Des lycéens à Auschwitz

Au début de l’année scolaire, notre lycée (le lycée Condorcet de Limay) a obtenu un partenariat avec le Mémorial de la Shoah, permettant à dix-huit élèves d’une classe de mener différentes actions autour du travail de mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Ce partenariat nous a permis de visiter le Mémorial de la Shoah de Paris, de bénéficier d’un témoignage et de nous rendre en Pologne pour visiter le camp d’Auschwitz.

Notre visite de l’ancien camp d’Auschwitz s’est déroulée sur une journée qui a été longue et éprouvante le 29 novembre 2018. À notre arrivée, nous avons visité le camp d’Auschwitz-Birkenau, en commençant par la rampe de tri : la Judenrampe, pour retracer l’itinéraire des personnes étant arrivées dans ce camp. Il nous a permis de prendre conscience de la déshumanisation des détenus, notamment par la visite de reconstitutions des baraquements. Ceux-ci étaient simplement des planches de bois assemblées pour former des abris précaires, exposés au froid de Pologne. Nous avons pris conscience du froid que les détenus ont pu ressentir, car avec nos nombreuses couches de vêtements chauds, nous avions vraiment très froid. Nous nous sommes rendus sur l’emplacement des deux fours crématoires du camp, dont seules des ruines subsistent. Cependant, par les photos présentes sur place, nous avons pu voir les atrocités qui ont été commises dans ce lieu.

Le camp de Birkenau était le deuxième du complexe d’Auschwitz et celui qui a été le moins conservé ; des photos ont donc été placées aux endroits où elles ont été prises pour permettre aux visiteurs de prendre conscience des événements tragiques qui se sont déroulés en ces lieux. Au terme de cette première visite, nous avons assisté à une cérémonie au mémorial installé dans le camp, au cours de laquelle différentes personnes ont pris la parole : le directeur du Mémorial de la Shoah, Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France, et d’autres acteurs de la mémoire.

Dans l’après-midi, nous nous sommes rendus dans le camp d’Auschwitz I. Celui-ci a conservé ses bâtiments et son four crématoire dont nous avons pu voir le fonctionnement, et constater les horreurs subies par les victimes de la Shoah. Le camp d’Auschwitz I a été le premier en fonctionnement : les dirigeants nazis ont réutilisé un ancien camp d’entraînement militaire pour les baraquements. Ceux-ci sont donc en briques et sont aujourd’hui utilisés pour des expositions sur la vie dans le camp. Nous nous sommes rendus dans les différents baraquements, choqués par la mise en œuvre de tant d’horreurs, représentées par des photos des corps des détenus, des discours de dirigeants nazis et les portions de nourriture journalières. Dans l’un des baraquements notamment, ont été exposés les objets ayant appartenu aux nombreuses victimes, retrouvés sur place par les soviétiques : des prothèses, des lunettes, des chaussures, des valises, et même des cheveux. Ces amas d’objets personnels nous ont fait prendre conscience que, derrière nos cours d’Histoire, se trouvent de nombreuses histoires de gens innocents condamnés à une mort certaine pour des raisons simplement idéologiques. Nous avons ressenti cette horreur à travers les paroles de notre guide, qui nous a raconté que les nazis disaient aux victimes d’étiqueter leurs affaires pour pouvoir les retrouver après la « douche ». Nous n’avions plus qu’un mot en tête : « pourquoi ? ». Pourquoi tant de haine ? Comment rester digne après avoir commis de telles abominations ? Les dirigeants du camp, dans la journée assassinaient des milliers de personnes et rentraient chez eux dans une maison à l’entrée du camp, avec leurs enfants et leurs compagnes. Et ces gestes qu’ils effectuaient ne les choquaient pas.

Transmettre la mémoire que ces témoignages nous ont apportée… 

Au terme de cette longue et éprouvante journée, nous sommes rentrés en France avec dans nos esprits une réflexion sur ce dont nous avions été « témoins ». Notre devoir aujourd’hui est alors de communiquer, de faire en sorte que ces gens ne soient pas oubliés afin de ne pas reproduire des abominations telles que celles-ci. Aujourd’hui, les témoins de la Shoah disparaissent et nous sommes l’une des dernières générations à pouvoir bénéficier de ces témoignages. Notre travail de partenariat avec le Mémorial de la Shoah est donc devenu clair dans nos esprits à l’issue de cette visite : nous avons le devoir de transmettre la mémoire que ces témoignages nous ont apportée, afin que l’histoire des victimes de la Shoah ne meurt pas avec eux.

Maëlys Meyer,

 élève de première au lycée Condorcet de Limay

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