Le « cimetière joyeux » de Sapanta

Parmi les monuments funéraires classés par l’UNESCO, nous trouvons au premier rang mondial la Vallée des Rois en Egypte et au premier rang en Europe (2° rang mondial), le Cimetière Joyeux de Sapanta (Roumanie).

Que peut-il y avoir de joyeux dans un cimetière ?

Généralement en France, les cimetières sont surtout des alignements de sépultures souvent surmontées d’une croix et fleuries une fois par an lors de la fête de la Toussaint. A Sapanta, au nord de la Roumanie, région des Maramures (prononcer maramourech), entre l’Ukraine et les Carpates, on trouve un lieu très différent. Des sépultures fleuries, colorées, particulièrement entretenues par des croix en bois peintes en une nuance de bleu un peu différente du bleu de Voronet, appelé « bleu de Sapanta ». Mais la particularité de ces croix, c’est qu’elles racontent aussi la vie du mort, son métier (avec humour, en poésie) ou quelques anecdotes à son sujet.

Ce lieu est d’ailleurs surnommé le « Cimetière joyeux » ou « cimitirul Vesel ». Il est un joyau de l’art populaire né de l’imagination débordante d’un sculpteur local Stan Ioan Patras. On l’associe à la culture des Daces dont la philosophie se basait sur l’immortalité de l’âme, considérant la mort comme un moment de joie car le défunt arrivait dans un autre monde, dans une vie meilleure.

Tout commença en 1934.

Le panneau explicatif à l’entrée du cimetière, signé prêtre Iustin Lutai, nous en donne le commentaire suivant : « Le cimetière constitue l’œuvre déployée pendant toute sa vie par le fameux sculpteur, peintre et poète populaire Ion Stan Patras, continué à sa mort par Dumitru Pop ». Jusqu’à sa mort en 1977, Ioan Stan Patras sculpta et repeignit les croix en bleu, symbole de l’espoir et de la liberté.

Chaque stèle en chêne, haute et étroite, est surmontée d’une croix coiffée, différente à chaque fois, ornée de motifs floraux ou géométriques de couleurs vives, ciselée dans le bois. Sur la face avant et quelques fois au dos, un motif sculpté en faible relief, au dessin naïf, vivement coloré, évoque, par un portrait ou une saynète, un trait de caractère, une passion, le métier, un moment saillant de la vie du défunt ou les circonstances paisibles ou tragiques de sa mort.

Ces œuvres sont une explosion de couleurs. Le bleu Sapanta symbolise l’espoir et la liberté ; le vert, la vie ; le jaune, la fécondité ; le rouge, la passion et le noir, la mort.

Et Iustin Lutai continue ainsi : « Chaque croix est gravée d’une épitaphe écrite en vers courts… néanmoins chargés d’esprit et de talent… Certaines ont également une touche d’humour… Chaque épitaphe comprend, en quelques vers, le nom et l’essentiel de la vie de la personne gisant sous la croix. A ce titre, l’obituaire de Sapanta constitue une véritable chronique de la vie des gens de cette localité, avec leurs divers sentiments, préoccupations, pensées, états d’âme ».

Aujourd’hui, ce site compte plus de huit cents stèles et est devenu l’une des grandes attractions touristiques de la région. Il y a des croix mortuaires pour les personnes décédées pendant la guerre ou dans les prisons politiques de l’ère communiste. L’une des croix commémore la vie d’un jeune homme mort dans le métro parisien en 2007.

Ici repose Dumitru Holdis Il a vécu 45 ans et il est Mort de mort forcée en 1958

 

Des liens pour compléter cet article :

Tombes et Sépultures – Sapanta

Vacances en Roumanie : le cimetière joyeux de Sapanta

Serge Panarotto : Sapanta, le cimetiere joyeux

« Dansez sur moi, dansez sur moi, le soir de mes funérailles », chantait Claude Nougaro. Roumain dans l’âme ?