Plus de temps pour la cuisine

Dans un des articles de ce journal, nous avons pu constater la place qu’ont pris les jeux pendant cette période de confinement, une des autres grandes gagnantes de cette période est … la cuisine.

Et pour cause, on se plaint toujours « de ne pas avoir le temps … », eh bien pour une fois, on en disposait de  ce temps après lequel nous courons sans cesse ; conséquence de ce nouveau « temps libre », même s’il n’était pas toujours aisé de trouver ce que l’on avait noté sur la liste de commissions, la cuisine, dans le sens élaboration des repas, a pris une place prépondérante dans beaucoup de familles. Cela a aussi permis aux parents, pour une fois disponibles, de mettre dans le coup les enfants, souvent ravis de cette aubaine.

Si toutefois, on avait besoin d’une preuve qui vienne confirmer ce soudain engouement, il n’y a qu’à se souvenir des premiers jours de confinement : impossible de trouver de la farine ou des œufs, sans doute un signe que les maîtresses de maison et leurs petits apprentis s’étaient improvisés pâtissiers voire boulangers. Après le premier épisode, razzia sur les pates et le riz, cette longue période de non activité à domicile a permis aussi de retrouver des façons de cuisiner qui « prennent  du temps » : avec les produits frais d’abord, surtout les légumes de saison, mais aussi les légumes dits « secs » (lentilles, pois chiches, pois cassés, haricots, …) et les céréales (quinoa, semoule,…), on a même ressorti du cellier quelques conserves stockées dans un coin (thon, maïs, tomates, …).

Pour préparer tous ces bons petits plats, les émissions télévisées ont fleuri, toutes les chaînes ont embauché (il faut dire qu’ils se trouvaient un peu désœuvrés) quelques grands chefs médiatiques ; même sur les antennes de certaines radios, habituellement plutôt avares de ce genre de rubriques, on pouvait entendre des conseils culinaires… Tous les journaux, quotidiens ou magazines, y sont allés de leurs recettes, de la facile à la compliquée, de celle pour les petits budgets à celle du grand soir, il n’y avait que l’embarras du choix.

A titre d’exemple, donnons la parole à Christiane :

« Si vous n’avez pas zappé un jour sur M6 vers 18 h 45,  allez-y avant que cette émission ne s’achève…Confinement, divertissement, visio-conférence en sont les ingrédients principaux ; vous y ajoutez un brin d’humour, une dose de bonne humeur, une pincée de convivialité et le succès est assuré pour cette recette familiale qui se diffuse tous les soirs sur la chaine M6. Comment ne pas sourire devant ces acteurs culinaires improvisés qui ne manquent pas pourtant de savoir-faire et d’organisation, pour suivre les conseils et petits secrets orchestrés par le chef,  Cyril Lignac,  de la cuisine de son domicile parisien, depuis de début de la crise sanitaire. Accompagné de l’animateur Jérôme Anthony qui se dépatouille seul dans sa cuisine, familles ou couples volontaires d’un soir, tous, tentent avec attention et persévérance de cuisiner selon les gestes et consignes du chef dans leur cuisine respective pour concocter chaque soir plat et dessert.

Vraiment une bonne initiative que cette émission bon enfant qui a de quoi satisfaire toutes les générations et amuser le spectateur qui ne manque pas, avec une touche de voyeurisme, de s’inviter dans les cuisines de chacun.

Nous pouvons souhaiter que Cyril Lignac, comme le remarquent certains internautes, soit condamné à continuer le confinement dans sa cuisine pour que cette émission perdure. Mais qu’à cela ne tienne,  vous pouvez également retrouver les émissions et   les recettes menus et ingrédients, en replay sur la chaîne. »

Et, pour certains, comme Françoise, cela peut aussi raviver quelques souvenirs de jeunesse :

«  D’accord, mais …. Je me souviens que sur RTF télévision, première chaîne de l’ORTF, Raymond Oliver (1), célèbre cuisinier, a de 1954 à 1967, présenté en compagnie de Catherine Langeais (2), présentatrice (on disait à l’époque speakerine) une émission qui s’appelait « Art et magie de la cuisine ». Elle durait de 15 à 30 mn et se déroulait  chaque lundi dans une cuisine.

Raymond Oliver, vêtu d’un tablier de cuisinier, préparait les plats devant Catherine Langeais qui jouait la ménagère qui cherche à améliorer l’ordinaire de sa cuisine ; elle posait des questions auxquelles Raymond Oliver, tout en préparant ses plats, apportait des réponses indispensables aux  téléspectateurs.

L’émission connut un succès immédiat d’où sa durée de treize années. Il faut dire que le talent culinaire de Raymond et surtout sa verve méridionale (il était né à Langon en Gironde) y ont beaucoup contribué. C’est vrai que c’était aussi  l’époque où des appareils électroménagers et ustensiles nouveaux faisaient leur apparition dans les foyers français.

Rien de nouveau sous le soleil ! »

Nous sortons maintenant tout doucement du confinement, nos compatriotes semblent avoir retrouvé le goût du « fait maison » et pour beaucoup d’entre nous, c’est même devenu un réel loisir, mais que va-t-il en rester dans les jours à venir ? Continuerons-nous à fabriquer brioches et pains, à échanger des recettes via les réseaux sociaux ? Nul ne sait, mais à coup sûr, il en restera quelque chose !

 

(1) Raymond Oliver, qui était depuis 1948 propriétaire du Grand Véfour, est décédé d’un cancer le 5 novembre 1990 ; il est enterré au cimetière du Père Lachaise.

(2) Catherine Langeais, quant à elle, fut speakerine, sur la 1ere puis la 2ème chaîne de l’ORTF de 1949 à 1975 ; elle fut de 1938 à 1942 la fiancée de François Mitterrand, puis l’épouse en secondes noces du journaliste et producteur Pierre Sabbagh. Elle est morte des suites d’une sclérose en plaques le 23 avril 1998 à Mantes-La-Jolie et est enterrée auprès de son mari au cimetière de Valmondois.

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