Soirée oecuménique : prédication du pasteur Frédéric Hubault

Lors de notre soirée œcuménique, le 20 janvier dernier, nous avons suivi avec attention la prédication du pasteur Frédéric Hubault sur l’Evangile du « Fils prodigue » (lc 15, 11-32) qui illustre l’amour inconditionnel d’un père pour ses deux fils. Dans sa prédication, il nous a fait revivre le récit en analysant les comportements du Père et des deux fils. Une passionnante analyse qui a interpelé notre réflexion sur les attitudes et réactions des trois personnages de cette parabole.

Annick Bellicaud

Voici la conclusion de cette prédication :
« Ce n’est pas juste ! » n’est-ce pas ? Cette petite histoire nous laisse à réfléchir. Qui sommes-nous dans ce passage ? Fils aîné ou fils cadet ? Comme le Fils aîné, quel regard portons-nous sur nos frères et sœurs dans la foi ? Quel regard sur celles et ceux qui nous entourent ? Grande est la tentation de voir en l’autre un frère ou une sœur cadet ! Comme le fils aîné, il serait tentant en tant que protestants de nous tourner, non sans fierté, vers nos frères et sœurs catholiques, avec ce regard qui dit « nous avons toujours été fidèles à la foi de la Bible ! Nous avons nos Solas ! ». Nous pourrions nous réjouir du document signé par catho et luthérien sur la justification par la foi et dire « enfin ! Ils rentrent à la maison de la bonne doctrine de l’Evangile ! ». Pareillement, en tant que catholiques, ne serait-il pas tentant de voir les protestants comme ce pauvre fils prodigue qui a voulu un jour s’émanciper (vers le 16ème), alors à travers l’œcuménisme, les bras sont de nouveau ouverts pour les accueillir, les « frères séparés » rentreront-ils un jour à la maison ?
Grande est la tentation de taxer l’un ou l’autre d’enseignements discutables, de religiosité étrange, de spiritualité ou théologie déviante. Grande est la tentation de chercher l’erreur, de passer son temps à débusquer les manquements plutôt que de se réjouir des changements, des avancées, des progrès, de voir le verre à moitié vide sans voir les pas déjà réalisés sur le chemin de la repentance ! Grande est la tentation de passer son temps à vérifier le respect de la « loi » sans évoquer en même temps la grâce qui transforme, qui éduque (Tite) : « Car elle s’est manifestée, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux désirs de ce monde, pour que nous vivions dans le temps présent avec réserve, justice et piété » (Tit 2,11-12 TOB).Grande est la tentation de parler du péché d’autrui au lieu de parler au pécheur et lui tendre une main, Grande est la tentation, enfin, de mettre Dieu dans une boîte et nous faire des Fausses images de Dieu au risque de ternir la joie qu’Il s’évertue à nous donner !
Oui, grande est la tentation d’être « frère aîné » mais en réalité, nous oublions d’où nous venons, nous oublions que nous ne sommes pas d’abord des « fils aînés » mais des « fils cadets », des enfants de la grâce … « nous aussi, autrefois, nous étions insensés, rebelles, égarés, asservis à toutes sortes de désirs et de plaisirs, vivant dans la méchanceté et l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres. Mais lorsque se sont manifestés la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes, il nous a sauvés non en vertu d’œuvres que nous aurions accomplies nous-mêmes dans la justice, mais en vertu de sa miséricorde » (Tit 3,3-5 TOB). Nous étions « ennemis de Dieu », et c’est Dieu qui, depuis le seuil de la porte est sorti de la maison, en devenant homme, pour permettre le retour des « fils et filles perdus ». Nous sommes « devenus » (par la grâce seule), « héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Rom 8,17) des enfants qui ont tout reçu de Dieu !
Car le cadet comme l’aîné sont perdus ! Nous faisons partie de cette humanité qui, depuis Adam et Eve, s’est révoltée contre Dieu, qui veut vivre sans Dieu, comme bon lui semble, mais qui doit entendre le message de la Bonne Nouvelle du Père qui les aime et les attend ! Alors, comme le cadet, reconnaissons notre besoin de repentance, notre besoin de recevoir un tout nouvel accueil plein de grâce et de pardon de Notre Père, comme le Fils aîné ne regardons pas à « la justice » car en fait il avait tout reçu mais partageons la joie, la louange du Père qui retrouve « tous ses fils » ! Certes, ce n’est pas juste a priori, mais celui qui définit ce qui est juste est celui qui fait grâce. Celui qui décide de donner le pardon est celui qui est offensé, libre à lui donc de choisir la voie de la réconciliation.
Aînés ou cadets, nous sommes « enfants de Dieu » appelés des enfants à ressembler à leur Père, plein de grâce de pardon ! Paul, un ancien tortionnaire religieux zélé avec un sens aigu de la justice, mais repenti, nous dit ceci « Puisque vous êtes les enfants bien aimés de Dieu, suivez l’exemple de votre Père. Que toute votre vie soit dirigée par l’amour, comme cela a été le cas pour le Christ ».
Ensemble, communautés chrétiennes, nous sommes appelés à imiter le père de cette histoire, image de notre Père céleste. Un Père qui ne se voile pas la face, qui connaît ses fils en vérité ! Il ne s’agit pas de « taire » ce qui nous « sépare » encore, mais que le travail de la recherche de vérité soit mu par l’amour ! Montrons au monde qu’il est possible de ne pas être d’accord sur tout, mais de vivre unis !
Soyons, donc prêts à pardonner, être porteur d’un message de grâce et de pardon, d’un recommencement toujours possible avec Jésus. Toujours à l’affût pour témoigner de l’amour de Dieu autour de vous. C’est l’amour du Christ qui nous pousse à la réconciliation ! Soyons de ces témoins du pardon de Dieu, accessible pour tout homme et toute femme, quels que soient son passé, ses erreurs, ses égarements. Soyons des relais de cette foi chrétienne pour dire au monde qu’il ne s’agit pas d’une religion mais d’une relation, de l’amour d’un père qui attend ses enfants bien aimés.
Ensemble, soyons pleins de grâce dans nos paroles, nos actions et nos pensées. N’ayons pas peur des personnes de « mauvaise vie » mais soyons disponibles, accessibles, pour tout le monde, soyons des témoins de notre Père céleste. Comme Jésus mangeait avec les « pécheurs » pour refléter le cœur de Dieu à leur égard, il nous envoie, ensemble, dans ce monde pour actualiser avec ce que nous sommes, l’amour de Dieu pour les pécheurs repentants.
Le monde a besoin d’hommes et de femmes assez courageux pour aimer, pour porter le message de la paix ! Mais, comment entendront-ils si personne ne leur en parle ? Le défi est devant nous, communauté chrétienne ! Par le témoignage, oui mais comment ? Comment les hommes reconnaitront que nous sommes les disciples du Christ ? À ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres (Joh 13,35 TOB) !
Que Dieu vous bénisse et vous garde ! Amen.

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