Le garçon et le rocher

Nous vous invitons à une petite méditation sur un conte de Châteaubriant : « Le garçon et le rocher ».

C’était dans un petit village de la montagne, perdu au pied d’un immense rocher qui le dominait de sa masse granitique et dans lequel avait été sculptée par la nature une gigantesque figure humaine.

Cette figure régnait sur toute la contrée, imposante non seulement par ses dimensions colossales mais aussi par son expression royale et grandiose. Au-dessous d’elle, l’imperceptible amas de maisons ne paraissait rien de plus qu’un infime nid d’écoufles ou d’émerillons. Mais voici ce que sous les toitures humaines on se plaisait à dire.

On disait qu’un jour, un homme d’une bonté merveilleuse et ressemblant trait pour trait à la figure de la montagne viendrait dans l’humble hameau exercer sa vertu et répandre d’inoubliables bienfaits. C’est là ce qu’on disait le soir aux veillées ou quand les anciennes gens se faisaient le besoin d’un beau souvenir ou quand les enfants s’attiraient le rappel d’une instruction utile, ou quand les pauvres malades réclamaient le cordial de l’espérance.

Or, un certain garçon, qui comme tout le monde avait appris la merveilleuse prédiction, en avait reçu dans son cœur une impression si vive, qu’il ne cessait d’y réfléchir et de tenir les yeux levés vers la grande figure immobile. Souvent, il se mettait sur le pas de la porte et regardait là-haut cet immense géant si différent des petits hommes qui se mouvaient au-dessous de lui. Il laissait son âme s’envoler vers le mystère de la belle promesse : quels seraient ces bienfaits incomparables ? Quels trésors s’écouleraient des mains de ce héros magnifique ? De plus en plus, il chérissait la grande figure de pierre, en même temps que sans en avoir conscience, il lui ressemblait graduellement.

Et cela dura de nombreuses années, le nombre d’années qu’il fallut pour qu’il atteignit l’âge d’homme… jusqu’à un certain jour qu’il s’en allait par la place du village et que ses amis et voisins, levant les yeux, eurent une émotion indicible en se rendant compte que celui dont l’antique tradition prédisait la venue, était au milieu d’eux.

En lisant ce conte, nous pouvons mieux comprendre comment la prière et la méditation nous transforment. En méditant devant la figure gravée dans le rocher, le garçon en arrive à lui ressembler. De même en entrant plus avant dans la Parole de Dieu, en la méditant, nous devenons de plus en plus ouverts à l’Esprit Saint qui est en nous et nous nous transformons de plus en plus en Parole vivante de Dieu, réinventant par nos vies le message de l’évangile