Les cent ans des 24 Heures du Mans

Course d’endurance iconique, les 24 Heures du Mans ont vu le jour en 1923 à l’initiative de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO). Dès la première édition, cette compétition s’impose comme la plus dure et la plus éprouvante des sports mécanisés, ce qu’elle n’a jamais cessé d’être depuis. Au début des années 1920, les Grands Prix de vitesse rencontrent déjà un succès considérable. Ces manifestations rassemblant de plus en plus de spectateurs, l’ACO décide de créer une épreuve d’un même genre, fondée sur l’endurance et de ne plus se baser sur la capacité des pilotes à conduire très rapidement mais sur leur faculté à tenir le plus longtemps possible sur un circuit, au volant de leur machine, ce qui se pratiquait déjà depuis 1911 aux Etats-Unis avec les 500 miles d’Indianapolis.

Grand Prix d’Endurance

Le circuit de la Sarthe est rapidement choisi pour accueillir cette épreuve. Déjà en 1906, la Sarthe est désignée par l’Automobile Club de France pour organiser un Grand Prix automobile ; l’idée d’une course annuelle au Mans commence à faire son chemin. L’ACO souhaite créer une course d’endurance de huit heures réservée aux voitures de série pour que les constructeurs puissent éprouver la solidité et la fiabilité de leurs modèles, le but étant de favoriser les progrès techniques et l’essor de l’automobile. A ce titre, une compétition sur deux jours, encore jamais vue dans la brève histoire du sport mécanique, semble plus appropriée. Les 24 Heures du Mans étaient nées.

Baptisée initialement « Grand Prix d’Endurance », la première édition a lieu les 26 et 27 mai 1923 sur le circuit permanent de la Sarthe, long d’un peu plus de dix-sept kilomètres. Sous une très forte pluie au moment du départ, trente-trois équipages composés chacun de deux pilotes vont se relayer pendant deux jours et donner le meilleur d’eux-mêmes. Très vite, la presse s’intéresse à cette épreuve dont la proposition est suffisamment originale pour captiver le grand public.

L’heure des braves

Outre le mauvais temps de cette première édition, les conditions de course ne sont pas bonnes. La veille, le circuit a été recouvert d’une couche de gravier, de terre et de goudron qui menace de se transformer en une épaisse boue visqueuse avec la pluie. Par ailleurs, les systèmes d’éclairage des véhicules produisent une faible lumière, ce qui complique la conduite de nuit. L’heure, la lassitude, le froid, le vent, l’humidité, l’obscurité, la pression vont éprouver les organismes et les esprits. Il va falloir tout endurer pour espérer finir surtout si l’on considère que la plupart des pilotes choisissent de rouler capote baissée pour que leur véhicule offre une moindre résistance à l’air et gagner en vitesse, chose insensée au vu des conditions météorologiques.

Rapidement, les pilotes André Lagache et René Léonard au volant d’une puissante « Chenard & Wolcker 3.0 L » prennent la tête de la course et ne la quitteront plus. Pour cette première édition, leur performance est impressionnante : vitesse moyenne de 92 km/h, 128 tours de circuit (2 205 kilomètres), intempéries et obscurité dans des conditions très pénibles.

Une chose est certaine. Tous les participants ont rivalisé d’audace, luttant inlassablement contre la fatigue, repoussant en permanence leurs limites et celles de leurs véhicules jusqu’à frôler la rupture et l’accident.

Un succès immédiat

La formule séduit immédiatement un public de plus en plus nombreux venu de très loin et même de l’étranger, avide de nouvelles sensations mécaniques. Les meilleurs pilotes se battent pour y participer. Les 24 Heures du Mans vont devenir une référence, un passage obligé, une épreuve de prestige pour tous les pilotes, la course qu’il faut gagner au moins une fois dans sa vie. Elle est l’une des trois épreuves mécanisées les plus prestigieuses au monde avec le Grand Prix de Monaco et les 500 miles d’Indianapolis.

Il n’est pas abusif de dire que les 24 Heures du Mans ont largement contribué à améliorer les performances des automobiles, toutes marques confondues, à travers le monde. Au fil des années, des éditions, des tours de circuit, cette compétition hors normes aura popularisé les courses d’endurance et inspiré la création de nombreuses épreuves similaires à Daytona (Floride), Spa (Belgique) ou au Nürburgring (Allemagne).

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