Fanny Teyssier, cheffe d’orchestre de l’Harmonie de Juziers
Bonjour Fanny ! Merci d’accueillir les « Echos de Meulan » pour nous parler de l’orchestre de l’harmonie de Juziers. Quelques mots pour vous connaître un peu mieux ?
Bonjour à tous les lecteurs ! J’ai 50 ans et depuis mon enfance, j’ai toujours été bercée par la musique. Ma mère jouait du piano pour son plaisir. De par sa passion, comme une évidence, elle a poussé ses trois enfants dans cette direction. Actuellement, elle fait partie d’une chorale. J’ai suivi la même route et ai commencé le piano à 7 ans puis la clarinette à 12 ans. J’ai ensuite fait des études musicales au conservatoire de Fontenay-sous-Bois puis à celui de Rueil-Malmaison où j’ai obtenu mes premiers prix de piano, de clarinette et de formation musicale. Après le bac, j’ai été intermittente du spectacle pendant dix ans et depuis vingt ans, je travaille à la manufacture « Buffet Crampon » à Mantes-la-Ville où j’occupe le poste d’essayeuse de clarinettes. Juste pour information, Buffet Crampon fête son bicentenaire cette année. Reconnue comme le leader mondial de la clarinette, l’entreprise est implantée à Mantes depuis 1850.
Quelle est la différence entre une harmonie et un orchestre philharmonique ? Le nombre de musiciens bien sûr mais encore ?
L’harmonie est constituée d’instruments à vent et à percussion, d’une batterie et quelquefois d’une guitare basse mais pas d’instruments à cordes comme on peut en voir dans le philharmonique. L’harmonie peut jouer tous les répertoires : variétés, classiques, … et même du rock.
Depuis quand et comment avez-vous intégré l’harmonie de Juziers ?
Je suis arrivée à Juziers en janvier 2024 par le biais d’un ami, musicien de l’équipe. Le chef de l’époque était parti et les répétitions se faisaient avec cinq ou six musiciens seulement. La plupart avait démissionné pour jouer dans d’autres groupes ou ne se déplaçait pratiquement plus aux répétitions. Ma priorité était bien évidemment de reconstituer le groupe ce qui a pu se réaliser grâce à la motivation de tous ; nous avons pu faire revenir des musiciens et d’autres personnes sont même venues agrandir l’équipe. A présent, l’orchestre de l’harmonie compte vingt-huit musiciens de 30 à 90 ans, majoritairement masculins.
Justement, n’est-il pas trop compliqué de diriger un groupe constitué principalement d’hommes ?
Absolument pas, c’est même très agréable ! Il n’y a aucun ressenti négatif de la part des musiciens.
Existe-il des conservatoires pour apprendre le métier ?
Oui tout à fait ! Il existe des formations dans les conservatoires pour apprendre à être chef(fe) d’orchestre.
Comment l’harmonie est-elle organisée ?
Comme toute association, l’harmonie est constituée d’un bureau avec président, secrétaire, trésorier et une assemblée générale a lieu chaque année. Les répétitions se tiennent tous les vendredis de 20 h 30 à 22 h dans une salle Michel Ozanne dédiée à la musique car elle n’est pas partagée avec d’autres associations, ce qui permet de laisser les chaises, pupitres, batterie en place pour les retrouver à la répétition suivante. Deux personnes du groupe s’occupent du classement des documents et des partitions, ce qui représente un travail phénoménal. Ils préparent également la salle et distribuent les partitions sur les pupitres. Avec cette organisation, nous n’avons pas besoin de réinstaller la salle et gagnons ainsi du temps sur la durée des répétitions.
Nous recevons une subvention de la mairie, reconnaissante envers nous, et nous sommes invités à participer aux commémorations des 8 mai et 11 novembre. Nous sommes aussi présents aux « rues en fête » où quelques musiciens en bandas donnent du rythme. Quelquefois, je les accompagne en jouant de la clarinette. Nous intervenons également pendant le marché de Noël organisé par Synapse-MPT.
