Georges Simenon, un boulimique de la vie et de l’écriture

Un boulimique de la vie et de l’écriture

Le 4 septembre prochain, nous fêterons le trentième anniversaire de la disparition d’un écrivain qui a tenu en haleine un nombre considérable d’amateurs de romans policiers !

Ce Belge francophone est un boulimique de la vie qu’il a croquée à pleines dents et de l’écriture ; Il est décédé à Lausanne le 4 septembre 1989 à l’âge de 86 ans.  Georges Simenon, connu surtout par Maigret son mythique commissaire, a bien d’autres cordes à son arc ; on lui doit non seulement cent quatre-vingt-treize romans mais aussi cent cinquante nouvelles, des pièces de théâtre, des adaptations pour la télévision… sans compter ce qu’il a publié sous des pseudonymes. Il est après Jules Verne et Alexandre Dumas l’auteur français le plus lu dans le monde grâce à des traductions en quarante-sept langues !

Son parcours

Bon élève en primaire, c’est à12 ans qu’est née sa vocation d’écrivain. Durant trois années, il poursuivra ses études chez les jésuites mais doit les abandonner car son père est tombé malade. Il n’a alors que 15 ans ; c’est le temps des petits boulots, entre autres un apprentissage de pâtissier.  A 16 ans, il entre à la « Gazette de Liège » en tant que reporter des faits divers, une mine d’or pour le futur écrivain de romans policiers. Sous divers pseudonymes, il publie des articles à la pelle. Ce sont avant tout les enquêtes policières qui le fascinent et surtout celles qui relèvent de la police scientifique ; il approfondit aussi ses connaissances du milieu de la prostitution et des marginaux.

Il vit tout d’abord en Belgique, sa patrie, mais vient à 19 ans à Paris, où il publie des contes légers, des histoires galantes et humoristiques dans des collections à bon marché où  apparaît déjà le nom de Maigret.  Pouvait-il alors se douter que  ce mythique commissaire lui vaudrait une renommée presqu’universelle !

Il a le goût des voyages et découvre l’Europe, l’Afrique puis l’Amérique, faisant des reportages publiés par la grande presse mais son port d’attache sera dorénavant la Suisse bien que les Belges ne veulent pas le lâcher ; il y est reçu en 1952 à l’Académie royale. Quant à l’Université de Liège, elle s’attache ce fils prodigue en créant un centre d’étude « Georges Simenon » ce qui lui vaudra en 1977 la reconnaissance du don des archives littéraires du prolixe écrivain.

Durant la guerre, il vit près de La Rochelle qu’il affectionne particulièrement et s’occupe des réfugiés belges. Si on peut le taxer d’antisémitisme à travers dix-sept articles sur « le péril juif », il n’est pas prouvé qu’il ait joué un rôle dans la gestapo et pourtant en 1945, il n’attend pas qu’on vienne le quérir, il part en Amérique où il restera dix ans.

La vie privée de Simenon n’est pas non plus un long fleuve tranquille : en 1923, il  épouse Régine Renchon dite Tigy dont il divorce en 1950 pour  convoler avec sa secrétaire,  Denise Ouinet. Il a 56 ans à la naissance de Marc son fils aîné et biographe ; il sera suivi de John, Marie-Jo et Pierre.  Ce n’est pas un petit saint notre Simenon, il s’est même vanté faisant son bilan à 74 ans d’avoir « connu » dix mille femmes dont une majorité de « professionnelles ». Cela ne nuit en rien à sa passion de l’écriture et sous sa plume, en raison de dix pages par jour le commissaire Maigret né en1929, poursuivra sa carrière jusqu’en 1972 ! Notre écrivain a su signer de juteux contrats avec ses éditeurs : Gallimard et Fayard ; la consécration sera la publication de quatre de ses romans dans la Pléiade. Quand le cinéma s’empare de ses fictions, et il ne compte pas moins de cent quatre-vingt-sept films. Il se noue d’amitié avec les plus grands réalisateurs : Jean Renoir, Marcel Carné, Henri Verneuil Claude Autant-Lara… Le choix des acteurs qui interprètent Maigret est primordial ; nous retiendrons Jean Gabin, Jean Richard, Bruno Crémer, son ami. Simenon ! c’est tout un monde qu’il nous faut quitter. Alors faisons tomber le rideau sur une de ses pièces de théâtre à moins que vous préfériez le voir présider le Festival de Cannes en 1960.

Chapeau monsieur Maigret, pardon monsieur Simenon !