Eugène Delacroix, un surdoué du Romantisme

Le musée du Louvre met à l’honneur, du 29 mars au 23 juillet, Eugène Delacroix, un surdoué de la peinture. La richesse et la diversité de son œuvre, politique, religieuse et orientaliste, permet à chacun de trouver ce qui parle à sa sensibilité. Delacroix, on aime ou on n’aime pas, se fiant le plus souvent à un type d’œuvres alors qu’il est si divers !

Sa vie, son œuvre

Ferdinand Victor Eugène Delacroix nait à Saint Maurice (Val de Marne) en 1798 au moment où le Directoire, de coup d’état en coup d’état, chancelle. Napoléon Bonaparte, revenu d’Egypte, va le renverser par celui du 18 brumaire et prendre la direction de la France pour quinze ans ! La Révolution est bien finie, mais la stabilité n’est pas toujours au rendez-vous : Delacroix connaîtra le premier Empire, la restauration monarchique avec Louis XVIII, Charles X et Louis Philippe, la deuxième République et le second Empire, avec à la clé deux révolutions, celles de1830 et de 1848 ! Ces turbulences de l’Histoire ont eu un impact sur son œuvre qui incarne, avec celle de Géricault, le « Romantisme », opposé au néo-classicisme dont Ingres était le champion.

Peinture historique romantique Commémoration des trois glorieuses (la révolution de juillet) le 28 juillet 1930

Les douloureux évènements de la vie de Delacroix : mort de son père quand il n’a que 8 ans et de sa mère à 16 ans l’ont peut-être prédisposé à mettre en scène des évènements, le plus souvent dramatiques, qu’ils soient historiques ou autres, tels deux tableaux « Le massacre de Scio »* 1822-1824, drame de la guerre d’indépendance grecque qui a ému toute l’Europe, tableau considéré comme le manifeste de l’école romantique, et « La Liberté guidant le peuple »* évocation de la Révolution de 1830. Delacroix recherche, là encore, la vérité poétique plus que la restitution fidèle d’un évènement particulier ; il mêle sensualité et cruauté sans toujours parvenir à nous émouvoir.

Comme Théodore Géricault, il fut élève de David, un classique s’il en fut, mais il rompt avec ce style en allant au Louvre copier Rubens et Véronèse. Il expose pour la première fois au Salon de 1822 avec « Dante et Virgile aux enfers »* puis très régulièrement. Lors d’un voyage en Angleterre, il découvre le théâtre de Shakespeare qui va inspirer une partie de son œuvre. En 1828 il déchaîne les foudres de la critique avec sa « Mort de Sardanapale »* : on y voit le roi assyrien, étendu sur son lit, faire égorger ses concubines et ses bêtes sauvages. Son voyage en Afrique du Nord lui inspire de nombreuses esquisses et tableaux « orientalisants » comme « Femmes d’Alger »* et « Noces juives »* (1834 et 1841). Delacroix reçut de nombreuses commandes publiques et y consacra la fin de sa vie. Ses grandes décorations murales ornent aussi bien le Palais-Bourbon (1833-1847) que celui du Luxembourg (1840-1846), le Louvre dont la Galerie d’Apollon (1850) et l’église Saint-Sulpice (1861). Impossible ici d’évoquer toute son œuvre de dessinateur, peintre et graveur tant elle est abondante, mais en dehors du Louvre, on peut l’admirer dans l’intimité de sa maison devenue musée national, 6 rue Fürstenberg Paris 6e, où, déjà fatigué, il s’installa pour se rapprocher de son chantier de Saint-Sulpice.

Son journal et sa correspondance sont de précieux témoignages de son époque. Il fut reconnu et honoré de son vivant et meurt à Paris en 1863 des suites d’une longue maladie ; il est inhumé au Père Lachaise.

*Tous ces tableaux se trouvent au Louvre