Propos sur le baptême des jeunes enfants

N’est-il pas merveilleux de donner la vie ? Mais pour les nouveaux parents, surtout dans le cas d’un premier enfant, que de questions nouvelles à traiter pour amener le nouveau-né jusqu’à l’âge adulte, lui transmettre les savoirs, les savoir-faire et les valeurs qui en feront une personne autonome et en harmonie avec son environnement. Pour satisfaire cette exigence, tous les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leur enfant.

Parmi les valeurs à transmettre, il y a les valeurs religieuses. Une question se pose d’emblée : faut-il baptiser le tout-petit ou plutôt attendre l’adolescence, voire l’âge adulte, pour que cette démarche devienne un choix personnel (1) ?

On dit du baptême qu’il est une « nouvelle naissance », qu’il a un lien avec la création. Pourquoi devrait-on renaître ? Est-ce important ?

On ne va pas traiter ici toutes ces questions. Mais devant un tout-petit, on peut se demander d’où vient cette vie qui s’éveille. N’hésitons pas à élargir le regard jusqu’aux origines. Le nouveau-né est non seulement l’héritier d’une longue lignée d’ancêtres, mais aussi de la vie en évolution depuis la nuit des temps. On attache trop peu d’importance à cette flèche (ou sens) de la montée de la vie vers toujours plus de complexité et toujours plus de conscience. Pourtant, on admet que la vie a commencé dans de simples cellules, avant d’apparaître dans l’organisation très complexe du végétal où se manifeste la sensibilité, puis dans celle de l’animal où se manifeste, en plus, une conscience sensorielle et enfin dans celle de l’homme, dotée d’un niveau encore supérieur de conscience : la conscience d’être. L’humanité constitue la pointe de l’évolution. Et qui peut prétendre que cette évolution est terminée ? Quelle nouvelle forme de vie et de conscience pourrait apparaître encore ?

Création, vie, hérédité, conscience … Ne sommes-nous pas là au cœur du mystère de l’homme ? La naissance fait entrer un humain dans la « réalité naturelle » : l’univers physique et social qui sera sa demeure pendant sa vie terrestre. « Adam » est la référence biblique de cette nature humaine, marquée par une hérédité dont nous mesurons chaque jour le poids, par l’expérience de nos limites : limites physiques, limites intellectuelles, limites du sens moral. Mais puisque la vie et la conscience sont en évolution, n’y a-t-il pas des forces à l’œuvre qui transcendent cette réalité quotidienne ?

Le christianisme explique la globalité cosmique dans laquelle nous sommes par un double mouvement créateur, deux puissances à l’œuvre opérant simultanément, qui engendrent une Réalité en tension, en transformation permanente, en « devenir ». L’une crée, à chaque instant, l’ordre « naturel » dans lequel nous vivons et l’autre le recrée dans un ordre d’existence supérieur, l’ordre « surnaturel » du divin. En contrepoint de l’Adam terrestre, « Christ » est le terme biblique décrivant cette nature sublimée dans l’ordre surnaturel.

Nous trouvons ici le lien avec le baptême. La double structure de la création peut se retrouver en l’homme. La naissance le fait entrer dans la réalité « naturelle ». Le baptême : une nouvelle naissance, le fait entrer dans l’ordre « surnaturel » du Christ. Ainsi le baptême organise la vie de l’être humain dans cette globalité à la fois naturelle et surnaturelle, pour en faire un être complet. Il pourra y exprimer à la fois les potentialités de sa conscience humaine et celles de l’Esprit du Christ qui, par le baptême, le fait « prêtre », « prophète » et « roi »(2).

Que peut-on souhaiter de mieux pour son enfant que de le faire entrer dans la totalité de sa dimension d’homme et d’en faire un acteur de la lente transformation de l’humanité, jusqu’à ce que celle-ci atteigne la pleine conscience de son unité avec la puissance divine qui opère en elle ?

  1. En France environ un tiers des enfants d’une classe d’âge sont baptisés tout petits.
  2. Prêtre, prophète et roi : trois dons, qualités et expressions de la vie nouvelle.

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