En parlant avec Ergin Memisoglu, secrétaire et fondateur de l’association Vexin Seine Lutte Meulan (AVSLM)

Avant de partir pour quelques semaines en vacances, place au sport ! Nous vous invitons à découvrir un sport peu médiatisé mais qui occupe une belle place à Meulan : la lutte ! Pour cela, nous avons rencontré Ergin Memisoglu, le fondateur de l’AVSLM et actuel secrétaire du club.

 

Bonjour Ergin ; avant tout, merci d’accorder un peu de votre temps aux lecteurs des Echos. Les Meulanais vous connaissent bien ; vous faites partie des personnes qui donnent beaucoup de leur temps pour la commune. C’est toutefois avec la « casquette » de secrétaire et fondateur du club de lutte local que nous vous rencontrons aujourd’hui. Racontez-nous comment est né le club ?

Avant de parler de la création de l’AVSLM, je dois d’abord vous raconter comment j’ai découvert la lutte ; pour cela, il faut revenir quelques années en arrière. Lorsque j’ai commencé mes études à la FAC (ILEPS), je pratiquais alors le handball. J’ai eu la chance d’avoir un professeur avec qui j’ai rapidement eu un très bon contact et que je considère un peu comme celui qui m’a tout appris : il s’agissait de Georges Ballery, un lutteur de haut niveau, ancien très grand champion et qui a été directeur technique national. Il a sans doute vu en moi un certain potentiel ; je dois aussi avouer que j’ai rapidement accroché à ce sport. J’ai donc abandonné le handball pour me consacrer à plein temps à la lutte ; j’étais à cette époque au club de l’EDF à Paris. Par la suite, j’ai eu le bonheur d’être occasionnellement partenaire d’entraînement des lutteurs de haut niveau et ai passé (et obtenu) mes diplômes de Brevet d’Etat option « lutte », premier et deuxième degré. A cette époque je n’étais pas encore Meulanais.

Mais alors, quand êtes-vous arrivé dans notre bonne ville ?

Je suis devenu Meulanais en 1999. J’ai enseigné l’éducation physique au collège Mercier Saint-Paul à partir de 1995, d’abord à mi-temps puis à temps plein ; professeur d’EPS au collège, j’ai créé l’association sportive scolaire « lutte » en 1996. Il s’est trouvé que ce sport plaisait particulièrement à certains de mes élèves qui ont eu envie d’aller un peu plus loin… mais il n’y avait aucune structure pour les accueillir ; avec le soutien de Patrice Claudel, j’ai donc décidé de fonder le club de lutte qui s’appelait alors le « Club de Lutte Meulanais », tout simplement ; c’était en 2000, il y a déjà presque vingt-cinq ans…

A cette époque, c’est ma mère qui était trésorière, mon épouse secrétaire et moi-même président. Il faut aussi préciser que mon père avait déjà pratiqué quelque temps ce sport de combat, c’est donc peut-être un peu dans les gènes ? C’est dans le but de couvrir plus de communes, en particulier Hardricourt, Les Mureaux et Triel, avec l’aide de mon ami et partenaire de club Rodrigo Acosta, que le club est devenu plus tard, l’AVSLM.

La lutte est une discipline peu connue, nos lecteurs ont sans doute envie d’en savoir un peu plus à son sujet ; expliquez-nous, je crois qu’il y a différents styles ?

Effectivement, nous ne sommes pas très médiatisés, il faut dire qu’il n’y a que vingt-cinq mille adhérents à la fédération ; on parle surtout de nous au moment des Jeux Olympiques… et encore, si nous apportons une ou plusieurs médailles. En ce qui concerne les formes de lutte, il y en a trois, d’abord la lutte libre, la lutte gréco-romaine et enfin la lutte féminine, très proche de la libre mais réservée aux femmes. La grosse différence entre la lutte libre et la lutte gréco-romaine, c’est que dans le premier cas on agit sur toutes les parties du corps et dans le second uniquement sur le haut.

Comment se déroule un combat ? Sur quelle base le vainqueur est-il désigné ?

C’est un sport explosif ; le combat se déroule en deux manches de trois minutes chacune (deux minutes pour les plus jeunes) avec une pause de trente secondes entre les deux. Le vainqueur est celui qui a réussi à plaquer les épaules de son adversaire sur le sol, c’est le « tombé », mais on peut aussi gagner en marquant des points, un peu comme au judo. Ce que l’on appelle « la mise en danger direct » par exemple donne quatre points, la sortie de tapis, un point, la grande supériorité, dix points, et ainsi de suite. De cette façon, il peut y avoir un gagnant sans qu’il y ait « tombé ».

Dans tous les cas, il y a une règle d’or qui ne doit jamais être transgressée : il est interdit de « faire mal ou de se laisser faire mal » ; au cours du combat, il ne peut y avoir aucune atteinte à l’intégrité physique de l’adversaire, pas de coups ni de torsions, encore moins de griffures ou de morsures.

Je suppose qu’il y aussi des catégories en fonction du poids ?

