Le siècle des Lumières

Le siècle des lumières débuta au lendemain de la mort de Louis XIV en 1715 et prit fin à l’avènement de la Révolution française en 1789. Le mouvement des lumières est une époque de réflexion et de contestation. Il tire son nom de la volonté des philosophes européens de combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir.

La situation politique et sociale tendit à se modifier en France et en Europe en ce début de siècle. Sur le plan intérieur, la situation financière est devenue catastrophique sous les règnes du Régent Philippe d’Orléans, de Louis XV et de Louis XVI. Ces rois réputés faibles, aux prises avec un régime de fêtes et d’intrigues de cour, ne peuvent faire face aux difficultés financières croissantes qui aboutiront à l’impasse et susciteront le rejet du peuple envers cette monarchie absolue où le roi possédait les trois pouvoirs : judiciaire, législatif et exécutif.

Les principaux axes de revendication demandent la suppression des inégalités sociales, des intolérances religieuses (chaque citoyen peut choisir sa religion et non pas la religion d’état), le refus des traditions et l’innovation.

Le peuple parlait un français populaire parsemé de patois et d’expressions argotiques. Le français n’était encore que la « langue du roy », c’est-à-dire celle des classes privilégiées et riches. Dans l’esprit de l’époque, il apparaissait plus utile d’apprendre aux paysans comment obtenir un bon rendement de la terre ou comment manier le rabot et la lime que de les envoyer à l’école.

L’expansion du français en Europe

Toutes les cours d’Europe utilisaient le français : près de vingt-cinq états, de la Turquie au Portugal en passant par la Russie, la Serbie et le Monténégro, la Norvège, la Pologne et bien sûr l’Angleterre. Le français restait la langue diplomatique universelle de l’Europe et celle qu’on utilisait dans les traités internationaux. La plupart des têtes couronnées, Frédéric II de Prusse, Catherine II de Russie, Marie-Thérèse d’Autriche, Gustave III de Suède, apprenaient le français et l’utilisaient dans leurs correspondances. 

Le cas de Gustave III, roi de Suède de 1771 à 1792, fut même exceptionnel. Ce dernier connaissait mieux le français que le suédois. Grand admirateur de Voltaire, Gustave III lisait dans leur version originale française, les philosophes des Lumières. L’étiquette à la cour de Suède était même une transposition de celle de Versailles et on s’y habillait à la française. Ayant reçu une éducation française, Gustave III fut l’un des plus francophiles rois d’Europe.

Les salons

Diffusée dans les salons littéraires et les cafés maçonniques, la liberté d’expression apparait ainsi que la notion d’égalité. Ces lieux permettent aux encyclopédistes de faire passer leurs idées.

L’encyclopédie dirigé par Diderot et d’Alembert est le meilleur symbole de cette volonté de rassembler toutes les connaissances disponibles et de les répandre auprès du public. Parallèlement, les journaux scientifiques, techniques et politiques se développèrent, se multiplièrent et furent diffusés jusque dans les provinces, alimentant la soif de lecture chez un public sensibilisé au choc des idées. Le développement de la presse fut la conséquence et la cause de cette curiosité ainsi que de la contestation qui se répandait graduellement dans la société.

Les protagonistes 

Les Français Voltaire (1694-1778), Montesquieu (1689-1755), Diderot (1713-1784) et le Genevois Jean Jacques Rousseau (1712-1778) sont les protagonistes les plus connus de ce mouvement. Certains philosophes interviennent dans des affaires judiciaires comme Voltaire qui défendit Calas, un protestant injustement accusé d’avoir tué son fils. Ils militèrent aussi pour l’abolition des peines infamantes, de la torture et de l’esclavage.

Le début de l’anglomanie

Les philosophes voyageant beaucoup, certains comme Montesquieu et Voltaire se rendaient en Angleterre et revenaient en propageant de nouveaux mots empruntés à l’anglais (paquebot (packet-boat), motion, verdict, vote, session, jury…). Déjà l’anglais avait commencé à concurrencer le français comme langue véhiculaire. Après 1763, la perte de la plupart de nos colonies laissées aux Anglais (Canada, Pondichéry, Louisiane, Guadeloupe…) favorisa le déclin de la langue française. La Grande Bretagne émerge alors comme une grande puissance. Face à des personnalités de premier plan à la tête des monarchies d’Europe, le roi Louis XV apparaissait d’autant plus faible qu’il était aux prises avec de graves crises religieuse, parlementaire et financière. Dans ces conditions, le français ne pouvait prendre que du recul en Amérique puis en Europe et dans le monde entier. Le français continuera néanmoins d’être utilisé au Canada et en Louisiane mais il régressera sans cesse au profit de l’anglais. L’anglomanie commençait et allait reléguer le français en seconde place.

Le français demeura, durant un certain temps encore, par-delà les nationalités, une langue de classe à laquelle toute l’Europe aristocratique s’était identifiée. Cette société privilégiée restera figée de stupeur lorsqu’éclatera la Révolution française qui mettra fin à l’Europe francisante.

Geneviève Forget

 

 

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