Ariane 6

Nous vous avons présenté dans notre numéro d’avril les évolutions ayant conduit à la naissance d’ArianeGroup et les modifications d’infrastructure en cours sur le site des Mureaux.

Mais pourquoi une nouvelle ARIANE ?

Notre journal a voulu en savoir plus et a été reçu par Guillaume Collange, adjoint au chef du programme Ariane 6 chez ArianeGroup et responsable de l’amélioration.

Diversification des satellites et nouveaux acteurs

Comme le souligne Guillaume, « il faut replacer cette évolution dans le contexte international. Tout d’abord, le marché des satellites est toujours en expansion et se diversifie : on ne lance plus un ou deux satellites mais des constellations de satellites et on lance aussi des satellites à propulsion électrique, il faut pouvoir les placer sur davantage d’orbites… Ensuite, de plus en plus d’opérateurs internationaux proposent des lancements : les russes avec Proton (société russo-américaine), les chinois avec Longue Marche, les japonais avec Epsilon, les indiens mais aussi des acteurs nouveaux et innovants comme SPACE X, l’entreprise américaine d’Elon Musk. Et il ne faut pas oublier qu’Ariane 5 a été conçue avec les technologies des années 1980 ! Même si nous sommes très fiers de la remarquable fiabilité de ce lanceur qui va effectuer son 100ème lancement d’ici la fin de l’année, à une cadence de 5 à 7 tirs par an, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a décidé de se doter d’un nouveau lanceur, aussi fiable et flexible qu’Ariane 5 avec pour objectif de réduire de 40 à 50% les coûts de production. En utilisant au mieux les capacités et l’intelligence européenne, en se dotant d’une organisation la plus efficace possible, Ariane 6 continuera à être un symbole de la réussite européenne ! »

Des méthodes de conception et de production innovantes

La conception de ce nouveau lanceur par ArianeGroup, tout en prenant en compte l’expérience d’Ariane 5, a utilisé de nouvelles méthodes intégrant, dès le début de la démarche, les contraintes de production et de coût, des nouvelles technologies, des outils numériques et de gestion de projet, en favorisant l’utilisation d’éléments communs avec les autres lanceurs européens, … Du côté de la production, de nouveaux processus industriels et de technologies de fabrication innovants seront utilisés comme l’impression 3D ou, comme présentée lors de la description des nouveaux bâtiments du site, l’intégration à l’horizontale et non plus en hauteur de l’étage principal.

Un accès à l’espace étendu

Ariane 6 permettra d’assurer aussi bien des lancements classiques que des missions complexes correspondant aux nouveaux besoins du marché, grâce à son étage supérieur équipé du moteur réallumable Vinci®. Le lanceur se déclinera en deux versions, selon la mission visée : Ariane 64, dotée de quatre boosters, qui pourra placer jusqu’à 12 tonnes en orbite de transfert géostationnaire (GTO) en lancement double et jusqu’à 20 tonnes en orbite terrestre basse et Ariane 62, équipée de deux boosters, qui aura une capacité d’emport de charge utile de 4,5 tonnes en GTO et de 7 tonnes en orbite héliosynchrone.

Premier vol d’Ariane 6 en juillet 2020

Le développement est bien avancé : 140 tests ont déjà été réalisés sur le moteur Vinci® et le succès des tests du nouveau moteur de l’étage principal Vulcain 2.1 a permis de qualifier les modifications du Vulcain d’Ariane 5. Début juillet, ce sont les tests des boosters qui seront réalisés au Centre Spatial Guyanais à Kourou… Le 1er vol d’Ariane 6 est prévu en juillet 2020 et la cadence des lancements sera ensuite de 11 vols par an.

Mais les innovations ne s’arrêtent pas là ! Pour préparer l’avenir, ArianeGroup, le CNES et l’ESA travaillent depuis quelques années sur des concepts de lanceurs réutilisables et sur un moteur futuriste à bas coût.