L’homme et l’oiseau

Dès que l’homme a pris conscience qu’autour de lui certains êtres pouvaient voler alors que lui vivait au sol, sans espoir de le quitter, il en fût malheureux.

Heureusement, il n’avait pas pu voir bien avant lui les reptiles volants ! Imaginez un genre de crocodile volant ! Les insectes eux aussi volent mais ils ne frappaient pas trop son imaginaire ; ils étaient insignifiants, mais les oiseaux et les chauves-souris, c’était autre chose : ils étaient de volumes et de poids beaucoup plus importants. L’homme ayant évolué et progressé énormément ne pouvait admettre qu’il lui soit refusé de pouvoir un jour voler et voir le monde d’en haut. De plus il lui semblait que s’il y arrivait il en tirerait d’énormes satisfactions !

En effet le vol est gracieux, silencieux, parfois sans effort lorsque l’oiseau plane, il est précis. Il semble y avoir une jouissance physique, morale et pourquoi pas philosophique et dominatrice dans ce déplacement dans la troisième dimension ! Il fallait pouvoir vaincre la pesanteur et se mouvoir suivant ses besoins et sa volonté.

Des études théoriques faisant appel à l’imagination créatrice et parfois un peu folle commencèrent à vouloir s’exprimer. Tout commence ainsi. Vouloir transformer ses bras en ailes était une fausse piste.

On connaît les croquis de Léonard de Vinci, il y en eut bien d’autres. La physique et le sens de l’observation permirent à l’homme de quitter le sol grâce à la montgolfière gonflée à l’air chaud (fin du 18e siècle). C’était un bon début, mais si on pouvait monter et descendre, c’est le vent qui imposait la trajectoire. On avait ainsi démontré que le plus lourd que l’air sans énergie musculaire pouvait quitter le sol et l’homme pouvait en profiter. Durant un siècle on pensait, grâce aux moteurs thermiques, arriver à inventer un engin volant. Cela d’autant plus que sur les navires et les engins terrestres, les progrès allaient très vite. Les moteurs à vapeur et à pétrole, les roues à aubes et les hélices furent inventées, de même les transmissions par courroies, par chaînes et par arbres et engrenages faisaient leur apparition.

Il fallut rendre portantes les ailes par un profil le permettant. Certains, sans succès, essayèrent l’imitation du battement des ailes des oiseaux ; d’autres pensèrent à une hélice aérienne poussant (comme sur les bateaux) ou tirant l’engin à créer. Celui-ci devait-être le plus léger possible, comme les oiseaux le sont. On utilisa le bois et le papier, à la rigueur la toile. Les oiseaux décollaient en prenant de la vitesse ; il fallut donc ajouter en-dessous des roues.

La première tentative réussie sur une très courte distance fut en 1890 celle de Clément Ader qui s’était inspiré de la forme compliquée des ailes de la chauve-souris. Son aéroplane, l’Eole est exposé au Conservatoire des Arts et Métiers à Paris. Il fallut attendre 1903 pour voir voler les frères Wright aux USA. En 1908, ils firent une démonstration en France de leur appareil à deux hélices qui commençait à ressembler réellement à un avion. Le mouvement était lancé pour de bon, toutes les nations industrialisées se lancèrent alors dans l’aventure. Un film comique, « Ces fous volants sur leurs drôles de machines », était révélateur de cette folle compétition. Il se forma une véritable élite d’inventeurs et pilotes courageux, car beaucoup risquaient leur vie et leur fortune !

Deux aventures frappèrent les esprits : la traversée de la Manche en 1909 par Louis Blériot et celle de l’Atlantique en 1927 par Charles Lindbergh.

C’est malheureux à dire mais les deux guerres mondiales firent faire à l’aviation des progrès considérables et rapides. L’épopée dans les années trente de l’Aéropostale avec Guillaumet, Mermoz, Saint-Exupéry, etc. frappa l’imagination ; les chevaliers modernes de l’aviation avaient fait leur apparition. Dans un autre domaine l’hélicoptère apparut, il permit le vol stationnaire, le décollage et l’atterrissage verticaux.

Durant la deuxième guerre mondiale, le moteur à réaction fut créé en Grande-Bretagne et en Allemagne où il fut opérationnel sur des avions de chasse à la fin du conflit. Il permit d’atteindre la vitesse de 900 km / heure.

En 1949, le Comet britannique fut le premier avion de transport de passagers à réacteurs. En 1959, arriva la Caravelle en France. Certains avions moins rapides se contentent de moteurs à turbines et d’hélices. Des vols à la vitesse du son et au-dessus exigèrent la refonte totale de la forme des fuselages et surtout des ailes. Il y eut beaucoup d’accidents avant d’y arriver.

Les plus spectaculaires applications furent les avions militaires de chasse et de bombardement ; mais on ne peut oublier l’aventure commerciale du Concorde qui fut à la fois une prouesse technique et esthétique. Il transportait une centaine de passagers à 2 000 km/h. Des avions fusées atteignirent plus de 7 000 km/h, mais était-ce encore des avions ? Après guerre, les recherches s’orientèrent aussi vers les fusées permettant de mettre sur orbite terrestre des vaisseaux spatiaux ; ensuite on envoya des hommes sur la Lune et des engins d’observation sur Mars ou au voisinage d’autres planètes.

Mais revenons un peu au rêve d’Icare, beaucoup d’êtres humains laissent de côté cette évolution à coûts très élevés et très techniques et se contentent de très petits moyens pour assouvir leur passion de voler. Avant guerre, l’aviation légère eut énormément de succès ; les poux du ciel, les planeurs étaient de plus en plus nombreux. Il fallut créer des règles élémentaires de sécurité pour éviter les accidents dus à l’amateurisme. Dans les années 50, on vit apparaître les ULM, les delta-planes, les parachutes ascensionnels, les parapentes et même motorisés ! Certains sont passionnés de sauts en parachute à partir d’un avion.

Mais attention ce qui est léger et peu ou pas motorisé est très sensible aux conditions météorologiques et aux coups de vent. Voler à altitude peu élevée et pas trop rapidement donne l’illusion d’être un oiseau et permet de voir la surface terrestre avec un réalisme surprenant, que ce soit la nature ou les activités humaines. C’est un vieux rêve enfin réalisé ; c’est aussi une passion rendue possible. Mais attention la pesanteur vengeresse est toujours là.

Le résultat le plus spectaculaire obtenu fut l’homme sur un delta-plane, chef d’escadrille d’un vol d’oies sauvages préalablement préparées à cette promiscuité. On croit rêver tant c’est beau.

On ne peut plus dire : « Il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages ! ».

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