Connaissez-vous la gestion mentale ?

L’objectif de la conférence, organisée au Collège Mercier Saint-Paul par l’AFC (Associations familiales Catholiques) le 19 mars dernier, était de nous faire comprendre ce qui se cachait derrière ces deux mots et surtout comment apprendre à réussir. La salle était comble et Rozen Tampé, la conférencière, a captivé les participants par son intervention dynamique et éclairante, forte de son expérience de professeur, mère de famille nombreuse puis conseillère et formatrice en pédagogie et méthodologie au sein de la société « Hop dans la tête » qu’elle a fondée. Elle a d’abord présenté le père de la gestion mentale : Antoine de la Garanderie qui s’est attaché à comprendre ce qui permettait à certains jeunes de réussir et a identifié cinq gestes mentaux, qui mettent la pensée en mouvement : l’attention, la mémorisation, la réflexion, la compréhension et l’imagination.

Les gestes mentaux s’appuient sur la perception, l’évocation et le projet. La perception permet le contact avec le monde extérieur, par la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût. L’évocation est ce qui est rangé dans la tête, enrichi par des images, des sons, des histoires que l’on se raconte, … Rozen Tempé a pris l’exemple du mot « batterie » qui peut évoquer l’instrument de musique avec son son, la batterie d’une voiture et surtout le désagréable souvenir de la panne associée ou la batterie de cuisine avec ses écumoires, ses casseroles et l’odeur de la cuisine de notre enfance. Le projet, c’est-à-dire les conditions de la réutilisation, est particulièrement utile pour identifier l’information à mémoriser. Nous avons fait l’expérience de mémoriser un mot écrit en japonais avec l’idée de le restituer, ce qui n’a pas semblé trop compliqué ; par contre, nous étions tous incapables de nous souvenir du graphisme du logo de Coca-cola (faites-en l’expérience) que nous voyons tous les jours sans être dans le projet de le restituer.

Des techniques de mémorisation, pour installer des informations dans sa tête, ont aussi été évoquées : se raconter une histoire pour mémoriser une liste de mots ou visualiser dans sa tête que les mots sont dans une pièce à un endroit précis. Mais on peut aussi, avec des jeunes, leur poser la question : « comment fais-tu pour t’en souvenir ? » ou inciter le jeune à bien voir dans sa tête (un triangle rectangle pour mémoriser le théorème de Pythagore par exemple).

Rozen Tampé a également expliqué comment marchait notre cerveau, qui n’est d’ailleurs complètement développé qu’à 25 ans, avec ses trois zones : le cortex, siège de l’intelligence, de l’apprentissage et de la créativité, le cerveau limbique, siège des émotions et le cerveau reptilien qui gère les fonctions vitales de notre corps, la faim par exemple.

S’appuyant aussi sur un sketch très drôle d’un jeune rentrant de l’école, la recette pour l’aider à faire ses devoirs pourrait être celle-ci :

1. lui donner à goûter (pour satisfaire son cerveau reptilien),
2. dialoguer sur sa journée en reformulant ses états émotionnels (cerveau limbique), de façon à apaiser les tensions et mettre des mots sur son vécu,
3. avant d’ouvrir ses cahiers, lui faire évoquer ce qu’il a retenu de sa journée ou de sa leçon ; pour les plus grands, un schéma heuristique peut aider à consigner ce qui est connu,
4. ouvrir le cahier et faire le lien avec ce qu’il a retenu, faire des allers et retours entre ce qu’il a dans la tête et ce que le professeur demande ; dans le cas où un schéma heuristique a été commencé, on peut alors le compléter,
5. le mettre en situation de restitution de sa leçon, devant sa classe ou sur une feuille blanche.

Dernier petit truc pour éviter l’utilisation trop envahissante des écrans : mettre un minuteur sur le temps alloué, avant de faire les devoirs par exemple et dire : « le minuteur a sonné ! » (c’est le minuteur qui parle) et non pas : « les trente minutes sont passées, maintenant, c’est l’heure de faire tes devoirs ! » (c’est le parent qui intervient).

Chaque participant sera sûrement reparti avec un ou plusieurs points qui le concernait directement. Merci à l’AFC pour cette conférence très intéressante.

Pour plus de renseignements, rendez-vous sur le site « Hop dans la tête » : https://www.hopdanslatete.com

Véronique Schweblin