L’Olympia

Considérée comme l’une des scènes les plus mythiques du monde en raison de son histoire et de la liste impressionnante d’artistes qui s’y sont produits, l’Olympia, situé au 28 boulevard des Capucines dans le IXe arrondissement, a soufflé ses cent trente bougies l’an dernier.

L’inauguration eut lieu le 11 avril 1893 avec La Goulue, célèbre danseuse de cancan, des acrobates, des transformistes, … Si des attractions foraines y ont été proposées au début, la chanson y a fait rapidement son apparition à travers notamment des revues de music-hall avec Mistinguett et Yvonne Printemps entre 1911 et 1914. Après la Première Guerre Mondiale, période durant laquelle la salle fut fermée, l’Olympia accueille quelques vedettes de la chanson comme Fréhel ou Lucienne Boyer.

Mais au fil des années, l’engouement s’estompe au point que l’Olympia se transforme en salle de cinéma en 1929. Elle sera d’ailleurs rebaptisée Olympia-théâtre jusqu’en 1954, année qui va voir renaître le music-hall avec l’arrivée de Bruno Coquatrix comme directeur de la salle parisienne. Les plus grandes vedettes du moment défilent sur scène : Brassens, Brel, Ferré, Bécaud, Barbara, Gréco, … Les artistes internationaux répondent également présents : Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Sidney Bechet, … puis plus tard les Beatles et les Rolling Stones. La frénésie des années 60 a permis aux chanteurs « yéyés » de s’y produire aussi. Premier artiste de sa génération à « faire l’Olympia », Johnny Hallyday provoque un tel enthousiasme auprès de son public en effervescence que l’on doit commander de nouveaux sièges. Toutefois, une dizaine d’années avant lui, Gilbert Bécaud avait également connu la même situation au début de sa carrière.

L’Olympia, ce sont surtout des moments inoubliables et heureusement plus calmes. On ne peut s’empêcher de penser à Edith Piaf. En 1961, la salle est au bord de la faillite. Bruno Coquatrix fait alors appel à la chanteuse qui, encore très malade, n’hésitera pas à interpréter ses plus belles chansons pour venir en aide à son ami. Elle y restera trois mois allant jusqu’à deux représentations par soir. Grâce aux prouesses de cette immense artiste, l’Olympia est sauvé.

Autre moment fort, autre année : un soir de 1964 où Jacques Brel a interprété pour la première fois « Amsterdam ». Ce fut un triomphe et sa performance scénique resta gravée dans la mémoire de beaucoup. Très attaché à l’Olympia, il y fera ses adieux officiels en octobre 1966. Après trois semaines consécutives, sa dernière représentation, retransmise en direct à la télévision, reste l’une des plus émouvantes et mémorables soirées de l’histoire de l’établissement. L’ovation du public n’en finissant pas, le chanteur se décide à revenir sur scène en peignoir au bout d’environ trente minutes pour un ultime salut.

D’autres y ont fait leurs adieux pour y revenir plus tard ou encore fêter leurs anniversaires de carrière. De nombreux artistes se produiront plusieurs fois sur la scène. Le record de durée est établi par Michel Sardou en 1995 qui restera six mois à l’affiche.

L’Olympia n’est pas réservé uniquement à la musique et à la chanson ; une grande variation de spectacles est présentée : humoristes, cirques, ballets, films et opérettes. En effet, se produire dans le plus ancien music-hall de Paris encore en activité à ce jour, est la consécration dans la carrière des chanteurs et des artistes car « passer à l’Olympia » est la reconnaissance de leur talent.

Le groupe d’immeubles abritant l’Olympia faisant partie d’un projet de rénovation, le music-hall est détruit en avril 1997 pour renaître sept mois plus tard avec Gilbert Bécaud, déjà présent en 1954 lors du premier programme. La façade n’ayant pas été touchée, la salle et son célèbre hall rouge sont rebâtis à l’identique à trente-cinq mètres au fond de l’emplacement d’origine. Aujourd’hui, ce sont près de deux mille fauteuils qui peuvent accueillir les spectateurs pour leur plus grand plaisir.

Geneviève Forget

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