A Noël, chants ou cantiques ?

A l’approche de Noël, lors des célébrations dominicales, un cantique reviendra certainement dans de nombreuses paroisses « Venez divin Messie ». Il en sera certainement de même pour Noël avec les incontournables et inoubliables « Il est né le divin enfant » ou « Les anges dans nos campagnes ». Indémodables, on les réécoute ou chante chaque année. Mais vous êtes-vous déjà demandé quelle était l’histoire des chants de Noël ; depuis quand ? pourquoi ? quelles légendes entourent ces chants ?

Tout d’abord, il faut faire une différence dans les chants de Noël, aussi appelés plus simplement les noëls, entre le cantique et le chant traditionnel. Ce dernier a pour objectif de décrire la naissance de Jésus de manière candide et colorée presque folklorique. « Mon beau sapin », « Vive le vent » et « Petit papa Noël » sont ainsi considérés comme étant des chants traditionnels.

Le cantique, quant-à-lui, exprime plutôt un sentiment religieux ; il est traditionnellement chanté dans les églises et a longtemps été transmis à l’oral avant d’être mis sur une partition. « Entre le bœuf et l’âne gris », « Douce nuit » et « Il est né le divin enfant » sont tous trois des cantiques.  « L’hymne des anges » est considéré comme étant le plus ancien chant de Noël (IIème siècle après J-C). « Entre le bœuf et l’âne gris », le plus ancien noël français, voit le jour à l’aube du XVIème siècle. À cette époque, le rythme plus enjoué invite à la danse et sera d’ailleurs à l’origine des « Christmas Carols », qui désignent des chansons à danser en cercle. Il faudra attendre deux siècles pour que soit fredonné pour la première fois le fameux « Il est né le divin enfant ». Avec les paroles de « Douce nuit », je vous livre aussi une version de la légende de sa création, est-ce la réalité ? Mais comme nous sommes proches de Noël …

Église saint Nicolas d’Oberndorf

Un certain 24 décembre 1818, alors que la messe de Noël va bientôt débuter, l’orgue de l’église Saint Nicolas d’Oberndorf décide de rester muet. Rongé par les rats, l’instrument ne peut être réparé dans la nuit. Le prêtre Josef Mohr ne cède pas à la panique et écrit en quelques heures (inspiration divine ?) les paroles du célèbre cantique « Douce nuit ». Dans la précipitation, il fait appel à Franz Gruber, organiste du village voisin. Le musicien compose à la hâte un air envoûtant qu’il jouera ce soir-là à la guitare :

 

Douce nuit, sainte nuit !

Dans les cieux ! L’astre luit

Le mystère annoncé s’accomplit

Cet enfant sur la paille endormi,

C’est l’amour infini ! (x2)

 

Saint enfant, doux agneau !

Qu’il est grand ! Qu’il est beau !

Entendez résonner les pipeaux

Des bergers conduisant leurs troupeaux

Vers son humble berceau ! (x2)

 

C’est vers nous qu’il accourt,

En un don sans retour !

De ce monde ignorant de l’amour,

Où commence aujourd’hui son séjour,

Qu’il soit Roi pour toujours ! (x2)

 

Quel accueil pour un Roi !

Point d’abri, point de toit !

Dans sa crèche il grelotte de froid

O pécheur, sans attendre la croix,

Jésus souffre pour toi ! (x2)

 

Paix à tous ! Gloire au ciel !

Gloire au sein maternel,

Qui pour nous, en ce jour de Noël,

Enfanta le Sauveur éternel,

Qu’attendait Israël ! (x2)

Un autre chant de Noël a une célébrité internationale. Les paroles sont d’abord françaises, avant d’avoir été transposées dans beaucoup d’autres langues : « Minuit chrétien. » Quelques mots d’abord sur son titre que l’on voit souvent écrit : « Minuit chrétien. » alors que l’auteur en fait d’abord une exclamation, une interjection « Minuit ! » pour s’adresser aux chrétiens et leur rappeler l’heure de la naissance.

Venons-en maintenant à son écriture et sa mélodie. Le texte est dû à Placide Cappeau et la musique à Adolphe Adam.

Placide Cappeau était un négociant en vins et c’est, selon ses dires, le 3 décembre 1847 qu’il écrivit lors d’un voyage en diligence qui le conduisait à Paris, entre Mâcon et Dijon, le poème Minuit, chrétiens, à la demande de l’abbé Maurice Gilles, curé de Roquemaure. L’histoire de l’écriture est paraît-il toute autre … (après un bon repas bien arrosé et sur un coin de table). On dit aussi de son auteur qu’il était républicain, socialiste et anticlérical.

Adolphe Adam quant à lui est un compositeur d’opéras comiques ou de ballets dont il reste peu d’œuvres connues mis à part le ballet « Giselle ». Il semblerait que, peu attaché à la religion, il n’ait pas accordé une grande importance à la composition de la musique de ce chant de Noël qu’il aurait surnommé « Marseillaise religieuse » ! Alors l’Eglise en France comme au Québec, mènera de vigoureuses campagnes pour le chasser des églises trouvant que ce chant n’a rien de catholique avec ce Père plein de courroux qui ressemble peu au Dieu catholique empli d’amour, sans oublier les paroles « politiques » qui achèvent ce cantique « Peuple, debout ! Chante ta délivrance. » (Nous sommes au moment de la chute de Louis-Philippe remplacé par la deuxième république) « Il voit un frère où n’était qu’un esclave, L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer » (et tout prêt de l’abolition de l’esclavage). En 1990, Jessye Norman se vit refuser l’autorisation de le chanter dans Notre Dame de Paris.

Et pourtant, l’œuvre a survécu à toutes ces polémiques.

Il faudrait vraiment être insensible pour ne pas frémir à l’écoute de Minuit, chrétiens… Chanté par Tino Rossi, par Roberto Alagna, par Mireille Mathieu et bien d’autres, ce chant touche toutes les générations et bien au-delà du monde catholique.

Minuit ! Chrétiens, c’est l’heure solennelle

Où l’homme Dieu descendit jusqu’à nous

Pour effacer la tache originelle

Et de son père arrêter le courroux

Le monde entier tressaille d’espérance

A cette nuit qui lui donne un sauveur

Peuple, à genoux, attends ta délivrance

Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur !

Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur !

 

De notre foi que la lumière ardente

Nous guide tous au berceau de l’Enfant

Comme autrefois, une étoile brillante

Y conduisit les chefs de l’Orient

Le Roi des rois naît dans une humble crèche

Puissants du jour, fiers de votre grandeur,

A votre orgueil c’est de là qu’un Dieu prêche

Courbez vos fronts devant le Rédempteur !

Courbez vos fronts devant le Rédempteur !

 

Le Rédempteur a brisé toute entrave

La Terre est libre et le ciel est ouvert

Il voit un frère où n’était qu’un esclave

L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer

Qui lui dira notre reconnaissance ?

C’est pour nous tous qu’il naît, qu’il souffre et meurt

Peuple, debout ! chante ta délivrance

Noël ! Noël ! Chantons le Rédempteur !

Noël ! Noël ! Chantons le Rédempteur !

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