Oui bien sûr, il y en a huit dans chacune des formes de lutte chez les garçons et six chez les filles. En général pour accéder au championnat de France, il faut être champion régional, mais parfois le second est également qualifié. Les championnats de France et régionaux sont les deux grandes compétitions d’une saison qui commence en septembre et se termine en juin ; c’est ce qui fait que nous avons souvent des déplacements lointains, par exemple les derniers championnats de France étaient organisés à Mulhouse… ce qui sous-entend deux jours loin de la maison. Je profite de cette interview pour rendre hommage d’abord à mon épouse, qui depuis plus de vingt ans accepte ces absences et à tous les bénévoles, entraîneurs, accompagnateurs, qui donnent sans compter de leur temps et … un peu de leur argent.

Revenons au club, combien comptez-vous d’adhérents ?

Nous sommes environ soixante dix, âgés de 4 à 54 ans ; l’effectif a beaucoup diminué après les confinements successifs de 2020 et 2021. Précédemment, nous avons compté jusqu’à cent lutteurs et lutteuses à l’AVSLM ; nous ne désespérons pas de revenir, voire de dépasser, ce chiffre ; c’est ce à quoi s’emploie notre entraineur Florin Creciun. Au club depuis quinze ans, il se donne beaucoup et, en plus des très bons résultats obtenus, il est particulièrement très apprécié par tous.

A propos de résultats, vous pouvez peut-être nous citer quelques-uns de vos sportifs qui ont bien représenté l’AVSLM ?

Je commencerai par William Kunter qui a été champion de France de lutte libre en 2001 et médaille d’argent en lutte gréco-romaine la même année. En 2004, Nicolas Mur a également été champion de France en lutte libre et second en gréco-romaine. Puis en 2005, c’est Cyril Neves qui a pris la relève ; il a été deuxième en gréco-romaine. Enfin en 2007 en lutte féminine, Mégane Brunet-Masson a pris la deuxième place. Plus près de nous, en 2016, en finissant deuxième aux championnats de France, Florent Pagat a rejoint le pôle espoir de lutte et actuellement, Rémi Martin-Fritsch, qui a très bien figuré aux derniers championnats de France dans la catégorie des moins de 17 ans, promet beaucoup. Au-delà de ces champions, rendons également hommage à notre arbitre international formé au club et adhérent dès les premières heures, Alexandre Ghavzalian.

Il faut préciser que pratiquement tous ces jeunes champions ont commencé la lutte au collège Mercier Saint-Paul. En effet, comme il existe une section sportive « lutte » dans l’établissement, en plus des entraînements hebdomadaires au club, ils ont pu bénéficier de deux séances supplémentaires, ça aide…

Justement, à propos des entraînements, pouvez-vous nous en décrire une séance type ?

Elle se décompose en trois parties : un tiers de préparation physique et d’échauffement, un deuxième consacré à l’apprentissage des techniques et le dernier aux combats. Les entraînements ont lieu au gymnase des Annonciades à Meulan, le lundi de 19 h 30 à 20 h 45 pour les adolescents et les adultes et le mercredi de 12 h 30 à 13 h 30, pour les moins de 7 et les 7-9 ans. Le vendredi, nous avons trois créneaux en fonction de l’âge de 18 h 45 à 22 h ; une vingtaine de lutteurs participent à chaque entraînement.

Comment est composé le bureau du club ?

Mon épouse en est la présidente, celle de Florin, dont nous avons déjà évoqué la grande importance au sein du club, est trésorière et pour ma part, comme je vous l’ai dit je suis secrétaire.

Parlez-nous un peu des valeurs que développe ce sport ?

En premier lieu ; je mettrais l’humilité ; il en faut beaucoup, car un vainqueur peut très vite devenir un perdant ; il suffit d’un léger manque de concentration ou d’une petite erreur et tout s’écroule ; donc avant tout rester humble et garder la maitrise de soi. En ce qui concerne les compétences, il faut de la vitesse dans l’exécution, de la force pour entraîner l’adversaire sur le tapis et bien sûr de la souplesse, ce sont ces qualités que nous développons au cours des entraînements.

Est-ce un sport qui attire les jeunes ?

Oui, vous avez raison, beaucoup d’ados nous rejoignent, parfois après avoir suivi des combats de MMA (mixed martial arts) à la télévision ou sur Internet. Cette discipline, qui est un mélange de tous les sports de combat, leur plaît beaucoup. La fédération essaye aussi de trouver des variantes attractives comme le beach-wrestling, le grappling ou le sambo qui est un sport entre judo et lutte.

Nous approchons de la fin de notre entretien, pouvez-vous nous parler un peu de l’avenir du club ?

Nous avons un grand projet : présenter notre candidature pour organiser en 2024 le championnat régional, dans un lieu qui reste à définir ; en ce qui concerne le club, nous aimerions d’une part, retrouver l’effectif que nous avons connu il y a quelques années et surtout former quelques-uns de nos lutteurs à l’encadrement.

Je tenais également, pour finir, à remercier tous les partenaires institutionnels de l’AVSLM, tous ceux qui nous ont apporté leur soutien et qui nous aident encore, comme la commune de Meulan puis aussi à un autre moment celle des Mureaux.

Merci beaucoup Ergin, encore bravo pour votre engagement et pour tout ce que vous apportez aux jeunes de votre club. Je pense que maintenant nos lecteurs n’ignorent plus rien de la lutte et de ses différentes disciplines. Peut-être certains d’entre eux viendront-ils grossir le nombre des membres de l’AVSLM ?

Propos recueillis par Jannick Denouël

Contact : page Facebook de l’AVSLM

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