SEPHAN HORN, Commandant le centre de secours principal des sapeurs-pompiers des Mureaux

Nous ne souhaitons pas avoir besoin de faire le 18 pour solliciter leur intervention rapide mais nous sommes rassurés de savoir qu’ils sont en permanence prêts à intervenir pour venir à notre secours. Cet entretien va nous permettre de mieux connaitre leur commandant, leurs missions et les moyens dont ils disposent.

 Commandant Stephan Horn, merci de nous recevoir. Ayant interviewé, en novembre 2004, l’un de vos prédécesseurs, le commandant Christophe Busnel, nous souhaiterions vous présenter à nos lecteurs, en particulier savoir depuis combien de temps vous êtes en charge de ce secteur de commandement et quel a été votre parcours ?

Cela fait un peu plus de trois ans que l’on m’a confié le commandement de ce secteur, ma nomination remonte en effet à février 2010. C’est la concrétisation d’un parcours qui a débuté au lycée. A ce moment-là, je suis plutôt attiré par le sport de haut niveau ; c’est alors que pour accompagner un ami, je suis la formation pour devenir pompier volontaire dans la Haute-Garonne. Parallèlement à mes études, j’exerce cette passion durant six années dans les environs de Toulouse qui est ma ville natale. C’est à Marseille que j’obtiens un DESS (bac+5) en « prévention des risques et nuisances technologiques ». De 2002 à 2005 je suis affecté en qualité d’officier de sapeur-pompier professionnel à Clermont-Ferrand. En 2005, je suis nommé lieutenant, adjoint du centre de secours de Saint-Germain-en-Laye et en 2009, après avoir passé le concours au grade de capitaine, je suis affecté en direction à Versailles, dans un service fonctionnel. C’est en février 2010, comme je vous l’indiquais, que je prends le commandement des Mureaux après avoir passé avec succès, l’examen professionnel au grade de commandant, depuis j’y exerce cette responsabilité.

Pouvez-vous nous indiquer le secteur de commandement que vous dirigez et le périmètre couvert par le centre des Mureaux ?

Je dirige le centre de secours des Mureaux ainsi que son secteur de commandement, trois casernes y sont rattachées avec des officiers à leur tête : Gargenville Aubergenville et Vernouillet. Le centre de secours des Mureaux couvre, en premier appel, douze communes : sur la rive gauche, Les Mureaux, Ecquevilly, Bouafle et sur la rive droite, Meulan-en-Yvelines, Vaux-sur-Seine, Evecquemont, Tessancourt, Gaillon, Hardricourt, Mézy, Jambville et Oinville.

Ce secteur sera-t-il impacté par la création de la communauté d’agglomération ?

Non, car l’organisation est départementale et le découpage tient compte des critères de rapidité d’intervention et donc de la proximité des moyens dont on dispose.

A propos de moyens, pouvez-vous nous parler tout d’abord des personnels du centre ?

Ils sont actuellement au nombre de cent-dix pour une moitié, professionnels et pour l’autre moitié, volontaires. Il y a en permanence dix-sept pompiers de garde le jour et quinze la nuit. Une journée de garde se compose de la manière suivante : vérification du matériel, maintien de la condition physique, manœuvres et formations du maintien des acquis, travaux dans les services et bien entendu, assurer tous les départs en intervention.

Avez-vous des difficultés à recruter des pompiers volontaires ?

Nous connaissons effectivement une baisse du volontariat sur le plan national. En ce qui concerne les Yvelines et notre secteur en particulier, nous sommes un peu moins impactés et avons la chance sur le plan local, de recruter traditionnellement depuis plusieurs années, du personnel issu du tissu local : agents communaux de la ville des Mureaux, familles du secteur où l’on devient pompier volontaire et professionnel, depuis deux, voire bientôt trois générations, certains vont d’ailleurs être bientôt médaillés pour trente ans de service. Par ailleurs sur le plan national, des textes sont parus en 2013 pour encourager et développer le volontariat. C’est ainsi que des administrations, comme la Poste et des grands groupes passent des conventions nationales pour faciliter l’engagement de pompiers volontaires parmi les personnels de leurs entreprises. Cela est vital car il faut savoir que sur plus de 220 000 pompiers en France, 190 000 sont volontaires, soit plus de 86 %.

A quel âge peut-on devenir pompier volontaire et comment faire pour le devenir ?

A partir de dix-huit ans, un jeune peut postuler. Il devra suivre une formation échelonnée sur un an, programmée sur des périodes de congés scolaires, les mardis, les jeudis soirs et certains samedis. Une bonne condition physique est nécessaire car, comme pour les pompiers professionnels qui eux reçoivent une formation condensée sur quatre mois, il suivra ensuite des formations de maintien des acquis techniques mais également sportifs avec un contrôle médical annuel. La sécurité de chaque membre d’une équipe d’intervention dépend de la qualité de formation tant sur le plan technique que physique.

Vous avez évoqué dans votre évolution de carrière, les examens ou concours au grade supérieur, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Oui, il s’agit de formations d’avancement qui s’obtiennent avec de l’ancienneté dans le grade et une validation par un examen d’obtention du grade supérieur.

