Sainte Avoye
Notre nouveau centre paroissial est placé sous le patronyme de sainte Avoye : qui donc fut-elle ? Dans le numéro 630 des Echos de Meulan, Bruno Gonin évoquait cette sainte martyre du IIIe siècle, qui aurait accosté en Armorique dans une nacelle de pierre voguant sur les flots ; cet esquif, connu sous le nom de bateau de sainte Avoye, se trouve dans la chapelle du XVIe siècle qui lui est dédiée, à Pluneret, dans le Morbihan.
Quelque peu oubliée maintenant d’autant que les faits de son existence relèvent surtout de la légende, sainte Avoye (ou Avé, Aure, Aurée selon les lieux) est considérée, dit Dom Lobineau, moine et historien breton du XVIIe siècle, comme une compagne de sainte Ursule. Des jésuites du XVIIe siècle précisent qu’Avoye est née en Sicile au début du IIIe siècle, d’un père sicilien nommé Quintien, idolâtre et d’une mère baptisée originaire de Bretagne, nommée Gérasine. Avoye a huit frères et sœurs. La maman réussit à convertir son époux à la religion chrétienne. Avoye, cependant, surpasse tous les autres enfants par sa ferveur ! Elle est aussi la plus belle, d’une beauté qui touche à la perfection. Or dès son jeune âge, elle décide de se consacrer à Dieu. Dans sa candeur, elle le prie de la rendre laide afin de l’aider à rester fidèle à son vœu. Comme cette prière ne reçoit pas l’agrément du ciel, elle envisage de vivre cachée, hors du monde mais à la mort de son père, sa mère veut la marier avec un petit roi de Grande-Bretagne auquel elle se refusera. Et c’est durant ce voyage que les Huns massacrèrent sainte Ursule et tant d’autres. Avoye en sortit saine et sauve, et s’enfuit solitaire dans la région de Boulogne. Mais là, elle fut captive d’un chef barbare qui voulut la prendre pour épouse ; enfermée dans une tour crénelée, elle fut alimentée de pain et d’eau par un ange qui la secourait par l’ouverture grillagée.
Un quartier du IIIe arrondissement de Paris porte le nom de sainte Avoye : en effet, Jean Sequence, curé de Saint-Merri, acheta en 1288 une maison d’accueil pour des femmes pauvres et veuves, qui fut placée sous le patronage de sainte Avoye, avant de devenir en 1622 le couvent des Ursulines. Dans les Yvelines, sainte Avoye est la seconde patronne de Saint Rémy-lès-Cheveuse ; elle y a une statue dans l’église et les restes d’une chapelle dans le parc de la mairie.
Dans son ouvrage « Histoire du canton de Meulan », comprenant l’historique de ses vingt communes depuis les origines jusqu’à nos jours, Edmond Bories, historien du XIXe siècle, relate un épisode de la période révolutionnaire où fut envisagée la destruction de la chapelle Sainte-Avoye de Meulan, heureusement jamais exécutée. « Bâtie dans le roc, parmi la verdure, cette petite chapelle fut pendant des siècles le but d’un pèlerinage. » Ainsi, notre région est riche de plusieurs figures de la foi ; en plus de sainte Avoye, plusieurs évangélisateurs furent envoyés en Gaule ; parmi eux, l’évêque Nicaise, le prêtre Quirin et le diacre Scuricule séjournèrent dans la vallée de la Seine à Vaux (cf l’article de Daniel Weugue dans le numéro 610 des Echos de Meulan). On invoque sainte Avoye pour les pécheurs endurcis, pour la protection des petits enfants et aussi pour les enfants qui tardent à marcher ou à parler.
Puisse le patronage de sainte Avoye guider et protéger tous ceux qui seront accueillis dans ce centre paroissial, des adultes jusqu’aux plus petits.
Eric Le Scanff