Académie française : comment sauver la France de la mort cérébrale ?

Dans la guerre de tous contre tous qui est la marque des temps présents, l’amour de la langue française reste sans doute, avec le patrimoine, le trésor commun le mieux partagé des Français. Pourtant, laissée sans défense, alors qu’elle a été déclarée en « péril mortel » selon le propre verdict de l’Académie française, le grand débat national auquel en appelait son secrétaire perpétuel, Hélène Carrère d’Encausse, pour exhorter les Français à la sauver du naufrage, lui a toujours été refusé par les Médias !

Le problème n° 1 des Français

Plus que jamais, ce grand débat interdit s’impose donc de toute urgence puisqu’il porte sur notre bien le plus précieux dans tous les domaines : notre langue qui est l’instrument de la pensée dont dépendent toutes nos décisions et donc tous nos maux comme tous nos bienfaits ! Osons dire que c’est le problème n° 1 des Français qui ignorent tout sur leur principal atout d’intelligence et sur l’origine du mal profond qui la met en danger de mort !

C’est donc pour rompre le cercle infernal de ce « péril mortel », s’aggravant de jour en jour dans le plus grand secret ([1]), que les académiciens Philippe Beaussant, président de Défense de la langue française (DLF) et maître Jean-Denis Bredin, l’avocat des grandes causes, m’ont conduit successivement à être candidat à l’Académie française, à nous concerter sur un plan de bataille de salut public voué à la Reconquête de la langue française et, aujourd’hui, à présenter ma candidature aux trois fauteuils déclarés vacants de Jean-Denis Bredin, de Gabriel de Broglie et d’Hélène Carrère d’Encausse, en publiant mon Manifeste pour une nouvelle Académie, mettant en demeure les Immortels de se soumettre aux obligations que leur a fait le cardinal de Richelieu de défendre la langue française, au fil de l’épée de l’esprit, ou de se démettre d’une autorité souveraine usurpée de cap et d’épée devenue pur simulacre.

Remettre en ordre de bataille au plus vite l’Académie française pour sauver la langue française de ce désastre annoncé, tel est donc l’enjeu vital des trois prochaines élections, des 6 et 13 novembre prochain, suspendues à l’épée de Damoclès de mon Manifeste, évoquant une éventuelle « Requête en déchéance ».

Une course à l’abîme sans fin

Il y a sept ans, c’est comme président de l’AIRAMA, que j’avais remis à Guy Berthault, en son domicile de Meulan, le Prix Maurice Allais ([2]), notre prix Nobel d’économie qui, dès 1999 il y a vingt-cinq ans, avait prévu et dénoncé la situation chaotique actuelle de la France dans son livre prémonitoire Mondialisme : la destruction des emplois et de la croissance . Hélas, désarmé par l’omerta des médias, au nom honni du mot « protectionnisme », il n’avait pu prévenir la situation catastrophique actuelle, hélas pour notre grand malheur !

Aujourd’hui, de l’économie à la défense de la langue française, c’est comme candidat à l’Académie, que les Echos de Meulan me permettent  d’alerter ses lecteurs sur la racine du mal de désarmement de la langue française, laissée inexorablement sans défense par tous ceux qui ont pour mission de la défendre, à commencer par son protecteur statutaire le président de la République.

Pour prendre toute la mesure de la gravité de la situation, de la course à l’abime sans fin de la langue française, il faut enchainer une à une les appels au réarmement et à la reconquête de la langue française lancés en vain par l’Académie depuis cinquante ans :

1)  C’est, dès le 30 janvier 1975, Maurice Schumann qui lance l’alerte : « Le temps n’est plus où l’Académie française régnait sur un héritage. L’attrait du français est intact, son rayonnement et son cheminement sont contrariés. Il nous faut maintenant forger pour la défense et l’illustration de la langue les armes d’une vraie reconquête. »

2) Le 6 avril 2000 : « L’Académie française s’alarme de ce que la politique d’amenuisement des filières littéraires, depuis plus de deux décennies, soit sur le point de parvenir à éliminer presque complètement de notre enseignement la connaissance et le goût de la littérature. » (…) A tel point que la littérature et la langue, avec leurs exercices, « semblent être devenues les ennemis à détruire. »

3) Le 21 mars 2002, l’Académie déclare que « le rôle des genres grammaticaux en français » en condamnant « le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées [qui] établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché » « alors qu’aucun texte ne lui donne le pouvoir de modifier de sa seule autorité le vocabulaire et la grammaire du français ».

5) Le 5 décembre 2013, dans son discours historique « À la reconquête de la langue française », Madame Hélène Carrère d’Encausse affirme que : « Notre langue rayonne certes sur tous les continents, plus de trois cents millions d’hommes la parlent, mais son destin dans notre pays désespère nos compatriotes qui chaque jour en appellent à l’Académie. La langue française est triplement menacée, disent-ils, par la langue anglaise qui insidieusement la dévore de l’intérieur ; par nos élites qui en font un usage affligeant, enfin et surtout menacée d’être ignorée par les nouvelles générations à qui l’école n’apporte plus les moyens de l’apprendre. Cette déploration mérite examen. » (…)

6) Le 26 octobre 2017, « sous le coup de l’écriture dite inclusive », elle déclarera que «  la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures ».