Il faut distinguer ces formations de celles qui consistent à acquérir une spécialité. En ce qui me concerne, j’ai obtenu une spécialisation en risques chimiques et en expertise incendie.

Ces formations spécialisées sont adaptées à l’évolution de vos missions, pouvez-vous nous en parler ?

Nos missions, qui représentent pour notre centre environ six mille interventions par an, se répartissent de la manière suivante : 70 % de secours à la personne (ambulances), 10 % de secours routiers plus nombreux sur les petites routes du Vexin où la vitesse excessive a des conséquences catastrophiques, 10 % pour des incendies et 10 % d’interventions diverses comme le pompage, la destruction d’essaim de guêpes en cas d’urgence, etc. Nous sommes amenés à facturer de plus en plus d’interventions aux particuliers comme par exemple un appel pour une casserole soi-disant laissée sur le feu avec la porte qui s’est refermée ou une perte de clé. Une équipe incendie composée de huit hommes va partir, passer par la fenêtre pour ne pas fracturer la porte et constater qu’il n’y a rien sur le feu. En fait, nous sommes appelés pour ne pas avoir à payer l’intervention d’un serrurier.

C’est pour éviter ce type d’abus et permettre de maintenir le plus de personnel en poste pour des missions sérieuses que toutes les demandes d’interventions non justifiées sont facturées.

Nous avons évoqué les moyens en personnel et les missions, pouvez-vous nous parler des moyens matériels dont vous disposez pour les accomplir ?

Nous disposons à ce jour de deux ambulances, d’un nouveau véhicule pour les secours routiers (balisage sur voies rapides, extinction des feux naissant et désincarcération), d’un camion de lutte contre les feux de forêt ou de récoltes sur pieds, bois et sous-bois, ce véhicule pouvant partir en renfort dans le sud de la France, deux fourgons dont un récent, pour les incendies urbains, une échelle aérienne récente, un véhicule spécialisé pour le risque chimique, une embarcation pour toutes interventions sur la Seine et enfin deux véhicules toutes utilités et des véhicules de liaison.

La question que l’on peut se poser en tant que contribuable, c’est bien entendu le coût, même si nous sommes convaincus de l’impérieuse nécessité de mettre en place ce type de dispositif ?

Peu de gens savent que le coût moyen du sapeur-pompier dans les Yvelines, équipement compris, est de 80 € par habitant et par an, ce qui est l’un des moins élevés de France et d’Europe.

Nous sommes à la période des vœux, en formulez-vous un en particulier ?

Je pense au projet en préparation d’implantation d’une nouvelle caserne. Elle devrait se situer route de Flins, à proximité de l’hôtel Aladin. Je formule le vœu que l’on puisse l’inaugurer, comme cela est envisagé, fin 2017-début 2018.

Nous ne voudrions pas abuser de votre temps, il nous faut conclure. Nos lecteurs seront surement intéressés d’avoir votre avis sur l’évolution des sapeurs-pompiers, de leurs missions et des valeurs qui les animent ?

Ce métier a toujours nécessité de s’adapter à l’évolution technologique ; rappelez-vous l’apparition des véhicules au GPL, ils présentaient certains types de danger auxquels il a fallu faire face. Il en est de même aujourd’hui avec, comme par exemple, les panneaux photovoltaïques qui nécessitent de nouvelles connaissances techniques. Mais j’ai le sentiment que les choses s’accélèrent ; il nous faudra donc faire preuve de plus en plus de technicité. Le niveau de formation est déjà beaucoup plus élevé que par le passé mais il est nécessaire de veiller également à la complémentarité des compétences dans une équipe. Nous avons besoin de spécialistes mais il nous faut également des débrouillards pour faire face à des situations insolites ou inattendues.

Malheureusement, ce qui n’évolue pas et nous en avons fait la douloureuse expérience récemment, c’est le danger. Cela reste un métier dangereux. Récemment le lieutenant Jean-Louis Labetoulle, chef du centre de secours de Houdan, est décédé des suites d’une mauvaise chute au cours d’une intervention sur l’A13. Ses obsèques ont été célébrées par notre aumônier, le père Marc(1), le 5 décembre dernier à la cathédrale Saint-Louis de Versailles.

Une chose demeure, ce sont les valeurs et l’esprit de la corporation qui se transmettent : l’altruisme, le courage, le dévouement, la vie en commun et le respect des anciens. Nous restons fidèles aux traditions en particulier en fêtant la sainte Barbe, patronne des sapeurs-pompiers.

Un grand merci pour votre accueil et votre disponibilité, nous adressons nos sincères condoléances à la famille de votre collègue récemment décédé et notre cordial soutien à vous et à tous vos collègues qui en êtes très affectés. Nous mesurons d’autant plus la valeur de votre engagement personnel, au péril de votre vie, au service de chaque habitant et habitante de notre secteur. A nous tous d’en être reconnaissants en vous respectant et en ne vous sollicitant qu’à bon escient.


(1) A noter qu’un imam et un rabbin sont également disponibles pour le centre de secours

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