Un séjour mémorable au Bénin, sous le « patronage » du père Blaise AKPOLI

 L’an dernier, ce prêtre ordonné l’été 2011 remplaçait notre curé Père Patrick pendant le mois d’août. Il nous touchait par sa fraîcheur, la simplicité dans l’écoute et nous confiait ses projets sur la paroisse nouvellement créée au Bénin ainsi que les petites communautés voisines placées sous sa responsabilité tandis que de Rouen à Lisieux, de Paris à Saint Germain, les visites s’enchaînaient pour lui grâce aux paroissiens et aux prévenances de notre curé.

 Il a pu, cet été encore, revenir en France, accueilli à Orly par des paroissiens de notre secteur. Il assurait un remplacement à la collégiale de Mantes-la-Jolie, de sorte que les visites se sont poursuivies : pèlerinage à Lourdes,  basilique d’Argenteuil, cathédrale de Saint-Denis, Orléans,  etc. tandis que deux d’entre nous,  Martine Essoh et moi-même avaient, à son invitation, fini par retenir un vol vers Cotonou du 6 au 21 août.

 Une liste impressionnante de visites était planifiée : à partir de Cotonou déjà, la joie de rencontrer ses parents, la riche fratrie, les nombreux petits-enfants dans une proximité garante de solidarité, les parents du Père Simon qui a été prêtre sur notre secteur durant cinq années, une journée sur l’eau pour côtoyer habitants et habitudes dans les cités lacustres de Ganvié, zèle des jeunes pour manœuvrer les embarcations où tout transite en complément de la pêche. Puis, sur la côte ouest nous attendait Ouidah, mémoire historique de trois siècles de traite négrière vers l’Amérique. Des forts français, anglais, danois, portugais, hollandais s’y élevaient et le marchandage s’opérait avec la complicité du puissant royaume d’Abomey (capitale du Dahomey, désormais le Bénin). Heureusement, c’est aussi le lieu d’une évocation autrement sympathique avec le séminaire de Saint-Gall créé il y a juste cent ans et souvenir des années d’études du Père Blaise.

 Puis ce sont deux voyages dans le nord qui ont encore ponctué ce séjour, à Parakou avec découverte et rencontres et Dassa haut lieu national de la dévotion mariale où les miracles se multiplient.

 Trois jours après notre arrivée et cent quarante kilomètres au nord, nous abordons enfin Sodohomè (arrondissement de Bohicon appartenant au diocèse d’Abomey) avec le fameux presbytère de sa paroisse Sainte-Jeanne d’Arc. Seules les premières pierres étaient posées  il y a un an ! Désormais achevé, au prix d’énormes sacrifices et d’emprunts, avec huit pièces, le bâtiment bénéficie d’une clôture et d’un portail … un record ! La construction est recouverte d’un enduit blanc, l’intérieur très clair est carrelé, les fenêtres équipées de persiennes et  moustiquaires… La rapidité de mise en œuvre n’a pas laissé au bois des huisseries le temps de sécher … Il est un lieu d’accueil par excellence avec un va et vient continuel et des attentes de tous ordres… qui ont justifié la présence d’un banc sous le perron.  

 La messe dominicale est le rendez-vous d’une vaste et jeune communauté qui rend l’église trop petite. Dans les chants et le tintement des instruments traditionnels, même en semaine, se développe la liturgie rassemblant une population attentive et respectueuse venue tôt prendre place, les tout-petits étant installés de part et d’autre du chœur. 

 Le 15 août était particulièrement chargé : outre l’Assomption, étaient cumulés le Jubilé d’Or de la paroisse et la Confirmation…  La communauté cheminait à la rencontre de l’évêque pour l’escorter en procession  jusqu’à l’église rallongée par un auvent pour la circonstance,  moment privilégié pour l’évêque d’offrir un riche enseignement dans les deux langues (française et fon, langue maternelle et dominante), aux  deux chorales et au groupe de danseurs de déployer leur zèle : témoignages émouvants de l’inculturation. Cette notion, tardivement reconnue, offre aux communautés la joie d’intégrer leur culture à l’expression de la foi. Une projection en plein air achevait la journée par la vie de sainte Jeanne d’Arc ponctuée régulièrement par les explications en fon du Pasteur.

 Il était déterminant de rencontrer également dans leur paroisse respective plusieurs confrères du Père Blaise pour concevoir à quel prix chemine cette Eglise en pleine expansion. Confrontée à l’émergence de nombreuses branches chrétiennes et sectes, à l’implantation de l’Islam, bien que le catholicisme soit dominant, elle ne cesse de créer de nouvelles paroisses. Aux jeunes prêtres est confiée la mission de bâtisseurs et bons gestionnaires tandis qu’à terme il leur revient aussi d’initier des actions pour assurer l’équilibre économique, à l’exemple de l’implantation de commerces périphériques, création de cultures rentables, ou comme le Père Prosper, établissement d’une petite arche de Noé où prospèrent ( !) en liberté tous les animaux domestiques …

 Il est extrêmement émouvant de côtoyer des communautés que les dispositions de cœur et d’esprit portent si volontiers à la louange et au respect dans une confiance intacte. Achevant ce court écho d’un séjour exceptionnel, je conserve une formule chère à notre hôte : « Dieu n’appelle pas ceux qui sont capables, mais rend capables ceux qu’il appelle. »   

 Merci, Père Blaise, pour tant de disponibilité et de prévenances et … à bientôt ?

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