Gaétan de Paix de Cœur et Baudoin Saint-Clivier qui ont créé « Le déchineur »

Leur activité est de chiner du mobilier authentique et des pièces d’exception aux quatre coins de la France, pour les proposer restaurés et remis au goût du jour.

Décidément, la zone artisanale de la Maraiche à Tessancourt recèle des métiers originaux. Après l’interview de Laurent Séguier dont l’activité est le nettoyage et la restauration sonore des disques (voir l’entretien des Echos de janvier 2023), nous allons aujourd’hui à la rencontre de deux passionnés d’histoire industrielle et d’artisanat du XXème siècle.

Merci d’accepter cet entretien, nous sommes ravis de venir découvrir votre univers. Mais tout d’abord, avant de parler de votre activité, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Gaëtan : je suis né à Maisons-Laffitte et me suis installé à Vaux en 2017 à la naissance du deuxième enfant, depuis j’en ai eu un troisième. Après des études de l’histoire de l’art contemporain, j’ai vécu dans l’univers de l’équitation et de la sellerie. Mais dès l’enfance mes parents m’emmenaient dans les brocantes. C’est de là qu’est née ma passion dans ce domaine. Il y a huit ans, j’ai changé de vie en transformant ma passion de la brocante en métier. Baudoin, ami depuis douze ans, parrain de mon premier garçon est venu me rejoindre dans l’activité depuis trois ans.

Baudoin : j’ai d’abord vécu à Paris puis à Maisons-Laffitte où j’ai rencontré Gaëtan et suis actuellement à Villennes. J’ai également trois enfants. Auparavant, j’avais un métier banal de responsable de clientèle en entreprise. J’ai très vite rejoint l’univers et la passion de Gaëtan.

Vous n’évoquez ni l’un ni l’autre une formation à un métier manuel ?

Gaëtan : non effectivement, nous n’avons aucune formation manuelle et depuis que nous nous sommes lancés, nous apprenons au fur et à mesure des besoins. Nous avons des compétences complémentaires : par exemple, Baudoin travaille les miroirs et le verre.

Parlons de votre activité, comment et pourquoi vous êtes-vous lancés dans ce domaine et comment vous définiriez-vous ?

Gaëtan : nous sommes deux passionnés d’histoire industrielle et d’artisanat français du XXème siècle et nous avions envie, tous les deux, d’une activité indépendante et de nous mettre à notre compte. Notre histoire débute en 2016 ; nous nous situons entre brocanteur et antiquaire.

Nous chinons du mobilier authentique et des pièces d’exception, plutôt dans l’univers du mobilier industriel. Nous allons les dénicher aux quatre coins de la France pour les proposer restaurés et remis au goût du jour.

Baudoin : on est attiré par des meubles, des objets qui ont un usage spécifique, une histoire, une vie en quelque sorte. De plus, la qualité des matériaux et leur utilisation nous passionnent. Faire revivre un meuble, une assise, des luminaires ou un objet de décoration est très gratifiant. On découvre que certains d’entre eux ont déjà eu plusieurs vies. On constate que depuis quelques années, la société a le souci de recycler. En ce qui nous concerne, nous faisons plutôt de « l’Upcycling » qui est plus que du recyclage car l’objectif est de restaurer, d’améliorer, de réhabiliter et d’utiliser un meuble ou un objet. Par exemple nous avons fait l’acquisition de coffres forts. Nous restaurons l’ensemble du coffre et démontons et remontons les mécanismes pour qu’ils puissent de nouveau fonctionner.

Votre activité consiste donc à rechercher des meubles et objets, dans le métier on dit chiner, puis à rénover, restaurer et enfin les proposer à votre clientèle. Pouvez-vous tout d’abord nous parler du chinage ?

Gaëtan : nous recherchons sur Internet, parfois sur le Bon Coin et surtout dans les foires professionnelles ou les grosses brocantes comme Lille, Amiens, Crèvecœur-le-Grand. Là, nous y passons la nuit qui précède l’ouverture pour dénicher les perles rares. Nous allons aussi chez des particuliers qui nous appellent de la France entière. Ils ont soit un atelier, un garage, un grenier. Nous allons voir sur place et si nous faisons affaire repartons avec le meuble ou l’objet proposé.

Baudoin : c’est une partie de l’activité intéressante par ces contacts humains et les belles découvertes que nous faisons. Il nous arrive également de faire les villes qui organisent le ramassage des encombrants car nous y faisons de belles découvertes comme dernièrement, des glaces et des miroirs que nous pouvons réutiliser dans nos restaurations.

Une fois l’acquisition effectuée, quelles sont les phases suivantes ?

Gaëtan : étant équipé d’une camionnette, nous ramenons le meuble ou l’objet à l’atelier et entrons dans la phase de la restauration. Nous procédons au démontage, au décapage, à la rénovation et aux finitions dans les moindres détails qu’avec des matériaux anciens (visserie, serrures, pièces diverses). Nous avons à cœur de n’utiliser que des accessoires d’origine correspondant à l’époque du meuble ou de l’objet.

Baudoin : cela peut prendre plus ou moins de temps ; par exemple en ce moment, j’ai démonté une serrure de coffre et je suis à la recherche d’une petite lamelle à remplacer. Je la cherche dans mes réserves ou sur Internet. Comme vous avez pu le remarquer, nous adaptons la restauration à la pièce que l’on a rapportée ; nous allons parfois laisser la patine d’un meuble ou remettre le bois à nu.

Gaëtan : une fois la restauration terminée, nous procédons au « shooting » (photographie) du meuble ou de l’objet pour le mettre sur notre site Internet (1), les réseaux sociaux (Facebook, Instagram) et sur la plate-forme de ventes spécialisées, n° 1 en France : Selency.

Vous m’avez fait visiter à mon arrivée vos deux showrooms qui comportent des meubles, des assises, des luminaires et des objets de décoration d’une grande diversité, tous magnifiques, seront-ils ouverts au public ?

Baudoin : oui c’est tout nouveau : depuis juillet nous ouvrons au public nos ateliers showroom le dernier samedi de chaque mois, de 10 h à 18 h. Nous sommes situés au 27 rue de la Marèche, dans la zone artisanale de Tessancourt. Nous pouvons aussi accueillir sur rendez-vous en appelant le 06 60 64 57 69. La prochaine ouverture aura lieu le samedi 28 octobre prochain.

Vous proposez le fruit de vos recherches mais peut-on en fonction de nos besoins vous faire une demande particulière ?

Gaëtan : oui bien sûr, nous en avons de temps en temps. Nous nous mettons en chasse pour trouver ce qui correspondrait le mieux à la demande et nous le proposons. Nous avons également une vingtaine de personnes qui nous suit depuis le début de notre activité et qui est régulièrement séduite par ce que l’on propose.

Baudoin : oui c’est l’un des aspects intéressants de notre métier, l’ensemble des contacts humains qu’ils suscitent aussi bien dans la phase recherche que dans les contacts avec les acquéreurs.

Nous devons déjà terminer notre entretien, un grand merci pour votre accueil et votre disponibilité. Pour conclure avez-vous des projets à nous annoncer ?

Gaëtan : oui, en plus de l’ouverture du showroom pour découvrir sur place nos restaurations, nous voudrions satisfaire des demandes d’accompagnement de personnes qui souhaitent restaurer leur propre meuble ou objet. Nous pourrions rapporter leurs meubles et objets dans notre atelier et les accompagner dans leur restauration.

Baudoin : merci au Echos de Meulan pour cette interview ; nous serons ravis d’accueillir vos lecteurs et de partager notre passion avec eux.

Propos recueillis par Yves Maretheu

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