Y a-t-il un pharisien en nous ?

Qu’est-ce qu’un pharisien ? C’est, à l’époque de Jésus, un homme « bien » ! Il s’efforce de respecter les six cent treize commandements de la loi juive et ce, à la lettre, avec notamment l’obsession d’éviter toute souillure qui pourrait remettre en cause sa pureté rituelle. Il s’éloigne du péché par la rigueur de sa pratique.

Alors si les pharisiens sont des gens bien pourquoi Jésus s’est-il fréquemment heurté à eux en les traitant, notamment, de « sépulcres blanchis à la chaux ». L’attaque est violente, surtout si l’on sait qu’à l’époque de Jésus tout ce qui touche à la mort, aux caveaux et sépultures conduit automatiquement à l’impureté. Jésus veut dire que l’apparence blanche (pure) visible de l’extérieur cache en fait une souillure profonde à l’intérieur.

« Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des tombeaux blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures. C’est ainsi que vous, à l’extérieur, pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal » (Mt 23,27-28).

De même lorsque des pharisiens lui présentent une femme prise en flagrant délit d’adultère passible de la peine de mort par lapidation, Jésus dit : « comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés » (Jn 8, 7-9).

Dès cet instant les accusateurs abandonnent leurs poursuites. Même pour un motif légitime, donner la mort rend impur.

Et Jésus de dire à la femme : « Alors, personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur ». Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Au-delà de la faute il y a toujours la miséricorde de Dieu qui va vers ceux qui se repentent.

Autre exemple : ne pas respecter le sabbat afin de venir en aide à son voisin, à son frère a plus de valeur aux yeux de Dieu que le sabbat lui-même.

Ce que reproche Jésus aux pharisiens c’est de respecter la loi pour ce qu’elle est en oubliant le fond, en oubliant la démarche d’amour qui doit accompagner chacun de nos gestes, en oubliant l’Amour inconditionnel de Dieu.

Tout au long de l’évangile, Jésus nous montre que les actes d’amour authentique priment sur la loi divine et que chaque prescription de cette loi, vécue sans amour, n’a que peu de valeur aux yeux de Dieu.

Jésus nous prend à témoins : …il vit les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc du temple. Il vit aussi une veuve misérable y déposer deux piécettes. Alors il déclara : « En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde. Car tous ceux-là ont pris sur leur superflu pour faire leur offrande, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a donné tout ce qu’elle avait pour vivre ». (Lc 21,1-4,)

 Même si l’offrande du riche est d’une grande valeur financière, celle-ci a moins d’importance aux yeux de Dieu que les deux misérables piécettes offertes par cette pauvre veuve, argent pris sur son minimum vital. Pourquoi ? Parce que son offrande est faite avec amour, avec foi et que la valeur de son acte représente plus que celle du riche dont l’acte a été fait par pur « mécanisme réglementaire ».

Comme le dit saint Paul dans son épitre aux corinthiens que l’on peut relire (1 Co, 13) : « …si je n’ai pas l’amour, cela ne sert de rien… ».

Alors méditons sur tous les actes de nos vies. Sont-ils sans valeur ou sont-ils riches de l’amour que nous y apportons ?

En apparence, sommes-nous des chrétiens blanchis à la chaux ou des chrétiens riches d’un amour rayonnant, ouverts au monde qui nous entoure ?

Sommes-nous des chrétiens qui rayonnons la Lumière de Noël reçue il y a quelques semaines et qui, par nous, doit rayonner sur le monde ?

Nos prières sont-elles simplement des mots que nous prononçons ou sont-elles des expressions venant du plus profond de nos cœurs ?

Notre présence à la messe dominicale est-elle une démarche réglementaire ou découle-t-elle d’un élan d’amour et de foi pour rendre grâce en communion avec le Christ ?

En méditant sur l’enseignement de Jésus, efforçons-nous de chasser le pharisien qui sommeille en nous et ouvrons notre cœur à la vérité de l’Amour.