Les prix Nobel : une histoire qui dynamite !
Alfred Bernhard Nobel, troisième fils d’un inventeur peu doué, nait en 1833 à Stockholm. Il s’intéresse très jeune à la science et à la chimie. Diplômé après des études à Saint Pétersbourg et aux Etats-Unis, il se forme auprès des plus grands inventeurs suédois et parcourt l’Europe pour parfaire ses connaissances. De retour en URSS dans l’entreprise familiale d’armements qui fera faillite en 1888, il repart aux Etats-Unis et travaille à ses premières expériences scientifiques sur la stabilisation de la nitroglycérine. En 1867, en Suède, il met au point la dynamite, découverte malheureusement entachée par la mort de son dernier frère et de quatre employés dans l’explosion de son laboratoire.
Grâce à cette invention, le jeune chimiste fait fortune et développe plus de quatre-vingts usines de fabrication d’explosifs partout dans le monde. Il disparait le 10 décembre 1896 à San Remo en Italie ; sa fortune était estimée alors à plus de 104 millions de dollars actuels.
La volonté d’Alfred Nobel
Profondément affecté par la piètre image que les médias lui prêtent à cause de sa découverte potentiellement mortelle, Alfred, ne s’étant jamais marié et n’ayant pas d’enfant, décide de redorer son image en léguant sa fortune à un dessein honorable. Dans son testament rédigé il y a cent vingt ans, le 27 novembre 1895, il souhaite la création d’une fondation qui se chargera de décerner des prix annuels à des personnes, sans considération de nationalité, œuvrant pour l’humanité dans cinq domaines : chimie, physique, littérature, médecine et paix. La Fondation Nobel voit le jour le 29 juin 1900. Elle gère l’exécution des dernières volontés du testateur, contrôle le respect des règles dans la désignation des lauréats et vérifie le bon déroulement de leur élection.
La première cérémonie eut lieu cinq ans après la mort de son fondateur le 10 décembre 1901 à Stockholm. Chaque année à la même date, les prix sont remis par le roi de Suède, hormis le prix Nobel de la Paix remis à Oslo depuis 1905 par le roi de Norvège. Avant cette date, la Suède et la Norvège relevaient de la même couronne ; c’est à compter de la séparation de ces deux nations que cette répartition des prix Nobel entre les deux pays fut arrêtée.
Attribution et montant du prix
Pas moins de sept cent quatre vingt-dix prix Nobel ont été décernés, majoritairement à des hommes. Dans chaque discipline, les propositions de nominations sont élaguées en début d’année par un comité spécial de cinq académiciens élus pour trois ans. Avant l’été, ceux-ci fixent une liste finale de cinq noms ou groupes de noms. Le lauréat est élu en clôture des débats début octobre.
Le prix ne peut être remis à titre posthume sauf si le récipiendaire meurt avant de le recevoir. Il n’y a aucune limite d’âge pour mériter ce prix, il ne peut être co-décerné à plus de trois lauréats et une institution peut également se voir attribuer cette récompense.
L’organisation et le montant du prix sont financés par les revenus provenant du legs d’Alfred Nobel, son patrimoine étant placé en actions de « père de famille ».
Les lauréats de chaque prix se partagent un montant de huit millions de Couronnes suédoises (environ 880 000 €) qui leur permet surtout de continuer leurs recherches ou travaux sans subir de pressions financières.
Certains lauréats ont reçu plusieurs fois le prix Nobel comme :
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le Comité international de la Croix-Rouge, Nobel de la paix 1917, 1944 et 1963,
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Marie Curie, Nobel de physique 1903 (avec son mari Pierre) et de chimie 1911,
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le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, Nobel de la Paix 1954 et 1981…
A noter certains refus ou incapacités comme en 1938 et 1939 où le gouvernement d’Allemagne n’a pas permis aux trois lauréats allemands d’accepter leurs prix de chimie (1938 et 1939) et de physique (1939). En 1964, Jean-Paul Sartre refuse le prix de littérature comme il avait toujours refusé tous les honneurs officiels dans le passé. En 2010, Liu Xiaobo n’a pu recevoir le Nobel de la paix car il était emprisonné par les autorités chinoises…
1935 : Nouveau prix Nobel dans la famille Curie
Il y a quatre vingt ans, le prix Nobel de chimie était attribué à Irène Joliot-Curie (1897–1956) avec son époux Frédéric (1900-1958) pour leurs travaux en radioactivité artificielle. La mise en évidence et l’étude de ce phénomène est un pas important vers la découverte de la fission nucléaire. Comme sa mère Marie Curie décédée en 1934, Irène mourut d’une leucémie résultant d’une surexposition aux rayonnements radioactifs au cours de son travail.