Epiphanie

S’il est une fête qui joue les prolongations, c’est bien l’Epiphanie entraînant avec elle son cortège de chameaux, de mages, d’or, d’encens, de myrrhe, d’étoile mais aussi de galettes, de couronnes et de fèves ! Essayons de voir ce qui touche à la foi chrétienne et ce qui relève du folklore.

EPIPHANIE : venu du grec signifie « manifestation », il est à rapprocher de « théophanie » : Dieu qui se montre, se manifeste à travers des signes sensibles ou des phénomènes, lui qui est l’Invisible. Déjà dans l’Ancien Testament, il se révèle à Moïse dans le Buisson ardent ou le tonnerre au Sinaï, dans le Nouveau à Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration. L’Epiphanie est sa manifestation en son fils Jésus, aux mages venus d’Orient, et à travers eux au monde entier. Seul l’évangile selon Matthieu relate l’événement (chap.2, 1-12). Il parle de « mages », nom donné aux prêtres en Perse, aux astrologues ou devins ; quoi qu’il en soit, ce sont des étrangers au monde juif. Ils viennent d’Orient à la recherche du « roi des Juifs » car ils ont vu son astre se lever. Leur passage à Jérusalem inquiète Hérode et toute la ville. Alors on recherche dans les textes anciens un éclaircissement que Michée fournit au chapitre 5 « et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas le moindre des clans de Juda car de toi sortira un chef qui sera le pasteur de mon peuple Israël ». Notons de suite qu’il n’est pas question d’un roi mais d’un pasteur.

C’est en quittant Jérusalem que l’astre que les mages avaient vu, réapparaît et s’arrête au dessus de l’endroit où était l’enfant. Il ne s’agit plus de crèche comme pour les bergers (Luc 2, 7-12), mais d’un logis où ils virent l’enfant avec Marie sa mère. Ils se prosternent et lui offrent de l’or, le reconnaissant comme roi, de l’encens comme prêtre et de la myrrhe comme mortel (employée pour l’embaumement). De leur triple présent, on a conclu qu’ils étaient trois ; et comme le psaume 72 parle de rois de Tarsis et des Iles qui enverront des présents… que tous les rois se prosterneront devant lui… ils sont appelés « rois mages ».

Leur fête s’implanta d’abord en Orient, liée à celle du baptême du Christ dans le Jourdain, autre « théophanie » car une voix se fit entendre : « tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». En occident, longtemps associée à la Nativité, l’Epiphanie est définitivement fixée, comme en Orient, au 6 janvier.

Au delà du texte évangélique de Matthieu, le côté qui nous semble plus « folklorique » de l’Epiphanie prend sa source, dans les évangiles apocryphes (qui ne font pas partie du canon biblique) mais aussi dans la légende dorée et les écrits de pères de l’Eglise ou de papes. Ainsi au Ve siècle, Origène et Léon le Grand adoptent « trois rois mages » mais leurs noms ne leur seront attribués qu’au VIIe siècle et la différence de leurs races et lieux d’origine, seulement au XVe. La tradition nous a donc transmis : Melchior, barbu aux cheveux blancs, vient d’Europe et offre de l’or ; Gaspar, au teint rouge et imberbe, arrive d’Asie et présente l’encens ; enfin Balthasar, noir, vient d’Afrique porteur de la myrrhe. Ils symbolisent toute l’humanité appelée à reconnaître Jésus, fils de Dieu.

L’Epiphanie est bien la manifestation de Dieu aux nations païennes.

Mais tout ne se joue pas seulement autour de la crèche, me direz-vous. Dans leur impatience, sans attendre le 6 janvier et avant même que soient digérées les bûches de Noël, voici que boulangers et pâtissiers proposent leurs galettes des rois avec fèves et couronnes, promesses de joyeux moments de convivialité tout au long du mois de janvier. La galette évoque le culte solaire, antérieur au christianisme, et célébré à l’occasion des solstices d’hiver, cette période où les jours vont commencer à croître. La fève devenue aujourd’hui objet de collection, était à l’origine une graine (haricot ou autre) appelée à germer et donc symbole de richesse. Celui qui la trouvait dans sa part était immédiatement couronné et invité à boire aux cris de « le roi boit ». Un célèbre tableau de Jordaens, peintre flamant du XVIIe siècle, évoque cette ancienne coutume. Ne négligeons pas la belle fête chrétienne de l’Epiphanie au profit de la seule galette.

Pour aller plus loin : site de l’épiphanie

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