L’épopée de l’Obélisque

Le Musée de la Marine propose un parcours pour retracer le voyage de l’obélisque entre l’Egypte et la France.

En 1829, le vice-roi d’Egypte, Mehmet Ali, décide d’offrir l’obélisque d’Alexandrie à la France. Ce cadeau diplomatique était destiné à remercier les ingénieurs français qui l’aidaient à moderniser son pays mais aussi à renforcer les liens qui l’unissaient à l’Europe. Mais Champollion en apprenant cela remue ciel et terre pour que Mehmet Ali offre plutôt les deux obélisques de Louxor qui ont été édifiés au XIIIe siècle avant J.C par Ramsès II et qui sont mieux conservés, plus beaux et plus intéressants. Il arrive à convaincre le vice-roi d’Egypte de modifier son don.

Transporter le premier se révéla être une véritable aventure qui dura près de sept ans. Un navire spécialement affrété quitte Toulon en avril 1831 et remonte le Nil en août puis il faudra démonter cet ouvrage formé d’un seul bloc de pierre sans le briser, l’embarquer sur le bateau en décembre et redescendre le Nil en août 1832, traverser la Méditerranée et longer les côtes de l’océan Atlantique, remonter la Seine puis ériger ce monolithe de 23 m de haut et de 230 tonnes au centre de Paris, sur la place de la Concorde. Quelle épopée !

Toutes ces opérations, que beaucoup pensaient impossibles à l’époque, furent réalisées à bras d’homme, sans aucune machine motorisée et dirigées par Apollinaire Lebas, ingénieur de la marine.

Devant les difficultés rencontrées les autorités françaises renoncèrent à l’idée de ramener le deuxième obélisque.

L’obélisque de Louxor arrive enfin à Paris le 10 mai 1833 et ce n’est que trois ans plus tard que Louis Philippe décide de le faire ériger place de la Concorde. La cérémonie a lieu le 25 octobre 1836, devant une foule de 200 000 parisiens. Elle mobilise 380 artilleurs commandés par Apollinaire Lebas. Il se place avec son porte-voix sous le monument de telle sorte que si les choses devaient mal tourner, si l’obélisque devait se briser et s’écraser, il le pulvérise lui aussi. Mais l’opération qui a duré trois heures et demie, s’est très bien passée et Apollinaire Lebas est devenu une célébrité nationale. Il a été nommé directeur du Musée de la Marine.

Louis Philippe 1er n’avait pas voulu prendre le risque du ridicule en cas d’échec ; il s’était installé discrètement avec la famille royale aux fenêtres de l’Hôtel de la Marine. Ce n’est que lorsque l’obélisque se dresse sur son socle que le roi et sa famille paraissent au balcon pour recueillir l’ovation de la foule.

Pour l’anecdote, en 1845 en échange des obélisques, Louis Philippe offre une horloge en cuivre qui orne aujourd’hui la citadelle du Caire mais selon les Cairotes, probablement endommagée lors de la livraison, elle ne fonctionna jamais.

En mai 1998, un pyramidion fait de bronze et de feuilles d’or a été ajouté au sommet de l’obélisque pour remplacer un précédent ornement emporté lors d’invasions en Egypte au VIe siècle.

Remarque : l’obélisque sert aussi de gnomon (1) à un cadran solaire dont les chiffres romains et les lignes sont tracés au sol par des incrustations de métal dans le revêtement du centre de la place.

L’exposition offre une visite sonore et virtuelle où sont rassemblés des maquettes, peintures, dessins, sculptures, gravures et de nombreux témoignages. Elle propose également un jeu sous forme de quizz. Cet « exploit » présenté sous forme d’histoire intéressera aussi les enfants.

 

« Le voyage de l’obélisque » jusqu’au 6 juillet au Musée national de la Marine – Palais de Chaillot, 17 place du Trocadéro.

 

  1. cadran solaire primitif constitué d’une simple tige appelée style dont l’ombre se projette sur une surface plane.

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