La Vierge-Mère

Que ce soit par une statue, un vitrail, une image pieuse ou une icône, le symbole religieux de la Vierge à l’enfant est rappelé en permanence à la contemplation du croyant. Marie, mère de Jésus, en est l’archétype. Le christianisme, dès les premiers conciles, en établissant les formules théologiques qui expriment la double nature du Christ : homme et Dieu, a affirmé, simultanément, que Marie, mère de l’homme Jésus, est aussi mère de Dieu. Affirmation paradoxale : une mortelle peut-elle donner naissance au divin ?
Un paradoxe qui a d’autres aspects : Marie est mère tout en étant vierge et Jésus nait d’une manière miraculeuse. L’Eglise, par ces formulations théologiques, nous fait quitter les réalités biologiques de la fécondation et de la naissance, pour nous faire entrer dans le mystère de Dieu qui partage notre humanité afin de nous faire partager sa divinité.
En contemplant la Vierge-Mère, notre regard est invité à dépasser l’horizon habituel. C’est ce que nous rappelle Saint Jean, au début de son évangile. De Jésus, Verbe de Dieu (Celui par lequel tout a été fait), il dit : « … lui que ni sang, ni vouloir de chair, ni vouloir d’homme, mais Dieu a engendré… A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. » (Jn 1,12-13)
D’autres cultures que la nôtre connaissent le mythe de la Vierge-Mère et des naissances miraculeuses. En Chine, en Inde ou au Moyen-Orient, des personnages importants, empereurs ou fondateurs de religion sont apparus de cette façon, affirmant ainsi leur origine céleste.
Le symbole chrétien évoque bien plus que cette prédestination. Il rappelle que rien n’est impossible à Dieu, pas même de contredire, en apparence, les lois de la nature. Avant l’arrivée de Jésus, deux figures bibliques, deux femmes mariées, stériles et donc sans enfant, sont cependant devenues mères, très agées, suite à une surprenante promesse divine. Il s’agit de Sara, femme d’Abraham, mère du patriarche Isaac et d’Elisabeth, cousine de Marie, mère du prophète Jean-Baptiste.
Toujours dans le cadre du symbole, les chrétiens sont aussi familiers avec la dimension cosmique de la Vierge-Mère telle que la présente saint Jean dans le langage très particulier de l’Apocalypse : « un signe grandiose apparut au ciel : c’est une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement. »(Ap 12,1-2)
Et qui donc est cet enfant dans les bras de la Vierge ? Jésus, au sens historique, mais peut-être aussi chacun de nous, au sens théologique. A méditer.

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