L’Angelus, prière millénaire de l’annonce du Salut

L’Angelus est une prière instituée par le pape Urbain II en 1095 afin que les chrétiens prient pour ceux qui, au cours de la première croisade (1095 – 1099), étaient partis aider les Byzantins à reprendre Jérusalem conquise par les Musulmans en 1087. En 1472, Louis XI, roi de France, proposa de la réciter matin, midi et soir. Les cloches des églises tintaient puis carillonnaient pour appeler les fidèles à cette prière.

Sa pratique s’est généralisée dans le monde chrétien ; elle est tombée en désuétude au XVIIIe siècle, avant que les papes contemporains tentent de lui redonner usage. En quoi consiste-t-elle ?

Elle comprend trois invocations, entre lesquelles s’insèrent trois récitations du « Je vous salue Marie » et finit avec deux supplications ; ci-dessous un schéma de son déroulé :

Invocation 1 : « L’Ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie ; elle conçut du Saint Esprit ».

Invocation 2 : « Voici la Servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».

Invocation 3 : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».

Suivent la première supplication : « Priez pour nous, sainte mère de Dieu, afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ » et la deuxième supplication : « Que ta grâce Seigneur se répande en nos cœurs ; par le message de l’Ange tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien aimé : conduis-nous, par sa passion et par sa croix, jusqu’à la gloire de la résurrection ».

Sont donc réunis, dans une prière qui dure deux minutes à peine, le « noyau dur » de notre foi : d’abord, l’annonce par l’ange Gabriel à Marie qu’elle concevra de manière virginale le Sauveur de l’humanité. Puis elle reprend l’acceptation de Marie (deuxième invocation), ce « oui » donné à Dieu. Enfin et c’est l’objet de la troisième invocation, est énoncée l’incarnation, (la naissance du Fils de Dieu fait Homme), dénommée le « Verbe », c’est-à-dire la parole du Seigneur.

Ces trois invocations écrites au passé sont extraites de l’évangile : saint Luc, chap. 1 (les deux premières), saint Jean chap. 1 vs 14 (la troisième). Les supplications 1 et 2 écrites au présent sont spécifiques à cette prière.

Que signifient-elles aux chrétiens qui récitent cette prière ?

La première invocation récite l’annonciation portée par un ange Gabriel, apparu de la part du Seigneur à Marie, qu’elle va mettre au monde un Fils. Marie, jeune fiancée non encore mariée, reçoit en elle cet enfant conçu par le Saint Esprit. Le père terrestre, Joseph, promis en mariage à Marie, ne sera pas un père charnel mais un père nourricier qui l’éduquera. En récitant cette invocation, nous sommes invités à remercier, et à imiter Marie dans cette attitude d’acceptation. La suite de cette initiative de Dieu sera une extraordinaire rencontre entre l’humanité et son Sauveur : le « Dieu Emmanuel » va prendre place dans notre histoire et nous remercions Marie d’avoir accepté de collaborer au plan de salut de Dieu.

La deuxième invocation est réponse de Marie au Seigneur : « Je suis sa servante, que sa parole se réalise, que je sois instrument de son projet de salut ». En nous appropriant ces paroles, nous rendons hommage et remercions Marie qui a accepté de donner naissance à un fils, qui sera reconnu comme Fils de Dieu. Nous aussi, chacun d’entre nous, sommes invités à faire advenir Jésus dans notre monde. Nous sommes invités à le porter dans notre cœur afin de le faire connaître, de lui donner place dans notre monde par notre vie qui sera vie de serviteur. Ces deux premières invocations nous invitent à nous mettre à l’école de Marie. Bien que rédigées au passé, elles s’actualisent dans notre vie présente.

Et la troisième invocation nous donne les fruits de cette incarnation : cet enfant, humain et Fils de Dieu, est Verbe, c’est-à-dire qu’il est Parole, concrète, visible, accessible, venue en Israël. Qu’en résulte-t-il concrètement pour nous ? Est-ce qu’elle s’actualise comme les deux premières et comment ? Oui, le Verbe est parmi nous ; Jésus nous l’a enseigné : « lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20). C’est donc à nous désormais qu’il appartient de faire percevoir, sentir par nos proches cette parole incarnée ; c’est à nous qu’il appartient de diffuser, porter, annoncer l’évangile des trois manières décrites dans la prière : à la fois par notre accueil du projet de Dieu (première invocation) par nos vies de serviteur de Dieu (deuxième invocation) et par l’annonce de la parole (troisième invocation).

Triple attitude de foi, de service et d’annonce : Marie nous pousse à la mission.

Il nous reste à examiner comment les deux supplications finales nous aident à actualiser les trois invocations que nous venons d’examiner.

Antoine Clave

 

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