Naomi Emeish, présidente de l’association « Bobines et Bambins »

Depuis l’épidémie de la COVID et ses confinements successifs, la couture, un des passe-temps favoris de nos mères et grands-mères, est de nouveau dans l’air du temps. Vous désirez peut-être vous aussi vous lancer ? Si c’est le cas, cette interview est pour vous car nous vous proposons ce mois-ci de rencontrer la présidente de « Bobines et Bambins », une association qui réunit chaque semaine de nombreuses amatrices de ce loisir dont les bienfaits ne sont plus à vanter.

 

Bonjour Naomi Emeish, avant tout, merci de recevoir Les Echos. Beaucoup de nos lectrices (peut-être aussi des lecteurs ?) sont attirées par la couture. Votre association va sans doute les intéresser, comment est-elle née, pourquoi a-t-elle été créée ?

C’est une belle histoire. Elle a commencé il y a un peu plus de quinze ans à Vaux. Deux sœurs qui venaient d’avoir un bébé se trouvaient en même temps en congé parental. Elles ont ressenti le besoin d’un endroit où les enfants seraient acceptés pendant qu’elles cousaient, un loisir qu’elles aimaient particulièrement. Au cours de discussions, certaines de leurs amies ont eu connaissance de ces moments partagés et rapidement, le groupe s’est étoffé ; ainsi au bout d’un certain temps, le salon est devenu trop petit pour accueillir les sœurs et … leurs copines. Il a donc fallu se mettre en quête d’une salle. C’est d’abord la mairie de Vaux qui en a mis une à leur disposition, leur permettant ainsi de se retrouver chaque semaine. Mais très vite, tant le succès a été rapide, il a fallu une salle plus grande et c’est à Meulan, à la salle des Granges de la Ferme du Paradis, que finalement elles ont pris l’habitude de se réunir. Le groupe d’amies s’est alors organisé en association et a pris ce joli nom de « Bobines et Bambins ».

Effectivement, l’histoire est bien belle, mais pour votre part, étiez-vous déjà présente lors de ces premières rencontres entre amies et comment expliquez-vous ce succès ?

Oui, j’ai eu cette chance, j’habitais Vaux à cette époque ; j’ai depuis changé de domicile mais suis restée fidèle à « Bobines et Bambins ». Le bureau de l’association (une partie en photo) veille sur une trentaine d’adhérentes. J’en suis devenue présidente il y a deux ans ; il est composé de cinq femmes passionnées de couture qui fournissent un travail indispensable à l’association !

Quant à son succès, c’est sans doute dû au fait que cette activité manuelle plaît beaucoup parce qu’elle ne développe pas uniquement la créativité ; c’est aussi un bon moyen de se détendre, de déstresser. Le fait de se retrouver en groupe dans une ambiance très conviviale est très bon pour l’équilibre personnel. Et puis, il y a une certaine fierté à faire quelque chose par soi-même, un vêtement que l’on a réalisé avec ses mains…

Comment êtes-vous organisées, est-ce qu’il y a plusieurs groupes, plusieurs niveaux ?

Nous nous retrouvons deux fois par semaine, comme je vous le disais à la Ferme du Paradis à Meulan. Nous proposons un atelier le mardi matin de 9 h 30 à 12 h 30 et un autre le jeudi soir de 20 h 30 à 22 h 30, mais il faut bien reconnaître que nous débordons régulièrement de ces horaires, peut-être parce que nous prenons beaucoup de plaisir à être ensemble ? En tous les cas, ces deux rencontres sont très riches à tous points de vue ; elles permettent entre autres aux plus expérimentées de conseiller les débutantes, l’entraide est le maître mot de ces ateliers, donc pas de niveaux !

Vous nous parlez de deux réunions par semaine ; est-ce qu’il est possible pour les adhérentes de participer à ces deux ateliers ?

Oui bien sûr, même si le plus souvent on retrouve à celui du soir les personnes qui exercent une activité professionnelle, il est tout à fait possible de venir aux deux sessions.

Est-ce que ces ateliers sont libres ou bien dirigés par une personne expérimentée ?

