Confinement et bouillonnement intellectuel

Le moins que l’on puisse dire c’est que cette période de confinement est un vrai catalyseur intellectuel ! Autant dire que c’est une des bonnes surprises de ce confinement ! Oui, c’est un temps pour se creuser les méninges, comme je ne l’aurais pas imaginé…

Bien sûr, j’avais prévu de lire, une de mes activités favorites. Les bibliothèques étant fermées, j’ai lu ce que j’avais sous la main, très éclectique, du quatrième tome du « de Gaulle » de Peyrefitte que mon père m’avait prêté il y a une quinzaine d’années, très intéressant sur la période pré et post 68, à « Alice au pays des merveilles » de Lewis Caroll, que je m’étais toujours promis de lire, mais un peu déçue… c’est quand même très loufoque, en passant par « La joie de l’amour » du pape François où j’ai particulièrement aimé le commentaire de l’hymne à la charité de saint Paul (1 Co 13, 4-7).

Mais les surprises sont venues d’autres sollicitations, d’autres interpellations au gré de conversations téléphoniques ou échanges de courriels avec des amis, de lecture de mon journal « la Croix » et de son nouvel hebdo du week-end, très riche.

Tout d’abord toute une réflexion économico-écolo. J’ai été alertée sur le lien entre la crise du Covid et la crise écologique, en écoutant le jésuite et directeur de recherche au CNRS Gaël Giraud interviewé par Frédéric Tadeï dans l’émission « Interdit d’interdire », le 29 mars dernier : « Nous allons avoir à faire l’apprentissage dans les années et les décennies qui viennent, c’est comment être l’espèce dominante sans tout casser d’un côté – côté de l’écologie – et sans nous exposer à des pandémies de ce type ». Il est vrai que côté crise écologique, de nombreux spécialistes tirent la sonnette d’alarme depuis des années sans arriver à convaincre la société à changer de paradigme comme par exemple Marc Halévy, physicien, philosophe et prospectiviste, dans « Qu’est ce qui nous arrive ? » en 2018. D’après lui, nous sommes à une bifurcation de mode de société, comme il y en a tous les 500 ans, la dernière étant le passage de la féodalité au siècle des lumières. Les axes pour entrer dans le nouveau monde qui s’ouvre en ce moment sont : l’écologie avec, en particulier, plus de frugalité, le numérique mais en délaissant le numérique ludique pour un numérique productif, l’organisationnel en abandonnant le modèle hiérarchique pour des modèles réseaux, l’économie et le spirituel. En complément de cette intervention de Marc Halévy, avant la crise du Covid, la leçon inaugurale que Bruno Latour, professeur émérite à Sciences Po, a faite à ses étudiants sur les « Politiques de la Terre » résume également les questions posées.

Y a-t-il des solutions, des voies à trouver,  comment sortir du confinement, de la crise économique qui découle de la pandémie et de la crise écologique qui pointe le bout de son nez ?

Là aussi, foisonnement intellectuel. De nombreux questionnaires fleurissent…

Citons celui du même Bruno Latour, dans la revue AOC (Analyse Opinion Critique) du 30 mars 2020 avec des interrogations comme celles-ci : « Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles ne reprennent pas ? Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles se développent/reprennent ? »

Mais il y a aussi celui de France stratégie : Appel à contribution – Covid-19 : pour un « après » soutenable, le questionnaire du WWF : inventons le monde d’après et l’appel à idées du collectif « le jour d’après » avec 11 thèmes à réfléchir : santé, travail, consommation, solidarité, éducation, numérique, pouvoir, territoire, Europe, bien commun et richesse

Sans lister les réponses ou les initiatives déjà mises en œuvre, comme celles recensées par les SSF (Semaines Sociales de France) dans la plate-forme du bien commun.

Je terminerais par des domaines plus terre à terre, mais démontrant les capacités d’innovation de certains : parlons de la poignée coude que l’ICAM Toulouse a mise au point comme complément de poignée pour pouvoir les ouvrir à l’aide du coude et éviter le lavage des mains systématique des soignants. Ces compléments de poignée sont réalisables sur une imprimante 3D et les plans sont mis à disposition gratuitement par l’ICAM. Quelle ingéniosité !

Sans tomber dans un optimisme naïf, entre propositions, initiatives et innovations, il y a là du terreau pour dessiner un avenir différent qui nous permettra de faire face à cette crise économico-écologique.

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