment fonctionnez-vous ? Quels sont les objectifs de votre association ? 

Nous sommes une association du type loi 1901, nous avons donc un conseil d’administration, dont font d’ailleurs partie en tant que membres de droit, le Secours Catholique et l’Enseignement Catholique. Mais pour que nos structures fonctionnent, nous avons besoin de salariés ; ils sont actuellement au nombre de cinq : une directrice, responsable des deux établissements, trois « adultes-relais » et une personne en charge du ménage. Il y a également deux jeunes en service civique qui sont en formation animation et surtout douze bénévoles. Malheureusement, toute cette équipe ne suffit pas pour « faire tourner » les deux centres, il nous faudrait au moins huit bénévoles supplémentaires.

Quant à nos objectifs, ils sont très simples : il s’agit de préparer les enfants le mieux possible afin que le cours préparatoire soit pour eux un succès. Nous accueillons donc des enfants âgés de quatre à six ans, qui sont en moyenne et grande section de maternelle. Par le biais du jeu, nous les préparons pour l’entrée en primaire en développant leur vocabulaire, la structure grammaticale et en leur apportant des outils qui vont leur être utiles.

Si je comprends bien, vous travaillez en collaboration avec des groupes scolaires ?

Oui bien sûr, c’est essentiel. Nous sommes en relation avec quatre écoles : les groupes Molière et Pierre Brossolette dans le quartier de la Vigne Blanche et Jean Jaurès et Jacques Prévert dans le quartier des Musiciens. En début d’année scolaire, les directeurs nous informent des familles dans lesquelles ils pensent que les enfants auront un peu plus de difficultés que les autres au moment du passage en CP ; comme ces enfants ont déjà effectué au moins une année dans l’école, ils ont eu le temps de les connaître et d’apprécier leur niveau.

Parlez-nous un peu du rôle des adultes-relais, quelle est leur formation, comment sont-ils recrutés ?

Ils ont ou sont en formation pour obtenir un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) ; il s’agit d’un diplôme de niveau bac qui va leur permettre de travailler auprès de jeunes dans le domaine social, éducatif, culturel ou sportif. Chaque adulte-relais a un tuteur, interne ou externe, qui va le suivre tout au long de sa formation ; nous leur proposons un contrat de trois ans. Dans la grande majorité des cas, ils sont âgés d’une trentaine d’années et habitent le quartier ; ils en connaissent donc les habitants.

En ce qui concerne les bénévoles, aucune formation n’est exigée, mais bien sûr s’ils possèdent le BAFA ou ont une expérience dans le domaine de l’enseignement, c’est un plus ! Dans tous les cas, nous leur proposons des formations qui vont leur permettre d’être plus efficaces auprès des enfants ; il est évident que si vous participez à des jeux dont vous ne connaissez pas la règle, c’est difficile… D’autant plus que le choix de ces jeux n’est pas innocent, derrière chacun d’entre eux il y a au moins un objectif, il faut savoir l’appliquer. Tous ces jeux sont réalisés par oral, il n’y a jamais d’écrit, il ne s’agit pas de se substituer à l’école mais d’apporter un complément de façon à améliorer la confiance en soi des enfants.

D’un point de vue pratique comment cette préparation au CP est-elle réalisée ?

Chaque structure peut accueillir trente-deux enfants, une limite imposée pour des raisons de sécurité, que nous allons chercher dans leur école à la fin des cours, dans le cas de l’accueil en période scolaire. Nous commençons alors par un goûter, puis ils sont répartis par groupe de cinq ou six car les jeux se font par ateliers. Nous avons des mini projets qui nous permettent de structurer le planning de l’année, par exemple cette année, nous avons choisi « l’espace » ; l’année dernière avec le Père Philippe Mallet, nous avons mené un projet théâtre qui a connu beaucoup de succès auprès des enfants et des parents.

Quelles sont les heures et les périodes d’accueil des enfants ?