Au sein de la commune, chaque année, nous présentons deux concerts. En avril, c’est le concert du printemps dans la grande salle du Bourg : le dernier était sur le thème des musiques de films et en fin d’année, le concert de l’Avent dans l’église Saint-Michel. Cet édifice est parfait non seulement pour les chants de Noël mais aussi pour la sonorité : il convient tout à fait à la musique. D’ailleurs, le prochain concert de l’Avent aura lieu le samedi 13 décembre. Il peut arriver que nous nous produisions dans d’autres endroits comme le 4 octobre dernier à Senneville. Pas besoin de réservation pour assister à nos concerts. Ils sont gratuits et se font au chapeau.
Comment sont organisés les préparations de concerts et choisis les thèmes musicaux ?
Les dates des concerts sont arrêtées environ six mois avant. Le thème varie en fonction de l’évènement et du lieu. Quatre à cinq mois environ sont nécessaires pour la préparation d’un concert. A mon arrivée, les programmes étaient construits pour être joués toute l’année, ce que je trouve dommage et frustrant pour les musiciens vu le travail que cela représente.
A présent, je décide de l’achat des partitions sur un site d’orchestre d’harmonie. Quelquefois, de petites réticences se font entendre quant au choix des musiques. Mais avec du caractère et du charisme, j’arrive à imposer mes choix toujours dans la bonne humeur et tout se passe bien. Nous travaillons en amont dans la perspective de l’évènement. La plupart des musiciens, tous amateurs, travaillent chez eux selon leur disponibilité. La répétition générale avant le concert se fait souvent la veille de la manifestation dans la salle où il a lieu.
Quelquefois pour leur plaisir, d’anciens musiciens de l’harmonie viennent nous prêter main forte dans l’organisation et le déroulement du spectacle. Ils seront toujours les bienvenus.
Quelle est l’ordre de placement des instruments de musique dans un orchestre d’harmonie ?
Tout dépend de la grandeur de la scène. Devant, il y a d’abord les petits instruments : flûtes et hautbois. Les violons d’un orchestre philharmonique sont remplacés par les clarinettes. Derrière se trouvent les saxos, cuivres et percussions.
Une question personnelle. Quand je regarde un concert à la télévision, j’ai toujours l’impression que les musiciens ne regardent pas le chef d’orchestre.
Ce n’est vraiment qu’une impression car les musiciens, tout en lisant leur partition, ne peuvent pas ne pas voir le chef d’orchestre les diriger. C’est automatique. Chaque geste du maître a son importance. L’estrade est légèrement surélevée pour que le dirigeant soit vu par tous les musiciens. Il faut bien se dire qu’un orchestre sans chef d’orchestre ne serait pas un orchestre. Les musiciens attendent d’un chef le plaisir de jouer dans une bonne ambiance. Le chef fabrique le concert, choisit le programme, le fait découvrir et travailler aux musiciens pour que tout soit prêt à la date choisie. C’est comme un réalisateur, un metteur en scène.
Lorsque j’assiste aux concerts de l’harmonie, je ressens votre dynamisme à diriger l’orchestre et c’est aussi ce que pense la majorité des spectateurs. Quel est votre secret ?
Je n’ai pas de secret. Ma vie personnelle est tout simplement un vrai bonheur. Et puis la musique, c’est ma vie et je suis satisfaite de voir les musiciens heureux.
Merci Fanny d’avoir accepté notre invitation. C’était un plaisir de vous rencontrer dans cette salle des répétitions pleine de souvenirs avec les photos, les récompenses attribuées jadis ainsi que la bannière de l’harmonie offerte en 1869 par l’empereur Napoléon III. Que pouvons-nous vous souhaiter ?
Je souhaite plus de concerts annuels et aussi, malgré ma formation, que l’harmonie de Juziers reste un groupe de musiciens amateurs.
Pour terminer, je vous rappelle le prochain concert de l’Avent à l’église de Juziers le samedi 13 décembre. Les musiciens et moi-même serons heureux de vous y accueillir. L’horaire est encore à définir et nous ne manquerons pas de vous l’annoncer dans le prochain journal des Echos de décembre. A bientôt !
Propos recueillis par Geneviève Forget