Le diagnostic du virus mortel d’inversion

C’est au détour d’une phrase que l’Académie est remontée à la racine du désarmement de la langue française en relevant que : « Roland Barthes, qui accusait la langue française d’être oppressive, n’a pas entrevu qu’elle était en voie d’être remplacée par la novlangue dont Orwell a, dans 1984, décrit la logique : réduire le domaine de la pensée en restreignant le vocabulaire, en anesthésiant le sens des mots, en créant des mots et expressions qui oblitèrent le réel. » Mais le virus mortel du franglais orwellien qui dévore le français de l’intérieur, c’est son inversion généralisée du sens, des valeurs et de toute logique superbement comprise, dénoncée et affichée par nos paysans qui en sont réduits à mettre symboliquement leurs panneaux de villages à l’envers.

L’appel esquivé au politique

Forte de son constat de « péril mortel », l’Académie conclura que : « Seule la volonté politique peut rendre à notre langue le respect et l’attention qui lui sont dus et du même coup son autorité et son influence ici et dans le monde. C’est donc vers le chef de l’État, son protecteur depuis le règne de Louis XIV, que l’Académie se tourne pour lui demander solennellement de faire de l’année qui vient l’année de la reconquête de la langue française, et d’abord au sein de l’école qui la porte et la transmet. »

Hélas, pour la première fois de son histoire depuis Richelieu, le protecteur de l’Académie, alors le président Hollande, traitant le « Juge de la langue » par le mépris en manquant à tous ses devoirs, ne daignera pas répondre à ce vibrant appel « A la Reconquête de la langue française » : à « forger les armes d’une vraie reconquête de la langue française » ! Déni qu’aucun média ne releva.

Depuis, bâillonnée sur l’essentiel par le déni de son Protecteur, l’Académie en a été réduite à publier un pathétique « N’ayons pas peur de parler français. « Académie française : le rapport qui alerte ([3]) » qui en dit long sur son effacement. Sa dernière initiative en défense de la langue française n’a eu aucun véritable écho ! Réduite à néant par son protecteur régalien historique, la voix de l’Académie française ne porte plus, car elle n’a plus rien à dire, ni à faire espérer, ni à faire valoir de glorieux.

Le choix de Richelieu ou la Mort !

Réarmer l’intelligence des Français par la langue et réarmer la langue française par l’Académie est donc une question de survie pour « sauver la France de la mort cérébrale » qui la guette dans tous les domaines, comme les Français en font le constat quotidien à l’école, en politique, en économie, en finance, etc.

C’est pourquoi, comme seul linguiste en lice, en toute fidélité à la Mission de Richelieu scellée dans le marbre des Lettres patentes et des statuts de l’Académie, aux appels de Maurice Schumann et d’Hélène Carrère d’Encausse, ainsi qu’aux testaments académiques de Philippe Beaussant et de Jean-Denis Bredin, par mes 12ème, 13ème et 14ème lettres de candidature – popularisées sous forme de Manifeste – j’ai décidé de mettre l’épée dans les reins des Immortels pour qu’ils se déclarent par leur vote une bonne fois pour toute « Pour ou contre » le Choix de Richelieu, ou la Mort de leur propre raison d’être. Ce qui conduirait à la refondation d’une nouvelle Académie, totalement fidèle à la première Académie supprimée en 1794, alors que celle de 1816 toujours en exercice n’a pas été refondée sur les mêmes principes. Ce qui pourrait expliquer sa difficulté à se mettre en ordre de bataille contre une dérive de la langue française déjà dénoncée en vain par l’Académicien La Harpe dès 1794.

Quoi qu’il en soit, voici livrés ici les éclaircissements de base permettant de juger de l’urgence et des moyens de « sauver la France de la mort cérébrale » par le réarmement de la langue et de l’Académie française. Eclaircissements qui peuvent être complétés par la lecture de mon  Manifeste pour une nouvelle Académie, publié aux Editions du Bief et consultable sur mon blogue « Réarmer l’intelligence ». 

A n’en pas douter, c’est dans la perspective de ce moment historique à ne pas manquer que les Français doivent juger des résultats des trois prochaines élections à l’Académie française, des 6 et 13 novembre prochain  qui enverront au monde entier un signal fort sur sa poursuite ou sur sa rupture avec sa politique d’abandon de la mission de défense de la langue française que lui a confiée le cardinal de Richelieu.

Voici donc venue l’heure de vérité pour notre salut, indissociable de celui de notre langue et de l’Académie française  car « L’avenir de la France est inséparable de la gloire de notre langue. » (Hélène Carrère d’Encausse)

                                                                                                          Arnaud Upunski

[1] Cf. Discours du 5 décembre 2013 d’Hélène Carrère d’Encausse.

[2] Cf. « Remise du prix Maurice Allais à Guy Berthault », Echos de Meulan, Yves Maretheu, 6 juin 2018.

[3] Plon, août 2024

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