J’ai fait le rêve … dit le pape François

Le pape François engage avec constance l’Eglise toute entière sur un chemin d’écoute et de dialogue. Le document « Joie de l’amour », publié il y a deux ans, est le fruit d’un long chemin de consultation de tous les chrétiens dans chaque diocèse du monde et de deux synodes à Rome, réunissant sur deux années des cardinaux, des évêques, des prêtres et des laïcs. Qu’il est beau ce chemin parcouru ensemble en prenant le temps du dialogue avec les familles des cinq continents ! Les familles vivent des situations bien diverses sous chaque latitude, situations de pauvreté ou d’abondance, situations de paix ou de guerre, situations de liberté de conscience ou de dictature, … mais partout la famille est lieu d’aspiration à la joie et l’amour. Nous prenons conscience de cette conversion dans la parole de l’Eglise, au moment où va se dérouler à Rome un autre synode, le synode des jeunes du 3 au 28 octobre prochain, dans le même esprit d’écoute et de travail avec la jeunesse du monde entier ! Parallèlement à une consultation en ligne pendant l’année 2017 qui a recueilli cent trente mille réponses et un travail dans chacun des diocèses des cinq continents, un document de quatorze pages élaboré avec trois cents jeunes réunis au Vatican a été remis au pape le dimanche des Rameaux par un jeune du Panama où auront lieu les prochaines Journées mondiales de la jeunesse en 2019. Il faut dire que François, avec son franc-parler habituel, n’a pas hésité à demander aux jeunes de faire taire leurs aînés et de « parler sans gêne ». Il est bouleversant de voir l’attente profonde des jeunes vis-à-vis de l’Eglise, une Eglise vraie qui n’a pas peur de reconnaître ses fragilités, une Eglise où la hiérarchie ne se protège pas dans une tentation de cléricalisme, une Eglise avec des pasteurs auprès de tous plutôt que préoccupés par le fonctionnement institutionnel.
Oui, il est bouleversant de voir l’amour des jeunes pour l’Eglise, car ils comptent sur elle pour les aider à suivre Jésus. Ils ont besoin de communautés attentives pour se construire dans un monde qui les inquiète, dans un monde instable avec ses migrations forcées et ses déserts écologiques créés par une surconsommation effrénée, dans un monde où les familles sont douloureuses à cause des guerres, des pauvretés ou des décisions non responsables des adultes. « Si les autres se taisent, si nous, les aînés et les responsables sommes silencieux, si le monde se tait et perd la joie, je vous le demande : est-ce que vous crierez ? », leur lançait le pape le dimanche des Rameaux. Les Pères synodaux sont ainsi invités en octobre prochain à tout entendre du cri des jeunes du monde. Le pape François veut initier cette conversion à l’écoute dans toute l’Eglise, à tous les échelons, dans chaque communauté, surtout les grandes. Dans son exhortation citée plus haut « Joie de l’amour », le pape invite chacun à l’attention, l’accompagnement et au discernement pour chaque situation familiale. Il n’y a pas, disait-il, d’un côté des familles qui réussissent et de l’autre des familles en échec : tous nous avons besoin de conversion et de miséricorde. Et si dans nos communautés, nous faisions nôtre le rêve des jeunes d’une église accueillante à tous. J’entends encore une personne me dire qu’elle faisait partie d’une équipe liturgique dans son pays d’origine. A ma question de savoir pourquoi elle reste toujours au fond de l’église en France, elle répond : « personne ne vient me demander de participer ». Un peu comme le paralysé que Jésus guérit quand tous sont inattentifs ou enfermés dans leur « on a toujours fait comme ça ». Et si le pape n’avait d’autre ambition que de nous inviter à faire comme Jésus….