Heureux les artisans de la paix
Huit siècles avant la naissance de Jésus, le prophète Isaïe annonçait déjà l’avènement parmi les hommes d’un envoyé de Dieu dont la lumière viendrait éclairer le cœur des hommes comme la lumière d’un phare brille dans la nuit pour guider les marins jusqu’au port. Ce Prince-de-la-Paix devait prendre la tête de tout un peuple, un peuple nouveau, composé de toutes les femmes et de tous les hommes de bonne volonté qui, à sa suite, choisiraient d’être artisans de paix, artisans de fraternité, artisans d’unité. Le peuple des bienheureux comme dit l’Evangile selon saint Matthieu, le peuple de ceux que Dieu accueille comme ses fils, le peuple de ceux que Jésus considère comme ses frères.
Cette lumière, il ne faut pas la chercher ailleurs qu’en nous-mêmes. Nous la portons au-dedans de nous comme une petite flamme fragile et vacillante, dans une lanterne à l’apparence bien modeste et dérisoire mais que pourtant rien ne semble pouvoir éteindre et qui apporte tant de réconfort à ceux qui la voient briller. Cette lumière, notre monde en a tant besoin encore aujourd’hui. Nous devons la porter, modestement et pauvrement, au cœur de toutes ces guerres qui ravagent les peuples partout sur la terre, de tous ces conflits qui détruisent couples et familles, quartiers et villes entières, parfois à nos portes ou sous nos yeux.
Peut-être serons-nous tentés de penser que cela ne servira à rien, que tout est déjà bien trop avancé pour que notre action change quoi que ce soit, et pourtant. Celui en qui nous avons mis notre Foi et toute notre Espérance, c’est celui que le doute et le désespoir n’ont su anéantir, celui dont même le tombeau n’a su être vainqueur, celui à qui même la mort n’a pu résister. Alors, comment rester sourds aux cris de notre monde, comment garder cachée dans notre maison cette lumière de l’Espérance que Dieu nous a confiée pour que, accrochée devant chacune de nos maisons, elle indique au voyageur qui passe devant, un lieu où il pourra trouver refuge et réconfort dans sa nuit.
A nous d’être inventifs et courageux pour garder toujours ouverte la porte de notre cœur et accepter d’y accueillir celui qui voudra bien en franchir le seuil comme un envoyé de Dieu, un frère à aimer et avec qui construire un monde plus juste et fraternel.
Père Eric Duverdier