L’Orgue, le roi des instruments

L’orgue, appelé aussi « ancilla domini » (servante du Seigneur), porte bien d’autres noms comme : « le roi des instruments » et même « la cornemuse du diable », tant sa complexité et ses innombrables possibilités fascinent petits et grands.

Nous sommes à Notre Dame de Paris, un beau jour de printemps, petit Pierre (8 ans) accompagne ses grands-parents et admire l’ampleur de la cathédrale, lorsque du haut de la tribune éclate une improvisation de l’organiste ; l’enfant s’écrie « c’est trop beau, c’est magique » ! Bientôt le « magicien » descend et, heureux de faire partager sa passion, propose à l’enfant d’aller voir le bel instrument. Quelle joie ! C’est une véritable ascension de monter à la tribune, puis remarques et questions fusent : on dirait le tableau de bord d’un Airbus !

– Pourquoi il y a cinq pianos et plein de boutons ?

Console à quatre claviers avec tirants de jeu (sainte Mary Redcliffe – GB)

– plus exactement on dit : « console », ici elle comporte cinq claviers, la plupart des orgues en ont deux ou trois de cinquante-six notes chacun. L’orgue a un complément de notes : c’est le pédalier avec trente à trente-deux notes. Il dispose ainsi d’un certain nombre de registres ou « jeux » qui permettent une grande diversité d’interprétations ; tu sais un orgue c’est un peu comme un orchestre qui aurait beaucoup de musiciens jouant chacun de son instrument ; l’organiste peut être considéré comme un chef d’orchestre car, grâce à ces claviers, au pédalier, mais aussi à ces nombreux boutons « tirettes », il propulse dans la tuyauterie de l’air qui déclenchera les sonorités qu’il a choisies.

Mais au fait, ça marche comment ?

– Le principe de l’orgue, c’est donc de l’air dans les tuyaux. Cet air est propulsé électriquement par la soufflerie (qui ne se voit pas) dans ce qu’on appelle le « sommier », la réserve d’air sous pression. En sélectionnant les « registres », l’organiste met une ou plusieurs familles instrumentales en mesure de recevoir cet air. Dès lors ce sont ces familles de tuyaux seules qui chanteront à l’appui des notes. Tu vois c’est très complexe un orgue ; ici il y a cent treize « jeux » c’est-à-dire cent treize combinaisons différentes d’harmonie. Il faut donc que l’organiste fasse de bonnes études pour jouer de ce magnifique instrument.

Et les tuyaux, il y en a beaucoup ?

– Oui car un tuyau ne joue qu’un seul son, et comme chaque jeu comporte cinquante-six notes on comprend aisément qu’il faille compter plus de huit mille tuyaux pour les cent treize jeux de l’orgue de ND de Paris. On n’en voit qu’une infime partie : « les montres » ; le reste est derrière le « buffet » très décoré. Leur taille permet d’aller du grave à l’aigu. Les sons doux, appelés « bourdons » viennent de tuyaux de bois. On en a disposé « en chamade » c’est-à-dire à l’horizontale qui dirigent vers l’assemblée des jeux particulièrement brillants de trompettes. Les tuyaux en métal possèdent à l’intérieur une « boursette », sorte de languette de cuir qui permet à l’air d’entrer et de ne pas ressortir sans ordre de l’organiste.

Qui fabrique les orgues ? Il doit être lui aussi très calé ?

– Tu as raison ce sont des artisans qui doivent maîtriser de très nombreux savoir-faire pour réaliser les étapes successives de l’instrument, on les appelle « organiers » ou « facteurs d’orgues » ; la dernière étape, l’harmonisation, est particulièrement délicate. L’orgue est régulièrement révisé : on réajuste la sonorité des tuyaux entre eux et on les dépoussière.

Il y a longtemps qu’on en fabrique ?

Très longtemps, on dit que ce serait trois siècles avant J.C. qu’un Grec appelé Ctesibios, aurait inventé le premier orgue qui fonctionnait à l’eau. Les premières orgues, beaucoup plus petites, se déplaçaient pour accompagner les courses de chars dans les cirques et les triomphes des empereurs romains. Cet usage de l’orgue dans des cultes païens explique la réticence des évêques à les accepter dans leurs églises où on était fidèle au «plain-chant grégorien ». En France, le premier orgue est sans doute celui que l’ambassadeur de l’empereur de Constantinople offrit à notre roi Pépin le Bref en 757. A partir du XIIe siècle on trouve des orgues dans les cathédrales et grandes églises mais celles qui sont en place aujourd’hui sont bien postérieures ou ont été modifiées comme celui de Notre Dame. Mis en place en 1450, il a connu bien des agrandissements et améliorations ; pourtant il y subsiste encore quelques tuyaux du Moyen Age. Il a échappé à la tourmente révolutionnaire car on y a joué quelques musiques patriotiques comme une adaptation de la Marseillaise et du « Ça ira… » ; la dernière restauration complète remonte à 1992.

On pourrait encore parler longtemps de cet instrument qui a sa fête, comme toutes les orgues, le deuxième dimanche de mai. Tu peux aussi approfondir tes connaissances sur Internet… Pour cela il te faut redescendre pour rejoindre tes grands parents qui doivent s’impatienter.

– Un grand merci, monsieur… c’était super… je vais en parler à mes copains.

                                                                   Histoire recueillie par une grand’mère

 

Nota : le lecteur averti aura remarqué que « orgue », masculin au singulier, devient féminin au pluriel.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *