Félix Potin, on y revient !

Les plus anciens se souviennent de ce slogan publicitaire des années 1970 ; cette tirade, facile à retenir, résumait la notoriété de cette enseigne !

Internaliser la production, devenir son propre fournisseur

Né le 9 juillet 1820, il y a tout juste deux cents ans, Félix Potin fut un épicier novateur. Fils de cultivateur, il est attiré par le commerce et fait son apprentissage dans plusieurs épiceries. Il a 24 ans quand il loue, en 1844, son premier magasin à Paris 9e au 28, rue Coquenard. Rapidement il ne se contente pas de gérer sa boutique, il veut se démarquer de l’épicerie traditionnelle d’alors. Précurseur du business éthique, il applique quatre principes : vente à bon poids, produits de qualité, marge bénéficiaire réduite et prix affichés en magasin. Afin d’éviter les intermédiaires qui gonflent les prix, de contrôler la qualité de la marchandise, il se donne pour objectif d’internaliser la production, jusqu’à devenir son propre fournisseur. C’est ainsi qu’il implante l’usine Potin porte de la Villette à Paris. Ce site, qui sera malheureusement partiellement détruit en 1918 sous les coups de la grosse Bertha, produit confiserie, biscuiterie anglaise et française, pâtisserie et chocolat, mais également charcuterie et salaison. Une section de l’usine est entièrement dédiée à la production de sucre, indissociable de celle du chocolat.

A son décès en 1871, Félix Potin est un boutiquier réputé à la tête de deux épiceries portant son nom. En 1886, la marque Félix Potin est déposée par ses héritiers. La prospérité continue puisqu’en 1906, les usines Potin emploient 1 800 personnes puis 8 000 en 1927. Et en 1956, la marque compte 1 200 magasins. Si elle ouvre des sièges opulents à Paris, c’est à travers le développement d’un système de succursales et de concessionnaires que les produits de la maison Potin envahissent le pays entier. Potin crée un système de concessions, ouvertes par d’anciens employés du réseau parisien, autonomes et capables de gérer leur activité et leur stock de façon indépendante. Malheureusement, le rêve Potin ne résista pas à la concurrence des grandes surfaces, combinée à de malencontreuses fusions-acquisitions et à l’avidité de certains des propriétaires qui se sont succédé, pensant plus à l’immobilier qu’au commerce : Félix Potin fut mis en liquidation judicaire le 22 décembre 1995, ce qui entraîna la fermeture des 370 derniers magasins.

Aujourd’hui, l’enseigne Félix Potin a été rachetée et est présente dans le sud-est de la France distribuant plus de 6 000 produits d’épicerie et de frais et adhérant au réseau France Frais garant des valeurs : proximité, sens du client et du service, défense de la filière laitière et relation de collaboration durable avec ses producteurs.

Retour à l’économie sociale et solidaire

A l’heure où l’internalisation, la relation avec le territoire et la fin des intermédiaires reviennent au cœur des débats, n’allons-nous pas être amenés à étudier de près les opportunités de l’économie sociale et solidaire et, peut-être, à s’inspirer, en partie, de cette ancienne aventure ?

Felix Potin, on y revient !

Véronique Schweblin

One thought on “Félix Potin, on y revient !

  • jeu 16 décembre 2021 à 16 h 14 min
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    Merci, quand je lisais un livre de Julian Barnes qui s’agit de Monsieur Samuel Pozzi, je me suis rappelé de ce slogan des années 1970. Il y a beaucoup de photos dans ce livre qui sont d’origine des collections Félix Potin (fin 19ième siècle).
    On y revient toujours!

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