1936 : Les premiers congés payés

La France a longtemps été en retard en matière de congés par rapport à ses voisins, l’Allemagne, la Norvège et la Pologne les ayant instaurés entre 1900 et 1930. Pourtant lors des insurrections de février 1848, les ouvriers parisiens demandaient : « huit heures de travail, huit heures de repos et huit heures d’instruction ». Les journées de travail faisaient alors douze heures … et au 19ème siècle, l’idée même de vacances payées était impensable.

Avant 1936 …

La plupart des ouvriers, payés à l’heure tous les quinze jours, ne se reposaient que le dimanche et lorsqu’ils ne travaillaient pas, ils n’étaient pas rémunérés. Seules les professions libérales, les rentiers, les commerçants prenaient des congés (non payés) alors que les fonctionnaires de l’Etat, depuis 1853, avaient le droit de s’absenter quinze jours (disséminés ou pris en bloc) sans retenue de traitement. D’autres salariés des services publics bénéficiaient également de congés payés. Au début du 20ème siècle, les employés du métro parisien avaient 10 jours de congés par an (30 en 1929), 12 jours pour les compagnies parisiennes d’électricité ou du gaz (18 en 1919), 25 jours pour les employés du transport en bus de Paris (un mois en 1929).

Dans les entreprises privées, le patronat est très hostile à accorder des congés payés. Pourtant, dans certains métiers où la qualification est impérative et où il est difficile de trouver de la main d’œuvre compétente, les salariés obtiennent des congés. Six jours par an pour les ouvriers imprimeurs et salariés de la presse parisienne, une à deux semaines selon l’ancienneté pour les « midinettes » de la haute couture comme pour les ouvriers bijoutiers de Paris.

Des congés pour tous

3 mai 1936 : le Front Populaire gagne les élections et provoque par sa victoire un élan de revendications chez les travailleurs : mouvements de grèves et occupations pacifiques des usines … la France est paralysée et des discussions s’engagent.

Dans la nuit du 7 au 8 juin, les accords dits de « Matignon » sont officiellement signés. Ces accords prévoient la généralisation des conventions collectives, la création des délégués du personnel et une augmentation des salaires de 12 %. Mais on retiendra surtout l’instauration de la semaine de 40 heures et l’octroi de 15 jours de congés payés.

La loi est votée les 17 et 18 juin et les décrets d’application paraissent fin juillet ; les vacances scolaires ayant commencé le 14 juillet. Ces deux semaines de congés annuels en août vont permettre à des millions de personnes de se reposer pour la première fois de leur vie tout en étant payés. Ils enfourchent tandems et vélos, certains vont même à pied, et plantent leurs tentes sur les bords de la Marne. Les plus hardis se risquent jusqu’à la plage en voiture ou en train pour la grande majorité. Dès le 3 août 1936, la mise en vente du « billet populaire de congé annuel » permet à 550 000 personnes (907 000 en 1937) de partir à la découverte de notre pays.

Il faudra attendre l’année 1956 pour bénéficier d’une 3ème semaine de congés. La 4ème semaine sera instaurée en 1969, faisant suite aux évènements de mai 68 et la 5ème en 1982.

La généralisation des congés payés dans de nombreux pays industrialisés a fortement contribué à la montée de ce que l’on appelle le « tourisme de masse ». Destinés à améliorer les conditions de vie des salariés et à faciliter l’accès des masses populaires au tourisme, au sport et aux loisirs, les congés payés ont permis le développement soudain de tout un secteur économique. Depuis les années 70, se sont développées les vacances d’hiver. Même si d’après les statistiques, quatre français sur dix ne partent pas en vacances, il faut bien admettre que soleil, plage, randonnées font toujours le bonheur des vacanciers.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *