Propos sur l’épître de saint Jacques

Cette épitre, dans le Nouveau Testament, fait partie des Epitres catholiques.  Elle aurait été écrite entre les années 58 et 60 de notre ère.
Deux apôtres ont porté ce nom de Jacques (traduction du latin Jacobus), le premier, Jacques dit le majeur, fils de Zébédée et frère de saint Jean l’Evangéliste, mort en martyr vers l’an 42, donc longtemps avant que cette épitre soit composée. Il ne saurait donc en être l’auteur. Le second est Jacques dit le mineur, « fils d’Alphée » et « frère de Jésus » (ce terme de frère n’a pas le même sens que de nos jours et indique un simple lien de parenté).
Il semble que l’auteur serait plutôt ce dernier et c’est sous le nom de « Jacques frère du Seigneur » qu’il restera le plus connu. Il pourrait être également le premier évêque qui gouverna la chrétienté de Jérusalem pendant trente ans et s’attira l’estime des juifs christianisés avant de mourir martyr en 62.
Cette épitre fut écrite en grec, langue souvent parlée par la communauté juive locale christianisée et exilée ce qui explique l’adresse :
« Jacques, serviteur de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus Christ aux douze tribus qui sont dispersées, salut ! » (Jc 1.1)
Dans cette épitre, tout ce qui se rapporte directement à la foi en fait le principal thème et c’est ce qui a, au cours des ans, entrainé la plupart des débats sur sa canonicité (justification par l’église catholique de faire partie des écritures saintes).
Le passage suivant traduit le plus clairement la pensée de l’auteur sur la foi :
 « A quoi sert-il que quelqu’un dise : j’ai la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte. Au contraire on dira : Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les œuvres ? Montre-moi ta foi sans les œuvres; moi c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi ». (Jc 2,14-18)
Par contre, à la même époque, saint Paul écrivait dans l’épitre aux Romains que seule la foi sauvait et non les œuvres.
D’après certains auteurs la contradiction entre les deux thèses n’est qu’apparente et s’explique par la différence de sens donnée par l’un et par l’autre au mot « œuvres ».
Pour saint Paul il s’agirait du respect à la loi hébraïque encore suivie par les juifs même christianisés, alors que pour saint Jacques il s’agirait de se conformer à la loi de Dieu née de l’enseignement de Jésus Christ. 
Au cours des premiers siècles de notre ère, les citations de l’épitre de Jacques sont rares. Elle apparaît pour la première fois expressément nommée comme un livre de l’Ecriture au IVème siècle. Elle ne figure pas dans la liste des livres canoniques dressée par le Concile de Nicée (325) mais est fermement citée comme telle aux Conciles d’Hippone (393) et de Carthage (397).
Plus tard, certains auteurs, dont Erasme, mettront en cause l’authenticité apostolique de cette épitre. Luther la qualifie d’ « épitre de paille », d’autorité apostolique douteuse et contraire à l’enseignement de saint Paul sur la justification par la foi, sans être suivi par tous les protestants.
L’église catholique au cours du Concile de Trente (1545-1563) rappelle la canonicité de l’épitre de saint Jacques.
En nous situant très récemment, nous trouvons dans l’ouvrage de notre pape Benoit XVI « PORTA FIDEI », la citation ci-dessus reproduite de l’épitre de saint Jacques précédée de la phrase suivante de saint Paul : « Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses mais la plus grande d’entre elles c’est la charité » (1 Co 13,13), suivie de ce commentaire : « La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la charité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute. Foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin. » (Porta Fidei – Benoît XVI)
Ces derniers textes nous permettent de comprendre le mot « œuvres » qui nous semble imprécis, comme étant « tous les actes faits par amour du prochain » c’est-à-dire la charité.
Si nous poursuivons sa lecture, nous trouverons également beaucoup de rapprochements avec les enseignements du Christ dans les évangiles, en particulier avec le Sermon sur la Montagne.
Lisons et relisons toute cette épitre, écrite il y a près de 2 000 ans, qui nous instruira sur les débuts de l’église catholique et sur sa continuité dans notre temps.

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