Les Noëls de mon enfance

Le grand jour approche ! Et déjà mes petits-enfants sont dans la préparation de cette belle fête ! Quand je vois leur effervescence, je ne peux m’empêcher de me rappeler les Noëls de mon enfance.

Tout commençait à l’école par la décoration du sapin quelques jours avant les vacances. Chaque enfant apportait une boule, une guirlande, … pour habiller l’arbre vert installé près d’une fenêtre à côté du bureau de la maîtresse. Le jour des vacances, tous les élèves se retrouvaient sous le préau avec un petit sachet de chocolat en cadeau pour entonner les chants de Noël : « Vive le vent », « Mon beau sapin… ». La décoration des vitrines de magasins attirait le regard des passants surtout celle du bazar où les enfants s’arrêtaient longuement pour admirer les jouets exposés, ce qui les aidait bien pour faire leur lettre au Père Noël. Tout était tellement merveilleux que la liste s’agrandissait à chacun de leur passage. Il y avait souvent de la neige à cette période, donnant ainsi un air magique à cette ambiance feutrée.

Le temps était venu de s’occuper de la décoration du sapin que notre père avait pris soin de choisir. Avec enthousiasme, nous nous installions autour de la table pour fabriquer étoiles et personnages en carton, recouverts d’aluminium. Les guirlandes et des petites boules de coton pour imiter la neige, complétaient nos décorations, sans oublier les bougies bien calées sur leurs pinces, posées avec précaution au bout des branches.

Mon frère aîné s’occupait de la crèche qu’il dessinait et coloriait sur une feuille de papier avant de la coller dans une boite en bois qu’il avait fabriquée. Quelle était belle notre crèche avec des brins de paille donnés par le cultivateur voisin ! Ensuite nous déposions nos chaussons au pied de notre sapin ainsi que chez notre grand-mère, trois maisons plus loin, pour que le Père Noël ne nous oublie pas.

Nous ne faisions pas de veillée de Noël. La soirée était réservée pour la messe de minuit. Il fallait partir tôt et bien se couvrir car dehors, le froid était pénétrant et l’église glaciale. Nous retrouvions nos copains du catéchisme pour la procession de Noël. Les filles se transformaient en ange en revêtant par-dessus leur manteau une aube et des ailes roses ou bleues en carton attachées aux épaules tandis que les garçons étaient en berger avec une longue tunique, une cape et un bâton à la main. A minuit, le défilé commençait pour rejoindre le chœur. Deux futurs communiants, eux-mêmes costumés, représentaient la Vierge et Joseph. En passant devant la crèche, Marie y déposait un baigneur dans la paille. Je me souviens encore de la ferveur de l’assemblée chantant les cantiques de Noël, accompagnée par l’harmonium.

A la fin de la messe, la joie était toujours en nous et c’est bras-dessus, bras-dessous que nous retournions chez nous en marchant au milieu de la route et en chantant à tue-tête « II est né le divin Enfant ». En ouvrant la porte de notre maison, nous étions impatients de voir si le Père Noël était déjà passé. Quelle déception en voyant que les cadeaux n’étaient pas encore là ! Il ne restait plus qu’à aller dormir : il était plus d’une heure et la fatigue se faisait sentir.

Le matin, aussi impatient que nous, notre père venait nous réveiller. Nous n’avions pas beaucoup dormi mais il nous fallait peu de temps pour se lever et découvrir enfin nos cadeaux avec chocolat et clémentines, au pied du sapin illuminé. Quelle ambiance, quelle joie à l’ouverture des paquets ! Poupée, livres, dinette, garage, train mécanique… le Père Noël avait exaucé nos vœux ! En fin de matinée, nous rendions visite à notre grand-mère pour découvrir également d’autres cadeaux. Notre oncle s’agenouillait alors près de nous et nous aidait à ouvrir les paquets. De son air taquin, il prenait tout son temps pour enlever le papier et s’amusait de nous voir trépigner d’impatience.

L’heure du déjeuner avait sonné. A cette époque, il n’y avait pas de traiteur, tout était fait maison, préparé un ou deux jours avant. La traditionnelle dinde du fermier était tellement énorme qu’elle était cuite dans le four du boulanger, celui de la cuisinière à charbon de ma grand-mère étant trop petit. Le repas nous paraissait bien long. Nous sortions souvent de table pour profiter de nos cadeaux ou commencer une bataille de boules de neige, souvent rejoints par les adultes. A l’appel de notre mère, les éclats de rire s’arrêtaient : il était l’heure de rentrer pour déguster la bûche.

Ah ! Ces beaux Noël d’antan ; les temps ont bien changé mais les souvenirs sont toujours là !

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