Un cri s’élève dans Rama

Parmi tous les conflits qui nous préoccupent depuis plusieurs mois, celui qui ravage la Terre Sainte nous touche particulièrement. Une fois encore, l’histoire se reproduit et à nouveau aujourd’hui comme il y a deux mille six cents ans du temps du prophète Jérémie, aujourd’hui comme il y a deux mille ans du temps de Jésus, un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus (Jérémie 31,15, cité dans Matthieu 3,18).

Et aujourd’hui comme hier, notre monde a encore besoin de prophètes qui soient porteurs d’une parole d’Espérance. Aujourd’hui comme hier, notre monde a besoin d’accueillir le Sauveur, celui qui va rendre droits nos sentiers, celui qui va bâtir un royaume de justice et de paix en changeant nos cœurs de pierre par des cœurs de chair remplis par son amour, remplis par son esprit de justice et de paix.

Aujourd’hui comme hier, Dieu n’est pas sourd, Dieu ne se détourne pas du sort des malheureux, Dieu n’est pas indifférent aux cris des hommes qui se tournent vers lui. Aujourd’hui comme hier, Dieu vient s’offrir à nous au milieu des bombes comme ce petit enfant qui nait dans une étable froide et humide, dans l’indifférence générale, dans un pays occupé, enfant d’un peuple opprimé, enfant que l’on veut tuer, prenant sur lui toute la violence et toutes les injustices pour que se taisent enfin les armes et la haine et pour qu’advienne le temps de la miséricorde et du pardon qui nous permettront de vivre en frère et d’être unis (Psaume 132).

Aujourd’hui comme hier, Dieu se rend proche de nous et vient nous confier sa vie. Vulnérable, discret, comme il y a deux mille ans dans cette étable de Bethléem, il se laisse trouver par ceux qui se donnent la peine de le chercher et qui acceptent de se mettre en marche pour aller à sa rencontre dans chaque homme pour qui il a donné sa vie. En changeant notre cœur, c’est notre regard et nos paroles qu’il convertit, pour faire de nous des frères, nous qui sommes ses enfants.

C’est dans cet esprit que je vous propose d’aborder la fête de Noël cette année, conscients qu’il dépend de nous aussi qu’advienne ce que nous espérons du plus profond de notre cœur. Il ne faut pas que les cris des mères qui pleurent la mort de leurs enfants nous laissent indifférents. Il en va de notre humanité. Il ne faut plus que des mères crient en pleurant la mort de leurs enfants. Il en va de notre dignité.

Père Eric Duverdier

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