La présence de Dieu

Depuis plus de trois mille ans, le peuple d’Israël croit en Dieu sans le voir. Dieu ne se laisse pas voir car, selon la tradition, on ne peut voir Dieu sans mourir. C’est pourquoi dans l’ancien testament quand Dieu s’approche des hommes, ceux-ci se voilent la face ou se prosternent, le visage contre terre.

Au fil des siècles, le peuple d’Israël continue de marcher de relecture de vie en relecture de vie afin de discerner la Sainte Présence de Yahvé dans son histoire et dans l’intime de chacun. Pour nous chrétiens, aujourd’hui comment voyons-nous la présence de Dieu dans notre temps et dans notre vie. Pour cela, il nous faut remonter dans notre histoire.

Les tous premiers chrétiens ont eu le privilège de voir Dieu en la personne de Jésus. Ses disciples et amis ont vécu, mangé, voyagé avec Lui. Ils ont écouté son enseignement et ont reçu pour mission de parcourir le monde pour annoncer la bonne nouvelle que Dieu nous aime de manière inconditionnelle et veut être en parfaite communion d’Amour avec nous.

Jésus nous a dit : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ». Cela veut dire que l’Esprit de Dieu habite en nous, tout comme il nous invite à habiter en Lui, à vivre d’une même vie !

Cela s’appelle la communion, union commune, réciproque entre deux êtres dans laquelle tout est partagé, notre humanité en Dieu et la divinité de Dieu en l’Homme. La communion, c’est plus qu’une présence. On peut être présent en étant côte à côte, mais ce que Dieu souhaite c’est qu’ensemble nous soyons UN.

Comment, dans notre monde matériel, peut-on faire pour être en communion avec notre Dieu que l’on ne voit pas et qui ne partage pas la même condition physique que nous ? Cette recherche de la Sainte Présence ne peut se faire qu’à la lumière de la résurrection du Christ.

Les chrétiens reconnaissent que Dieu se donne à nous en la personne de Jésus de manière parfaitement réelle dans le pain et le vin qui, une fois consacrés lors de la messe, nous sont donnés à manger et à boire. Non, on ne mange pas Dieu, c’est Jésus ressuscité en son corps glorieux qui se donne et qui vient en nous jusqu’au plus profond de notre être à l’image des nutriments du pain et du vin qui se diffusent dans le plus intime de notre corps.

Toute la vie de Jésus est marquée par les signes de la nourriture spirituelle donnée à l’humanité, il dira même « l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt 4, 3-4) et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous (Jn 1, 14)  » :

  • à sa naissance, Jésus est couché dans une mangeoire à la place des aliments destinés au bétail (Lc 2, 7),
  • il est né dans un village appelé Bethléem ce qui veut dire « maison du pain » (Mt 2, 1),
  • il multiplie les pains pour rassasier les foules (Jn 6),
  • il dit clairement : « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif» (Jn 6, 35),
  • il promet l’Eau Vive à la Samaritaine (Jn 4, 10),
  • il a une façon bien particulière de rompre le pain, c’est à ce geste que les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu (Lc 24, 30).

Au moment où il allait subir sa passion, Jésus institua l’eucharistie en s’identifiant au pain et au vin. Il donne tout son Etre, tout ce qu’il est, son corps et son sang, par amour, pour le salut de l’humanité. Jésus n’a pas consacré une fois le pain et le vin il y a deux mille ans, il les consacre et se donne aujourd’hui à chaque eucharistie car il a dit « faites ceci en mémoire de moi ».

Faire mémoire, c’est rendre actuel l’évènement célébré. Jésus demeure présent aujourd’hui, c’est pourquoi la messe est le moment privilégié de la rencontre de Dieu avec l’homme. Nous pouvons voir le Christ parce que nous savons qu’il est vivant, ressuscité, dans le pain et le vin. Par le pain et le vin, le chrétien est profondément uni à Jésus, c’est la communion.

Si tous, nous ne faisons qu’UN, alors nous formons un seul corps, comme le dit saint Paul « un seul corps dont la tête est le Christ ».

« Et voici que Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt, 28,20).

L’homme attend des signes extraordinaires pour voir la présence de Dieu. Il ne se laisse pas voir facilement car nous sommes trop « pollués » par le matérialisme de nos vies et parce que nous peinons à nous recueillir, à ouvrir nos cœurs à Dieu.

La foi demande et exige beaucoup d’écoute, beaucoup d’humilité et beaucoup de patience.

Seigneur Jésus, ouvre mon cœur, mon esprit à ta Sainte Présence et libère moi des entraves qui gênent cette communion à laquelle tu aspires tant, à laquelle je veux m’abandonner avec amour et confiance.