Ghislain Hedoux, responsable du Site SEVEPI d’Hardricourt

Pour notre thème du mois sur l’agriculture, nous sommes allés à la rencontre de Ghislain Hédoux, responsable du site d’Hardricourt de la Société Coopérative Agricole Sevépi. Vous êtes probablement déjà passé devant ces grands silos gris situés en bordure de Seine et surtout vous avez dû voir passer dans notre secteur, durant la période desmoissons, de grosses remorques remplies de céréales. Cette interview va vous éclairer sur cette activité locale.

Bonjour monsieur Hédoux, merci de nous accorder un peu de temps pour nous parler de votre activité. Pourriez-vous tout d’abord vous présenter ?
Originaire du Pas-de-Calais, j’ai fait des études agricoles pour m’installer comme agriculteur. Les circonstances ont fait que de 1997 à 1999, j’ai travaillé dans une malterie dans le nord. En 1999, je suis rentré à l’Ile- de-France Seine Céréales sur le site d’Hargeville (près de Septeuil) et en 2002, j’ai été nommé responsable du site d’Hardricourt. Nous sommes deux pour faire fonctionner ce site, Romain Guérin, qui me seconde et moi-même.
Pouvez-vous nous présenter l’activité de ce site ?
Ce site est tout d’abord un centre d’approvisionnement pour la fourniture des semences : semences de maïs et de colza, blé et orge et des semences d’orge de brasserie entrant dans la fabrication des bières du Vexin. Nous fournissons également des engrais et des produits phytosanitaires. Dans toute cette gamme de produits, nous sommes soumis aux normes françaises, actuellement plus exigeantes que les normes européennes.
Nous sommes également un centre de collecte des productions agricoles de la rive gauche allant de Poissy à Flins et de la rive droite allant de Longuesse (où nous avons un autre site de collecte) à Limay.
Ces deux activités, approvisionnement et collecte, sont proposées aux sociétaires de la coopérative Sevépi, soit actuellement une centaine d’agriculteurs se répartissant en 1/3 sur la rive gauche et 2/3 sur la rive droite.
Le résultat de ces activités est chaque année, soit réinvesti, soit reversé en ristournes à chaque sociétaire, soit mis en réserve, suivant les décisions prises par le conseil d’administration où sont représentés les sociétaires.
Comment se répartissent ces activités au cours de l’année ?
Du début juillet au 15 août, c’est la collecte des céréales avec environ soixante dix remorques par jour au plus fort de la récolte. Nous recevons deux grandes catégories de blé : 80 % en variété meunière et 20 % en blé fourrager. La variété meunière permet de valoriser davantage la récolte par rapport à des terres qui, localement, ont un potentiel moyen. Sur le site, les remorques sont pesées, déchargées, la céréale étant tout de suite analysée et identifiée en deux minutes, permettant de choisir le silo de stockage. Toutes ces données sont saisies et transférées au siège à Douains dans l’Eure, pour toute la gestion administrative des comptes des agriculteurs sociétaires. Il faut noter que quelques agriculteurs disposent de stockage d’hiver et nous livrent en dehors des périodes de récolte. Ils touchent pour cela une prime de stockage. Grâce à ce dispositif, nous pouvons gérer la sous capacité du site à absorber la totalité des récoltes en juillet – août. En effet, nous gérons en année normale 30 000 tonnes de céréales et nous avons sur ce site une capacité totale de stockage de 11 440 tonnes avec un silo de 10 000 tonnes, réparti sur dix cellules et un silo de douze fois 120 tonnes construit en 1952. Nous stockons sur une période de six mois en moyenne.
Les expéditions s’échelonnent de juillet à juin de l’année suivante, avec 80 % des chargements par péniches qui viennent à quai, soit environ une trentaine par an.
Les péniches ont toutes la même capacité ?
Non, celles qui partent vers le canal du nord embarquent trois cents tonnes et celles qui remontent à Rouen mille deux cents tonnes. Le temps de chargement va donc varier de trois heures à douze heures car notre système de remplissage permet de transférer cent tonnes à l’heure.


Le reste soit 20% de la collecte est expédié par la route : le blé meunier vers les moulins locaux et le maïs et l’orge de brasserie au silo de Limay pour être soit séché (maïs) ou calibré (orge de brasserie). Ensuite de septembre à novembre, ce sont les approvisionnements qui dominent.
De décembre à février, ce sont les expéditions et réceptions de céréales de ferme. De mars à la mi-mai, de nouveau la vente de produits, semences et engrais.
Enfin, en juin nous procédons à la vidange par ventilation et au nettoyage des silos. Nous devons impérativement être prêts pour la campagne de collecte qui redémarre en juillet.
Merci de toutes ces explications car nous appréhendons mieux l’importance et, la diversité de vos activités. Y-a-t-il des projets d’évolution du site et pouvez-vous décrire succinctement ce que représente la Sevépi ?
Non, il n’y a pas de projet d’évolution pour respecter la pression immobilière locale actuelle et ne pas remettre en question son implantation.
Pour ce qui concerne l’ensemble de la Sevépi, elle est l’aboutissement d’une succession de fusions qui a débuté en 1970. Pour faire court, j’évoquerais les deux dernières : en 2002, les coopératives CAPN et Ile-de-France Seine Céréales se rejoignent dans l’Union Sevépi. Trois ans plus tard, les conseils d’administration des deux coopératives décident de fusionner, donnant naissance à la Société Coopérative Agricole Sevépi. En 2009, les conseils d’administration de la Coopérative Agricole de Louviers-Quittebeuf (CALQ) et de Sevépi décident unanimement d’opter pour une fusion. La Sevépi couvre actuellement quatre grands secteurs : Louviers Quittebeuf, Vexin, Quatre Vallées et Mantois dont nous faisons partie.
Au total cela regroupe vingt-six sites de stockage, cent vingt et un membres du personnel, mille deux cent cinquante adhérents actifs, soit plus de 547 mille tonnes collectés pour un chiffre d’affaires total 2016, de plus de 148 millions d’euros dont près de 41 millions d’euros en approvisionnement.
Après avoir fait un tour rapide des installations et avoir été impressionné par la grande armoire technique de pilotage du site et par la vision au travers d’une trappe de l’immensité du silo principal, j’ai remercié Ghislain Hédoux pour sa disponibilité et son accueil. Etant mieux informés, nous ne serons pas surpris de voir reprendre bientôt, dans notre secteur, le ballet des transports de céréales.

(Propos recueillis par Yves Maretheu)

Pour plus d’information, site Sevépi

 

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