Pendant la période scolaire, ils viennent au centre le lundi, mardi, jeudi et vendredi de 16 h 30 à 17 h 45 et le mercredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h. Pendant les vacances, nous les recevons tous les jours du lundi au vendredi aux mêmes horaires que le mercredi. Pendant ces moments plus longs, nous pouvons organiser des sorties à la piscine, au cinéma, à la ludothèque par exemple ou des sorties « famille » (l’an dernier au Parc Saint Paul), il y a beaucoup de possibilités.

Je comprends mieux pourquoi vous avez besoin de tant de bénévoles, la tâche est grande. Pour votre part, comment avez-vous intégré Eveil Enfance, quelles sont vos motivations ?

Lorsque j’étais en activité, j’étais enseignante. Au moment de la retraite, j’ai eu envie (et besoin) de faire quelque chose au service des autres. J’ai donc intégré l’association, suis rentrée au conseil d’administration puis, il y a deux ans, en suis devenue présidente. Je ne vous cache pas que je prends beaucoup de plaisir auprès des enfants et … de leurs parents car nous organisons aussi des permanences au cours desquelles nous apportons une aide aux familles. C’est très gratifiant de sentir que l’on est utile et qu’on peut apporter quelque chose.

On peut imaginer que pour réaliser autant de projets vous avez de réels besoins financiers et que le budget doit être conséquent ?

Et il l’est ! Il nous faut à peu près 140 000 €, une grosse partie sous forme de salaire, pour boucler chaque année. Nous recevons bien sûr des aides et des subventions du département, de la Caisse d’Allocations familiales, de la communauté urbaine GPS&O, de l’Enseignement Catholique et de la ville des Mureaux, que nous remercions chaleureusement car ses employés nous donnent également un vrai coup de main pour la partie technique. En nous fournissant du matériel pédagogique, les deux écoles Mercier-saint Paul à Meulan et sainte Marie aux Mureaux nous apportent aussi un grand soutien. Enfin, nous avons plusieurs partenaires comme le Lions Club et le Rotary-Club de Meulan-Les Mureaux, la fondation SNCF, etc. Il faut aussi préciser qu’heureusement, une partie du salaire des adultes-relais est prise en charge par l’état. Les particuliers peuvent aussi, sous forme de dons, nous aider financièrement. Eveil Enfance est une association d’intérêt général habilitée à délivrer des reçus fiscaux et les dons effectués ouvrent un droit à une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 %. Pour les entreprises, il est également possible de déduire des impôts les dons effectués.

Avant de terminer cet entretien, est-ce qu’il y a un message que vous aimeriez transmettre à nos lecteurs ?

J’en ai déjà parlé au cours de notre discussion mais j’insiste encore sur le besoin que nous avons de nouveaux bénévoles. Si nous ne trouvons pas rapidement huit personnes, nous serons sans doute dans l’obligation de fermer le centre Jean Jaurès, ce serait vraiment dommage. Je le répète, si ces bénévoles ont déjà une expérience éducative ou un diplôme genre BAFA ce sera un plus, mais ce n’est pas indispensable ; dans le cas contraire, l’association se chargera de la formation. Il n’y a pas plus belle récompense que le sourire des enfants lorsqu’ils sont heureux d’avoir réussi ! Je peux vous assurer que « ça rend heureux ! »

Enfin je voudrais remercier les Echos de me donner la possibilité de présenter cette association et de dire encore quelle joie je trouve dans cette action, venez nous rejoindre !

Voilà je crois que tout a été dit, est-ce qu’il est besoin d’ajouter qu’Eveil Enfance accomplit un travail formidable… Bravo à Lucile et à tous ces bénévoles qui donnent de leur temps pour une belle cause.

(Propos recueillis par Jannick Denouël)

 

Pour tout contact : Par téléphone : 01 30 22 13 28 – Par email : eveil.enfance@orange.fr

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