Ces séances sont totalement ouvertes, chacune peut y faire ce qu’elle désire. Le but est vraiment de partager les expériences et les compétences. Toutefois, nous proposons et organisons, au rythme d’environ une fois par mois, des cours dispensés par un professeur. Ces rencontres sont payantes mais leur coût reste très modique. La cotisation annuelle pour devenir adhérente est actuellement de 40 € et à partir de 150 € pour assister aux cours de l’année.

Je suppose que pour réaliser vos créations vous avez fait l’acquisition de matériel adapté ?

Effectivement, nous avons deux machines à coudre et deux surjeteuses à notre disposition. Nous avons aussi une bibliothèque riche en patrons de toutes sortes et en livres et magazines, même si maintenant nous utilisons beaucoup Internet, un réseau sur lequel nous trouvons beaucoup d’idées. A ce propos, nous avons créé un groupe de discussion pour les adhérentes ; il nous permet d’échanger encore davantage. Nous y mettons nos réalisations, demandons et donnons des conseils, racontons nos petites anecdotes, échangeons les bonnes adresses ; bref, c’est un moyen complémentaire de communication pratique et très apprécié.

Pour suivre les tendances et trouver des idées, beaucoup d’entre nous visitent aussi certains salons. D’abord celui de la « Création et du savoir-faire » qui a lieu chaque année fin novembre à la porte de Versailles à Paris et celui plus spécialisé dans la couture, « Aiguille en fête », organisé en février à la porte de la Villette. Certaines s’y rendent en groupe, c’est plus sympathique et du coup nous partageons la voiture et, petit plus non négligeable, l’association participe à l’achat du billet d’entrée !

Pratiquez-vous uniquement la couture dans ces ateliers, peut-on y faire d’autres techniques cousines ?

Votre question est judicieuse ; en effet, certaines d’entre nous sont expertes en crochet, en tricot ou en patchwork et elles font profiter les autres participantes de leurs compétences dans ces domaines. Au cours des années, nous avons eu aussi l’occasion d’accueillir ponctuellement des intervenants extérieurs pour des thèmes variés tels que le « scrapbooking », la patine, les perles japonaises, la création de pêle-mêle, les abat-jours, etc. D’autre part, nous organisons de temps en temps des défis, des sortes de challenges pour lesquels nous procédons à un vote qui va déterminer une gagnante. Nous proposons aussi, mais plus rarement, des ateliers à thème ; je pense à celui du recyclage ou comment utiliser des chutes de tissu… vous voyez les idées ne manquent pas.

Ces rencontres semblent très enrichissantes ; à votre avis, quels sont les principaux bienfaits de la pratique de la couture, pourquoi la recommanderiez-vous à une amie ?

Pour ma part, j’y ai appris à lire et à utiliser un patron ! Vous ne pouvez pas vous imaginer le bonheur que j’ai ressenti lorsqu’est arrivé ce déclic ; franchement, je ne pense pas que j’y serais arrivée sans aide.

En ce qui concerne les bienfaits, je me répète un peu, mais il y a avant tout la grande satisfaction de créer ou de recycler, de faire soi-même à partir d’un morceau de tissu, un objet qui va être utile pour soi ou pour quelqu’un d’autre. Ensuite, il y a un petit plus tout à fait dans l’air du temps, une sorte de retour aux sources, quelque chose de réaliser « à l’ancienne » et qui fait un peu réfléchir sur les problèmes actuels liés à la surconsommation. On ne peut pas non plus ne pas parler de ces moments conviviaux passés ensemble autour de la machine, moments privilégiés au cours desquels on reçoit ou donne des conseils ; ils participent largement au plaisir de venir à ces ateliers.

Pour conclure, j’aimerais ajouter que celles (ou ceux…) qui sont intéressées par la couture peuvent nous rejoindre pour une séance d’essai gratuite ; nous les accueillerons avec plaisir. Je voudrais également remercier la mairie de Meulan qui met gracieusement à notre disposition les salles ; c’est grâce à ce prêt que nous pouvons chaque semaine nous réunir.

Merci beaucoup Naomi Emeish, tout cela donne très envie de rejoindre votre groupe, sans doute de nouvelles couturières vont venir rejoindre votre association ; c’est en tout cas ce que nous vous souhaitons.

 

Propos recueillis par Jannick Denouël

 

Pour tout renseignement : bobines.bambins@gmail.com ou 06 74 51 57 00

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