Festival littéraire à la Roche-Guyon

C’est le samedi 5 juillet que se tenait à la Roche-Guyon, au cœur du parc naturel régional du Vexin français, la quatrième édition du festival Le château se livre intitulée Paysage vivant et à laquelle participait une partie de l’équipe de la bibliothèque municipale de Meulan, en tant que partenaire pour l’organisation de l’évènement.

Après la présentation générale par Hella Faust, commissaire du festival, nous avons pu découvrir un des invités d’honneur, l’écrivain normalien Emmanuel Ruben. La qualité de l’évènement méritait la présence des personnalités éminentes, comme autrefois la duchesse d’Enville, que nous avons pu rencontrer pour des séances de dédicaces. Il nous a d’abord présenté Piège diabolique d’Edgar P. Jacobs (9e tome de Blake et Mortimer) dont l’action se situe précisément au XIVe siècle au château de la Roche-Guyon, sous l’égide du cruel Gui de la Roche, maître des lieux et avec l’aide du chronoscaphe situé dans la bove du château. Puis il évoqua un de ses livres, intitulé Malville, directement inspiré du Malevil de Robert Merle autour du thème de l’angoisse liée à l’ère nucléaire. Ses livres plutôt sombres nous parlent de l’ère nucléaire et de l’apocalypse qui s’ensuit à la fin du XXIe siècle.

Loin de ces thèmes sombres, celui du festival était cette année centré autour du paysage et de l’écologie. Ce thème a été décliné sous différentes variantes :

  • très classique avec Un jardin pour royaume (éditions les Presses de la Cité) de Gwenaëlle Robert ; la narratrice explore le thème du retour à l’enfance dans le cadre du château d’Ermenonville. Ce château, propriété du marquis de Girardin, fut aussi un lieu de résidence pour Rousseau que l’auteur égratigne au passage pour sa misogynie et son immoralité en dépit de son talent littéraire ;
  • plus rustique avec La baronne perchée (éditions Buchet Castel) de Delphine Bertholon ; dans ce roman, clin d’œil à l’œuvre quasi-éponyme d’Italo Calvino, l’autrice narre l’histoire de Billie, une femme assez folle pour se nicher dans un parc d’accrobranche désaffecté, face à l’océan ;
  • de nature quasiment woolfienne avec Après la brume (éditions Dalva) d’Estelle Rochitelli qui nous promène, en écho à d’inquiétants faits divers récents, sur une île bretonne où des femmes organisent une vaine battue après la disparition de la petite Raph lors d’une sortie scolaire.

C’est en définitive Anne Solange Muis qui a remporté le prix des lecteurs avec Une île pour elle (éditions Phébus). Louise, jeune géographe, décide de passer l’été seule en compagnie des oiseaux dans une cabane sans confort. Un livre plein de poésie et chargé d’espoir face à l’abrutissement du monde moderne qui mérite amplement cette distinction.

Dans tous les cas, les personnages évoqués étaient cependant plus impliqués dans la contemplation solitaire des paysages plus que dans le partage des expériences de vie. On pense là aux rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, certes bien écrites en 1778 mais peu conformes aux attentes du lecteur moderne, en particulier le festivalier de la Roche- Guyon.

En parallèle au festival proprement dit, on pouvait toujours visiter le château avec ses trésors artistiques, en particulier une remarquable exposition photographique dédiée aux paysages rustiques, doublée d’un montage musical autour d’œuvres modernes, en particulier de Bill Evans qui traduit si bien le vagabondage à travers des paysages désertés de toute présence humaine.

Rendez-vous est donné aux amateurs de littérature pour la prochaine édition du festival en juillet 2026 dont le thème n’est pas encore fixé à ma connaissance.

Patrick Dessertenne

 

A voir encore, jusqu’au 30 novembre, au château de la Roche-Guyon l’exposition « Des plantes aux paysages » d’Olivier Verley.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *