Une beauté en Val de Loire
Chambord, Chenonceau, Blois, Amboise, Cheverny, … Ah ! Les magnifiques châteaux du Val de Loire si chers au cœur des souverains dès le XVe siècle et dont l’architecture reflète une transition remarquable entre le Moyen-âge et la Renaissance ! Situé en Indre et Loire, Azay-le-Rideau est considéré comme l’un des fleurons de l’architecture de cette période. Il vient d’être entièrement restauré et a fêté ses cinq cents ans.
Avant ce demi millénaire, un premier château médiéval aux épaisses murailles, tours de guet et douves profondes, se dressait à cet endroit. Il fut construit aux alentours de 1119 par Hugues-le-Ridel d’Azay, l’un des premiers seigneurs du lieu, chevalier de Philippe-Auguste. Cette forteresse défensive était censée protéger la route entre Tours et Chinon. Elle fut incendiée par le dauphin, futur Charles VII, en 1418 lors de l’invasion de la Touraine par le duc de Bourgogne.
A la suite de la conquête du Milanais au début de son règne, François Ier se passionne pour la Renaissance italienne qu’il introduit en France. Adieu les forteresses défensives ! Les fenêtres s’agrandissent, les escaliers en colimaçon cèdent la place à de majestueux escaliers droits et les façades s’ornent de sculptures élaborées. La cour des rois de France va alors s’installer dans le Val de Loire. Loin des tumultes de Paris, les bords du fleuve sont agréables et chers au cœur des souverains qui vont pouvoir s’adonner en sécurité à leur passion de la chasse.
Suivant l’exemple de ce roi mécène et protecteur des arts et lettres, plusieurs grands financiers dont Gilles Berthelot, trésorier du royaume à qui l’on doit le château d’Azay-le-Rideau, font à leur tour édifier de magnifiques demeures. A cette époque, la construction est entourée par deux bras de l’Indre. Il n’existe pas de parc autour du château, mais un jardin clos que l’on contemple depuis les fenêtres des appartements.
Au fil des siècles, le parc et l’édifice s’agrandissent au gré des différents propriétaires jusqu’à atteindre aujourd’hui la superficie de sept hectares. A la Révolution, le marquis Charles de Biencourt en est le propriétaire. Maréchal des camps et armées du roi, député de la noblesse aux Etats Généraux de 1789 puis à la Constituante, il est favorable aux idées nouvelles ; de ce fait le château échappe à la destruction.
Si ses deux ailes sont élevées dans les premières années du XVIe siècle, c’est au XIXe que le monument prend la forme que nous connaissons aujourd’hui. En arrivant au château, on est émerveillé par la beauté de son logis et son remarquable escalier d’honneur à l’italienne, véritable prouesse architecturale installée au centre de la façade taillée comme de la dentelle, desservant trois étages. De multiples emblèmes comme la salamandre de François Ier et l’hermine de la reine Claude sa première épouse, y sont sculptés pour l’éternité. Les intérieurs sont tout aussi remarquables ! Les appartements d’une famille bourgeoise du XIXe ont été reconstitués tandis que les salons d’apparat et les chambres à coucher sont dotés d’un mobilier très élégant. On peut aussi y admirer des tapisseries des XVIIe et XVIIIe siècles dans une multitude de pièces de l’édifice.
Le parc tracé au cours du XIXe siècle invite à la contemplation de l’édifice sous toutes ses faces. Au sud et à l’ouest, les jardins sont munis de deux miroirs d’eau : héritage symbolique des anciennes douves. Ces miroirs ont été conçus en 1950 par l’architecte des Monuments historiques en agrandissant le bras de la rivière de manière que l’eau entoure les fondations, permettant ainsi d’observer le reflet des façades. Des arbres les plus variés sont plantés en bordure de l’eau. Parmi les platanes traditionnels, figurent des essences lointaines et exotiques tels que le cèdre du Liban ou de l’Atlas, le cyprès chauve d’Amérique, le séquoia, le févier ou le ginkgo-biloba d’Extrême-Orient. Le reste du jardin est une invitation à la détente et à la quiétude où l’on peut admirer le château sous toutes ses coutures.
A la fin du XIXe siècle, le château passe entre les mains de plusieurs propriétaires avant d’être finalement acheté par l’Etat en 1905. Il est aujourd’hui géré et ouvert à la visite par le centre des monuments nationaux et est classé aux Monuments historiques depuis le 18 avril 1914.
Ce petit palais est un des plus réputés du Val de Loire. Balzac le décrivait ainsi : « Le château d’Azay-le-Rideau est un diamant à facettes serti par l’Indre » ! Il n’y a rien à rajouter !
Geneviève Forget