Une autre approche sur la communication

Ecoute, prête l’oreille de ton cœur (prologue de la règle de saint Benoit)

« Nous avons de plus en plus de moyens de communication, et pourtant nous communiquons de plus en plus mal, et nous sommes de plus en plus seuls… ». Comme vous, j’ai entendu ces réflexions-là ; souvent j’ai regardé, médusé, des débats télévisés où le but était clairement d’écraser l’autre… Et que dire de la violence des confrontations dans les réseaux sociaux ! Je vous propose quelques pistes pouvant contribuer à une communication plus harmonieuse et plus satisfaisante pour tous. Pour cela, je m’appuie sur la sagesse millénaire de la Bible et sur des propos de saint Ignace de Loyola recueillis dans ses exercices spirituels.

Cinq moyens de communication : l’écoute, la parole, le corps, l’écriture et l’action.

  • L’écoute : la communication ne se limite pas à un échange de paroles ; la véritable écoute consiste à recevoir et à accepter le message tel qu’il est donné, en cherchant à le comprendre. Ecouter est donc une attitude active : elle reformule, elle aide le vis-à-vis à aller jusqu’au bout de sa pensée.

L’écoute est un défi : il convient de dépasser tous ces comportements qui empêchent de vraiment écouter l’autre. Jésus disait souvent : « Ecoutez bien si vous avez des oreilles pour entendre ». Et l’apôtre Jacques conseillait : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère ». (Jacques 1.19) ; quant à saint Ignace : « nous devons être lents à parler et patients dans l’écoute de tous… Nos oreilles doivent être grandes ouvertes à notre voisin jusqu’à ce qu’il semble avoir dit tout ce qu’il a en tête ». Un adage contemporain développe ces paroles : « Le plus grand problème de communication est que nous n’écoutons pas pour comprendre, nous écoutons pour répondre ».

  • La parole : les paroles peuvent bénir, blesser, encourager ou condamner. « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Matthieu 12.34-37), et cela s’exprime dans nos mots, le ton de notre voix et jusque dans nos silences. Que de mots sont en nous les signes d’automatismes qui ne prennent pas en compte la réalité de l’autre et veulent imposer notre opinion à tout prix.
  • Le corps : notre corps participe activement à notre communication (gros yeux, sourcils froncés, index pointé, mains sur les hanches, bras croisés sur la poitrine, poing levé, …) ; il exprime aussi l’amour, la tendresse, la compassion ou la passion, par les gestes, les caresses ou les baisers. Voyons les gestes de Jésus : ses mains touchent les lépreux (Matthieu 8.3), bénissent les enfants ( 19.13-15), lavent les pieds des disciples (Jean 13.5). Et les regards de Jésus : celui qu’il pose sur le jeune homme riche (Marc 10.21), ou sur Pierre quand le coq chante (Luc 22.61).
  • L’écriture : elle permet une communication plus profonde, plus riche de sens. Au petit matin, découvrir à son couvert un petit mot : « bon courage pour ta journée », ou sur le volant un « je t’aime », quel bonheur ! Dans une situation conflictuelle, s’écrire ce que l’on ressent, ce que l’on pense, une explication, un mot de regret ou de tendresse, peuvent changer la perception que l’on a de l’autre et des événements qui sont survenus.
  • L’action : mettre nos actes en cohérence avec nos paroles donne à ces dernières plus de poids. C’est par de nombreux petits gestes simples que l’on peut communiquer aux autres des sentiments positifs et des certitudes sur nos pensées. Est-ce que je passe plus de temps dans mes engagements extérieurs qu’à offrir une vraie présence à mes proches ? Est-ce que je leur manifeste de temps en temps une attention spéciale, vou leur offre parfois un petit cadeau ? Dire : « Je t’ai compris, j’ai remarqué, j’ai apprécié…je suis sensible à ce que tu fais » contribue à développer un climat d’amour, d’amitié, de fraternité et de respect. « Usez de prévenances réciproques » nous dit Paul (Romains 12.10).
  • Jésus parle de la portée de nos actions : « j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’ai eu soif… ». Quelle valeur accorde-t-il à ces humbles actions : « C’est à moi que vous les avez faites ! » (Matthieu 25.31-46)

Dieu nous a créés pour la relation : celle-ci implique de la transparence, de renoncer à l’hypocrisie et à la dissimulation. Paul nous appelle à vivre le pardon quotidien ; ainsi pourrons-nous éviter l’amertume, l’irritation, la colère, les éclats de voix et les injures (Ephésiens 4.26-31). Endormons-nous en paix avec Dieu et notre conjoint, nos enfants, nos amis, nos collègues et le lendemain sera plus beau.

Une bonne communication implique aussi de la clairvoyance : être capable de pénétrer -avec délicatesse- dans l’univers de l’autre, de comprendre ses pensées, ses sentiments, le sens de ses attitudes, de ses actions, la nature réelle de ses attentes et de ses besoins.

Et du respect : saint Ignace a vu Dieu en toutes choses et en tous les hommes : il a rappelé à ses disciples que tous les hommes sont faits à l’image et à la ressemblance de Dieu et que Dieu habite en chacun de nous. En tant que tel, le respect mutuel est un élément non négociable de la communication.

Eric Le Scanff

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